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Obama réélu, l’enthousiasme en moins

Partisan N°261 - Décembre 2012

Barack Obama a été réélu, face à Mitt Romney, pour un second mandat comme président des Etats-Unis. Obama contre Romney, c’était un peu comme un duel Bayrou contre Le Pen : rien de très emballant pour les prolétaires et les opprimés. D’ailleurs, contrairement à il y a 4 ans, l’élection n’a pas soulevé l’enthousiasme ; alors qu’en 2008, elle avait été une belle opération d’enfumage idéologique. Un candidat métis, jeune, avec une expérience de « community organizer » (mélange de militant associatif et de travailleur social) dans les quartiers pauvres de Chicago : certains, même en France, y ont vu des signes que les choses changeraient. Espoirs déçus...
Cette déception était tout-à-fait prévisible. Aux USA comme en France, on ne remporte pas une élection présidentielle si on n’est pas un candidat sélectionné par la bourgeoisie. Barack Obama a été propulsé sur le devant de la scène politique américaine après avoir été soutenu par Richard Daley, maire autocrate et corrompu de Chicago pendant 22 ans. En 2008, Obama était le candidat désigné du monde de la finance, l’homme de Wall Street contre les « pétroliers » du parti républicain. Pendant sa campagne, il a levé bien plus d’argent auprès des grandes entreprises financières que son adversaire John McCain.
A son actif, il y a d’abord la réforme de l’assurance maladie. Tout américain est désormais contraint de souscrire une assurance santé privée, mais en contrepartie un fond public est chargé de subventionner à cet effet les personnes aux revenus les plus modestes. Certes la couverture santé a progressé, mais on voit que c’est doublement au profit des groupes d’assurance privés, qui ont élargi leur clientèle grâce au financement de l’Etat fédéral.
Ensuite, le sauvetage de l’industrie automobile. L’Etat américain a injecté plusieurs dizaines de milliards de dollars pour sauver de la faillite les trois plus grands groupes automobiles américains, Chrysler, Ford et General Motors. Cet argent a été prêté en contrepartie de restructurations importantes en défaveur des acquis des ouvriers, dont les salaires et les avantages sociaux ont été fortement réduits : le salaire horaire a été divisé par deux dans certaines usines !
Dans le domaine de la politique étrangère enfin, les choses sont simples, puisque rien n’a changé. Les troupes américaines ont presque quitté l’Irak, aucun autre pays n’a encore été envahi pour l’instant, mais les grandes lignes de la politique étrangère sont restées les mêmes : soutien indéfectible à Israël, menaces contre l’Iran et la Syrie...
Avec ou sans Obama, les USA resteront la première puissance impérialiste mondiale, car le pouvoir reste entre les mêmes mains bourgeoises. En France, 80% des personnes sondées auraient voté Obama, avec encore une part d’illusions sans aucun doute. Mais croire qu’un président sorti du lot arriverait seul, en France comme aux USA, à faire changer les choses au sommet de l’Etat par sa seule volonté sans tout changer de fond en comble, c’est ce que nous appelons de l’idéalisme. Pour nous, c’est la lutte de classe qui permet de changer la réalité du monde, et pas l’arrivée d’un leader providentiel.

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