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Hôpital de Saint-Denis : grève à la maternité
Partisan N°249 - été 2011
Partisan : Vous êtes en grève alors que la maternité de l’hôpital s’agrandit, comment ça a commencé ?
La direction nous a convoqués en mars pour nous dire qu’on allait emménager dans la maternité neuve et qu’il faudrait travailler « en cocooning » pour mieux s’occuper des mamans, mais que le budget étant serré, il fallait supprimer des postes et introduire la flexibilité.
Comment le personnel a engagé sa lutte ?
Comme la direction a annoncé la suppression d’un tiers du personnel (6 postes en moins) , et la polyvalence pour certaines catégories (les auxiliaires). Le personnel a décidé de lister les manques dans les services, de mener une enquête directe. Il en ressort, par exemple, qu’aux urgences la nuit, il n’y a pas d’infirmière en maternité !
Quels sont les projets de la direction ?
Ne pas embaucher de personnel, jouer sur la polyvalence, réduire les temps de pause, développer le flicage du personnel...
La direction veut prouver que tout cela est possible en faisant des « groupes de travail » par catégorie. Les délégués ont répondu qu’on travaille en équipe sur un étage, pas de raison de se réunir par catégorie. La direction a remis ça sur le tapis et on a imposé d’être tous ensemble.
Le groupe qui a rencontré la direction au niveau d’un étage a été écœuré et les autres ont refusé d’aller à ces rencontres malgré les pressions hiérarchiques. Finalement, l’enquête a débouché sur la décision de faire grève.
Quelles sont les conséquences de la réorganisation pour le personnel ?
La première chose, c’est que le personnel sera insuffisant. Au minimum, comme les week-ends, il y aura donc surmenage, peur de passer à côté de quelque chose d’important, au point qu’en rentrant chez soi, on n’est pas en repos. La polyvalence nous amènera à ne pas respecter le circuit « propre et sale ». On fera successivement le ménage, les plateaux repas, le soin aux bébés et aux mères. Et tout ça en courant sans savoir si on pourra prendre la pause.
Il faut dire qu’on travaille dans de mauvaises conditions matérielles : pas de lave-vaisselle par exemple !
Quelles seront les conséquences pour les patientes ?
Tous les soins et le suivi des mères seront plus difficiles. Par exemple au lever de l’accouchée, il n’y aura plus qu’une seule personne. Que faire en cas de malaise ? Les règles d’hygiène seront moins respectées. S’il y a moins d’auxiliaires, on aura du mal à aider les femmes à mettre l’allaitement en route. La direction avance l’argument de la « chambre seule », mais si l’hygiène ne peut pas être assurée faute de personnel, c’est grave.
Quel est le rôle des syndicats ?
On fonctionne en intersyndicale. C’est grâce à la bataille de SUD qui a impulsé et les autres ont suivi.
Avez-vous le soutien de la population ?
On a le souci d’informer la population. On veut élargir la grève, aller vers un collectif de soutien, parce que les gens vont en pâtir : des journées d’initiatives ouvertes en direction des patients, se rendre visibles au-dehors , dans l’hôpital ; des tracts sur le marché, une pétition, une caisse de grève.
Et un lien va être fait avec le collectif santé sur la ville.
Pourquoi cette réforme ?
Dans le prolongement du plan hôpital 2007, il s’agit d’assurer la rentabilité des actes et des services : une vision productiviste, même de la maternité !
On peut imaginer la suite, comme dans l’Education : moins de personnel, un service qui se dégrade, donc une incitation à la privatisation du secteur.
Pour conclure : La direction ne nous parle que d’argent et de profit, le personnel voit les besoins humains : du personnel compétent, pas au rabais. Nous ne voulons pas de bébés à la chaîne !