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Somalie : l’industrie de la famine

Dans un article du site www.pambazuka.org, la journaliste RasnaWarah s’interroge sur une instrumentalisation des chiffres de la faim en Somalie.
Les faits : le programme alimentaire mondial des Nations-Unies a lancé une campagne agressive de collecte de fonds pour couvrir les besoins urgents de la population somalienne : l’UFD (le plus grand organisme de distribution d’aide alimentaire) a déclaré 3.7millions de personnes en état de famine. Cette initiative survient alors qu’un rapport présenté en juillet dernier au Conseil de sécurité des Nations Unies signalait que les interventions d’aide des ONG étaient supprimées ou déplacées en raison du manque de fonds et du contrôle exercé par Al Shabaab sur le sud du pays.
Les raisons du doute et les critiques aux organismes d’aide humanitaire :
1 : la région déclarée sinistrée dans le sud du pays, Lower Shebelle, aurait connu une récolte exceptionnelle l’an passé selon un économiste expert.
2 : la caractérisation de la population touchée manque de rigueur : la crise alimentaire a davantage affecté les paysans du sud que les bergers du nord, parce que ceux-ci migrent avec leurs animaux pour trouver du pâturage, alors que les fermiers restent sur leurs terres.
3 : à défaut de qualifier la situation telle qu’elle se présente réellement, « insécurité alimentaire » et non famine, on ouvre la porte à une instrumentalisation des chiffres de la faim.
4 : en effet, l’appel à des fonds d’urgence sert, selon la journaliste, à détourner l’attention de critiques portées aux organismes d’aide alimentaire, en particulier WFP accusé de liens étroits avec des entrepreneurs somaliens connus pour détourner et vendre les produits d’aide alimentaire.
5 : au passage, on apprend également que le personnel de WFP et de diverses ONG serait aussi bénéficiaire de détournements.
Les conséquences d’une gestion malsaine des fonds d’aide alimentaire sont graves :
- Mogadiscio est inondée d’aide alimentaire, si bien que dans ce contexte de « nourriture gratuite », les paysans ne peuvent pas écouler leur propre production.
- en focalisant tout sur l’aide alimentaire, les organismes d’intervention génèrent une régression de la production et des marchés locaux.
- la concentration de cette aide à Mogadiscio oblige les populations touchées à traverser le pays à pied, s’exposant au risque de mourir de faim en cours de route, ou encore, pour les femmes, d’être violées.

 

Se posent alors des questions de fond :
- la Commission européenne, l’un des principaux donateurs depuis 1995, favoriserait des projets de développement rural, d’irrigation, de diversification des culture. Si cela est effectivement mis en œuvre, il est paradoxal que le sud du pays demeure depuis 15 ans en état chronique d’insécurité alimentaire.
- les organismes de contrôle sont les agences qui mettent en œuvre les programmes, aucun audit extérieur n’est intervenu !
- au final, il est contradictoire de déclarer soutenir la Somalie dans des projets de développement rural depuis longtemps et de présenter un si sombre tableau de l’état du pays !
Il convient donc, selon la journaliste, de remettre totalement en question les organismes d’aide, leur forme d’intervention et de gestion des fonds.
Il est inacceptable d’instrumentaliser les chiffres de la faim !

 

B.C.

 

Les ONG : un des nouveaux visages du réformisme

 

La pénétration impérialiste se développe aussi par le biais des organisations non gouvernementales, les fameuses ONG, qui prodiguent des aides en tous genres : alimentaire, médicale, ou pour le développement. Sous l’étiquette « apolitique », ou « non-gouvernementale », elles servent en fait à préserver les régimes en place, en mettant un peu d’huile dans les rouages sociaux. Il s’agit d’énormes machines, qui brassent des millions de dollars, et dont l’intervention économique et sociale est de plus en plus directement articulée avec l’’intervention politique et militaire des puissances impérialistes.
Plate-forme de VP, cahier n° 1, page 13

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