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Au Salon de l’Auto, c’était les boites en lutte, c’était NON aux licenciements, NON au chômage et à la précarité, NON au patronat et NON au gouvernement !

Pourquoi a-t-il été possible de manifester à l’intérieur du Salon de l’Automobile en 2008, à nouveau en 2010, et pourquoi cela a été impossible en 2012, le 9 octobre au matin ? Pourtant, la colère ouvrière était là, la volonté d’unité dans la lutte était là, bien visible (y compris à l’international, avec Opel Bochum). En 2010 aussi, les CRS étaient déjà là et on est rentrés. Alors, pourquoi ?
Notre blog "Où va la CGT ?" répondait à l’avance à cette question, au vu de la difficile préparation de cette manif : « Le fond de l’affaire est clairement politique. Autant en 2008 et 2010, les images de l’invasion du Salon de l’Auto dérangeaient un peu certes par leur radicalité, mais on s’en accommodait face à Sarkozy/Parisot, autant aujourd’hui la donne est bien différente. Et même si ce n’est pas avoué, les dirigeants de la CGT (PS ou PC) ne veulent pas d’images identiques avec Hollande/Montebourg. Il ne faut pas gêner le nouveau gouvernement, même si on le trouve un peu trop mou. »

 

Pour un certain nombre de travailleurs, mais surtout pour nos dirigeants politiques et syndicaux, des « camarades » sont au gouvernement. Certes, dans leurs fauteuils ministériels, ils risquent d’oublier leurs promesses, c’est pourquoi il faut, parfois, maintenir la pression par nos luttes, mais modérément.
Pourtant, quelle différence entre une bourgeoisie de droite et une bourgeoisie de gauche, entre un Sarkozy à Gandrange et un Montebourg à Florange, entre les expulsions avec Hortefeux et les expulsions avec Valls ? Les paroles diffèrent, parfois ; les résultats sont les mêmes, toujours.
Mais des illusions sont toujours présentes dans nos rangs. Elles se glissent dans la nuance entre « Si on ne lutte pas, on n’obtient rien », et « Si on ne les pousse pas, ils ne feront rien ». Autrement dit, entre lutte pour les réformes et camaraderie réformiste. Mais surtout, il y a une position intermédiaire, et c’est elle qui dominait le matin du 9 octobre, qui consiste à savoir et à ne pas dire, à ne pas exprimer les contradictions, à ne pas dénoncer les réformistes. C’est une position qui ne construit pas, si ce n’est, de temps en temps, le « mouvement ».

 

Le NPA souhaite « un grand mouvement national contre les licenciements et le chômage ». Comme en 2001 ? Le 9 juin 2001, à l’initiative des LU-Danone de Ris-Orangis, a eu lieu une grande manif d’environ 20 000 personnes, contre les suppressions d’emplois et pour une loi interdisant les licenciements. C’était sous le gouvernement Lionel Jospin – Martine Aubry. « Aucune confédération n’a pris position clairement ; pour autant, les LU-Danone et leur intersyndicale ont préfèré, selon leurs propres mots, porter leurs critiques contre le patronat et les actionnaires » (tract de Sud, septembre 2001).
Au Salon de l’Auto le 9 octobre, les fédérations et confédérations, de même que les Front de Gauche ou autres, ont brillé par leur absence. Qui en parle ? C’est tout de même un problème.
Ça ne veut pas dire que nos directions politiques et syndicales ne font rien. Elles organisent. Mais elles organisent quoi ? Une sorte de débat entre les classes intermédiaires qu’elles sont (en tant qu’encadrement social officiel) et la bourgeoisie au gouvernement ! Car c’est bien là le fond de l’initiative de la manif du 30 septembre, contre le traité budgétaire européen, et de celle du 9 octobre (l’après-midi, à Paris) pour l’industrie française. Une pression politique mais amicale. Tout en y mêlant, derrière le traité européen, la question de l’austérité, et derrière l’industrie française, celle de l’emploi.
Alors, qui organise vraiment et clairement la classe ouvrière aujourd’hui ? Pas ceux, par conséquent, plutôt Front de Gauche, qui comptent un peu sur Hollande, et beaucoup sur Thibault ! Pas ceux non plus, plutôt LO-NPA, ou syndicalistes de lutte, qui ne comptent pas sur Hollande ni Thibault, mais les traitent comme des amis qui se trompent, alors que ce sont des ennemis qui se cachent.

 

Camarades, la bourgeoisie est en crise, elle a besoin d’écraser les prolétaires pour être compétitive, c’est-à-dire pour gagner dans la guerre économique capitaliste. Elle a un instrument politique pour réussir : l’Etat.
Les réformistes pensent qu’on peut s’en tirer à l’amiable, en négociant ; car négocier, c’est leur métier. Même le mot d’ordre entendu au Salon de l’Auto, comme en 2001, pour une loi interdisant les licenciements, est réformiste s’il laisse croire que l’Etat actuel pourrait empêcher les capitalistes de nous traiter comme des « coûts » à réduire.
NON aux licenciements, au chômage, et à la précarité organisés par le patronat ET par le gouvernement ! C’est notre lutte quotidienne, immédiate, une lutte de résistance. C’est une lutte qui ne sera victorieuse que s’il y a une révolution. Alors seulement nous pourrons vraiment : travailler tous et toutes, moins, et autrement.
Construisons donc notre syndicat et nos associations de lutte sur la base de cette ligne politique. Et surtout, construisons notre organisation politique, qui défend cette ligne révolutionnaire.

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