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La classe ouvrière et ses alliés

Partisan N°243 - Décembre 2010

Si nous attachons de l’importance la production, c’est que le matérialisme historique lui donne un rôe déterminant, en dernier ressort, dans le développement historique des sociétés. Ce qui est déterminant, c’est le rapport au capital, c’est la place dans les rapports de production.

Il y a environ 6 millions d’ouvrier(e)s en France. En tant que productrice de plus-value, la classe ouvrière est au coeur de la contradiction du capitalisme : production sociale d’un côté, appropriation privée de l’autre. Etant tout en bas de la division sociale du travail, c’est la classe ouvrière qui a le plus intérêt à développer la solidarité au-delà des frontières. Elle est aussi la plus apte à s’approprier la théorie révolutionnaire marxiste. La classe ouvrière de la grande industrie est aussi, de par son expérience, la plus apte à développer les coopérations requises pour la révolution et pour le développement de nouveaux rapports sociaux. Mais cette condition économique à elle seule ne suffit pas assurer la conscience des intérêts historiques de classe.

Quels sont les alliés de la classe ouvrière ?

Les alliances ne peuvent se nouer que sur la base de l’activité des classes.
Les couches non ouvrières du prolétariat, les exploités hors du service productif, sont les premiers alliés de la classe ouvrière. Ils sont prolétaires car ils se trouvent face à un capitaliste, dans les mêmes conditions que les ouvriers. Cela leur permet de saisir que leur intérêt passe par le renversement du système capitaliste. Le terme « quasi ouvriers » serait le plus conforme à ce que nous y mettons. Le chômage et la précarité tendent des passerelles entre des emplois ouvriers et des emplois « quasi-ouvriers ». Par exemple, les hôtesses de caisse dans un hypermarché, avec leurs gestes répétitifs, les rendements à l’heure, ont l’impression de travailler la chaîne. Elles sont souvent filles, soeurs, femmes d’ouvriers.

La petite bourgeoisie

Les marxistes-léninistes considèrent la petite-bourgeoisie comme instable politiquement et soumise une bipolarisation par l’impérialisme : aspiration des couches supérieures vers la bourgeoisie, abaissement des conditions de vie des couches inférieures vers celles de la classe ouvrière.
La petite-bourgeoisie au sens strict bénéficie d’une rétrocession de plus-value qui lui permet d’accumuler des biens. Elle a souvent un rôle hiérarchique, la responsabilité d’une petite partie du capital, matériel, ou intellectuel. Ces définitions économiques précises permettent de déterminer les positions à l’égard du système impérialiste, de la classe ouvrière et de la révolution. Même si dans la réalité les frontières sont floues, si l’idéologie joue son rôle propre, et si l’attitude dans la lutte des classes est finalement la seule chose qui compte.

L’aristocratie ouvrière

L’origine de l’aristocratie ouvrière, l’achat d’une couche d’ouvriers au moyen des sur-profits impérialistes, est intimement liée l’impérialisme. L’impérialisme renforce toutes les inégalités, en particulier entre les ouvriers. Les monopoles, par la masse des capitaux qu’ils mobilisent, ont besoin et ont les moyens de planifier les conditions de leurs productions. Et pour cela d’acheter la paix sociale dans les secteurs ou les postes les plus névralgiques, un moment donné : la presse, les dockers, la maintenance dans les entreprises, etc. L’idéologie de l’aristocratie ouvrière nourrit le réformisme et le chauvinisme des syndicats.

Les transformations de la classe ouvrière

Les crises du capitalisme, les tentatives de la bourgeoisie de rétablir son taux de profit, en restructurant, en délocalisant, en sous-traitant, ont transformé le visage de la classe ouvrière, que ce soit en France et dans les autres pays impérialistes. Dans les années 1950-60, le travail ouvrier était marqué par des tâches similaires, et par peu d’individualité. Au cours des années 1980/90, de nouvelles politiques patronales ont été mises en place, permettant d’individualiser les rôles, de développer la flexibilité et la précarité, balayer des acquis, faire passer l’idéologie que « l’on peut s’en sortir par soi-même ». Les bastions ouvriers (mines, textile, métallurgie) ont été mis en pièces, la misère est institutionnalisée. Le sentiment d’appartenir un collectif s’affaiblit entraînant le développement de l’individualisme ; la classe ouvrière est un bloc de moins en moins homogène, du fait notamment de l’influence hégémonique des médias bourgeois qui imposent des modèles sociaux petits-bourgeois.
L’arrivée des bacs pros, et maintenant des BTS, a contribué à dévaloriser ceux qui avaient appris sur les tas. Le contenu du travail ouvrier a lui-même changé (comme le travail de réglage), les positions des techniciens se sont rapprochées de celles des ouvriers. La lutte de classe continue, et on le voit, c’est le capital qui est le plus offensif dans cette lutte de classe. Les classes « existent » dans la lutte de classe, elles agissent en tant que classe avec un point de vue historique propre, en tant que classe « pour soi », disent les marxistes.
Si l’ouvrier a disparu de la littérature et de la télévision, les sentiments de camaraderie et de solidarités perdurent, des jeunes ouvriers arrivent et sortent dans leur entreprise en tenue de travail, alors que cela avait disparu. On voit s’impliquer des ouvriers sans-papiers dans la lutte de classe, ainsi qu’une continuité de la lutte dans les entreprises. Avec la mondialisation impérialiste, la classe ouvrière est la classe qui augmente le plus au niveau mondial, ce qui développe aussi chez les ouvriers les plus avancés un intérêt accru à avoir une vision internationale.