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CGT : Thibault ou Lepaon, les patrons n’ont rien à craindre
Partisan N°261 - Décembre 2012
Bernard Thibault avait annoncé, en janvier 2012, qu’il ne briguerait pas un cinquième mandat au prochain congrès. Après bien des psychodrames fractions de la direction CGT, c’est un ex-salarié de Moulinex, Thierry Lepaon qui prendra la succession de Thibault. C’est le comité confédéral national (CCN), le parlement de la CGT, qui s’est prononcé en ce sens les 6 et 7 novembre. Mais ce n’est qu’à l’issue du congrès de Toulouse, du 18 au 22 mars 2013, qu’il succédera officiellement à Bernard Thibault.
Lepaon a été chaudronnier-soudeur de profession. Grâce au fait qu’il est un ex-leader du conflit des Moulinex au début des années 2000, il a vite grimpé les échelons, siégé sept ans au sein du Conseil d’orientation pour l’emploi, puis dirigé le groupe CGT du Conseil économique, social et environnemental. Il s’est retrouvé rapidement propulsé dans la direction de la CGT, aussi rapidement qu’il avait déserté le terrain de la lutte de classe, loin de la base.
Loin du terrain, il est à l’aise dans ses fonctions, les dossiers. Ami de Raymond Soubie, l’ancien conseiller de Sarkozy. D’après Le Parisien du 8 octobre, « Thierry Lepaon fait aussi partie d’un club très fermé créé par l’UIMM (le patronat de la métallurgie), appelé Quadrilatère, qui réunit patrons, DRH, syndicalistes, journalistes et experts. Ce que ses détracteurs au sein de la CGT ne manquent pas de dénoncer comme « un problème majeur pour l’indépendance de la CGT ».
C’est un homme de compromis, comme il aime le dire, il n’a « jamais été candidat à rien », bref celui qui a su faire consensus, naviguer entre les fractions. S’il est encarté au PCF, il n’est « pas un idéologue ». Il est du PCF tendance mou, ami des patrons. Voilà un « bon » dirigeant qui saura mener la barque vers encore plus de réformisme et de compromissions.
Moralité : avoir été un ouvrier ne protège pas de la compromission, du réformisme si on n’est pas guidés par l’idéal communiste.
Nous disions dans notre « Manifeste pour un syndicalisme de classe » : Nous voulons contrôler nos combats et notre action syndicale. Dans les conflits, nous voulons organiser comités de grève et assemblées générales, un contrôle collectif et permanent sur notre mouvement pour décider nous-mêmes de notre action.
Mais nous avons aussi besoin d’organisations, de véritables syndicats qui nous représentent en permanence. Le syndicalisme n’est pas que la grève, c’est aussi l’éducation, l’organisation permanente des plus larges masses sur une orientation bien claire contre l’exploitation capitaliste.
Contrôler nos dirigeants, c’est faire vivre la démocratie, s’organiser, ne pas laisser les dirigeants devenir des bureaucrates coupés des luttes et des adhérents, sinon les virer. Voila ce que nous faisons et organisons dans les syndicats.
Bernard Thilbault : « Nous sommes prêts à débattre de la compétitivité. Il faut s’intéresser aux choix de gestion des entreprises, à ce qu’elles font de leurs marges, à leurs efforts d’innovation et de recherche, bien inférieurs à ceux des entreprises allemandes. J’attends toujours un bilan sur l’utilisation des 183 milliards d’aides publiques annuelles... Les entreprises ne peuvent pas revendiquer plus de souplesse sans être réellement coresponsables du parcours professionnel de leurs salariés. » (Le Monde, octobre 2012).