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De quoi Charlie Hebdo est-il le nom ?

Charlie Hebdo a publié fin septembre des caricatures blessantes pour les musulmans. Le journal a reçu l’appui, au nom de la liberté de la presse, de l’ensemble de celle-ci, y compris du journal l’Humanité. Mais à y regarder de plus près, ces caricatures « islamophobes » sont l’expression d’un racisme anti-arabe le plus cru.
Il faut interpréter ces caricatures et leur succès comme l’un des symptômes du repli « communautaire blanc » d’une partie des Français, particulièrement de la petite-bourgeoisie, qui, déboussolée par l’instabilité du monde, cultive le repli sur soi et la peur de l’autre.
Ce glissement de « libertaires », de démocrates, de personnes de gauche, de pourfondeurs « des cons et des beaufs », n’est pas sans rappeler celui des pacifistes qui, dans les années 1930, avaient tellement peur de la guerre qu’ils préférèrent à celle-ci la paix... sous la botte des Nazis.
La guerre présente est d’abord une guerre de classes. La guerre des bourgeois et des impérialistes contre les exploités et les peuples. En l’absence d’organisation de classe solide, de partis communistes, les ripostes populaires prennent la forme de soulèvements, d’émeutes sociales souvent sans perspectives et vues alors comme inquiétantes, dans les banlieues ou les pays les plus pauvres. En l’absence d’organisations de classe, souvent, mais pas nécessairement, ce sont des partis dits religieux qui les exploitent. Ici, dans les cités, des prolétaires retrouvent dans la pratique religieuse des raisons de vivre, de surmonter leur désarroi. Le visage des villes en est en partie modifié. « Alors, on ne se sent plus chez nous », et ainsi des petits bourgeois ou des ouvriers arriérés, nullement prêts à s’investir dans la guerre de classe contre les causes de la misère sociale qui les menace eux aussi, se replient sur la défense de leurs « valeurs », de leur « identité », de leur « communauté », et glissent pour certains insensiblement dans le courant réactionnaire raciste et identitaire dont le Front National tirera les marrons du feu. Riposte laïque, fondée par un ancien militant d’extrême gauche, syndicaliste du livre CGT, est typique de ce glissement. Charlie Hebdo suit le même chemin.

 

Gilles Fabre

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