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On rejoue 81 ?

Partisan N°252 - Décembre 2011

Il faut nationaliser les banques et créer un pôle bancaire unique, nous disent le Front de Gauche, le NPA, LO et d’autres. Mais les nationalisations des banques en 1981, ça avait donné quoi ?
Reprendre le programme de gouvernement PC-PS de ces années-là, est-ce vraiment le bon chemin pour changer cette société ? Ou alors, ne s’agit-il pas d’un glissement à droite de ces organisations, révolutionnaires en paroles, réformistes en fait ?

Mai 81, l’euphorie

La Gauche avait gagné, Mitterrand était au pouvoir. Il avait dit : « L’argent tue, l’argent pollue », il avait dénoncé le « mur de l’argent », comme dans les années 30 la Gauche dénonçait les 200 familles. Pierre Mauroy, son premier ministre, lance les nationalisations des banques et de certaines industries. C’était l’État contre le marché, la vengeance des petits contre les gros ! Mais l’ère Reagan et Thatcher commence, le système bancaire français est regardé dans le monde, il y a des tensions au PS, Delors remplace Mauroy. En 1983, c’est le tournant de la rigueur et la conversion définitive du PS au réalisme capitaliste. En 1987, ce sont les privatisations. Bilan : nationalisations comme privatisations devaient relancer la croissance et l’emploi, mais les ouvriers n’ont rien vu de cela. Le « mur de l’argent » avait des racines dans tous les pays et pas seulement en France. Depuis Lénine, on sait pourtant que l’impérialisme règne sur la planète.

Que doit-on faire ?

Une chose est certaine, l’État agit, contrairement à ce que nous disait le PS il n’y a pas si longtemps. Mais il agit pour sauver le capitalisme. Il a recapitalisé les banques, ce qui équivaut à une nationalisation sans contrôle. Ces recapitalisations augmenteront les dettes des États, qui nous les feront payer. Doit-on séparer les activités de dépôts (particuliers, entreprises) et celles liées aux marchés financiers, comme le demandent des réformistes « radicaux » ? Quelle banque voudrait se priver des marchés financiers internationaux, risqués mais juteux ? Comment faire le tri entre dépôt et marché ? Et puis ceux qui géreront les banques le feront toujours pour les intérêts de leurs actionnaires.
Pour vaincre la crise, il faut changer ce système d’exploitation et de misère. Le bon levier, ce n’est pas les banques, mais le pouvoir. Car la Gauche a capitulé devant le « mur de l’argent ». Il ne faudrait pas faire l’inverse de la Commune de Paris, en nationalisant les banques seulement, mais en ne se donnant pas les moyens militaires de faire appliquer nos décisions. Il faut le pouvoir – civil et militaire – et les banques – le pouvoir économique. Sinon on se contente de lendemains qui déchantent. Avec le pouvoir, la question des banques sera rapidement réglé – à terme, par leur suppression totale - et ce en lien avec une Internationale communiste qui prendra les mêmes mesures dans chaque pays.

 

Valentin

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