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La crise, bientôt en Chine ?

L’économie mondiale forme un réseau interdépendant. Quand un pays éternue, un autre s’enrhume.

 

Avec la crise en Europe et en Amérique du nord, les pays impérialistes occidentaux importent moins de produits fabriqués en Chine. Du coup, les exportations de ce pays ont fortement diminuées ces derniers mois, y provoquant la hausse du chômage technique, voir la faillite de certaines entreprises. Les entreprises chinoises ne profitent pas vraiment de la crise : elles sont sous-traitantes des grands groupes industriels occidentaux. Donc quand ces derniers ont des difficultés, elles aussi. En 2008, l’État chinois avait lancé un plan de relance en finançant de grands travaux, mais cela serait plus difficile aujourd’hui, car cela signifierait encourager l’inflation monétaire qui est déjà trop forte au goût du gouvernement chinois. Et toute la production industrielle chinoise ne peut être écoulée sur le marché intérieur chinois, dont le « pouvoir d’achat » est encore très faible.

Une économie très dépendante

La puissance économique chinoise est limitée par le fait que, si elle produit beaucoup, elle ne commande en fait pas grand chose. Ses exportations se font en très grande majorité au profit de groupes occidentaux qui y ont délocalisé leur production. Elle a pu grâce à ses exportations accumuler d’importantes réserves de change, comme le rappellent les médias. Avec ces réserves, elle a acheté une partie importante de la dette des USA, les fameux « bonds du Trésor ». Seulement, cette dette est en dollars, et les USA en contrôlent donc la valeur réelle ; il leur suffit de dévaluer leur monnaie pour que sa valeur diminue. D’où, ces derniers temps, les déclarations assez brutales du gouvernement chinois qui met en garde contre toute dévaluation du dollar : il a peur de se faire avoir.
De façon plus générale, l’économie chinoise a sur-accumulé du capital, et ne sait plus quoi en faire. D’où, depuis des années, les énormes investissements dans l’immobilier pour en faire quelque chose, investissements qui se révèlent aujourd’hui en grande partie inutiles (comme en Espagne) puisque les classes moyennes chinoises sont encore trop faibles pour pouvoir occuper tous les appartements et remplir tous les centres commerciaux construits. Dans le capitalisme, la puissance économique s’acquiert par l’investissement dans la production, il ne suffit pas d’accumuler de l’argent.

Une crise inévitable

A plus long terme, le capitalisme chinois doit lui aussi se résoudre aux délocalisations. Du fait de la lutte de classe croissante, les patrons et le gouvernement ont dû, depuis deux ans, concéder des hausses de salaires. Et la main-d’œuvre chinoise commence à être déjà trop chère dans certains secteurs comme le textile, dont la production commence à être délocalisée dans d’autres pays d’Asie encore peu développés, comme le Bangladesh.
On le voit, rien ne dure indéfiniment, et la « formidable » croissance économique chinoise connaîtra elle aussi, un jour, une crise, dont on commence à voir les prémisses ; c’est la loi du capitalisme. Les cycles d’alternance entre croissance et crise sont de plus en plus rapides et de plus importants, c’est vrai aussi pour la Chine. Dans ce pays, pas plus qu’ailleurs, le capitalisme ne montrera sa viabilité. Alors, la seule perspective est-elle un avenir d’exploitation renforcée et de misère, de tension entre grandes puissances et de guerre ?

 

Axel

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