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Syrie : y voir clair dans les contradictions

L’ASL et le CNS

La principale force d’opposition sur le terrain, c’est l’ASL, l’Armée syrienne libre. Elle semble plutôt être un label dans lequel se reconnaissent les différents groupes armés actifs, dont la coordination militaire et l’unité politique est assez lâche. Le soutien populaire dont ils bénéficient semble assez variable. Globalement, ce sont les courants réactionnaires religieux, dans la mouvance des salafistes ou des Frères musulmans, qui semblent les plus influents. Peut-être existe t-il des groupes armés d’orientation laïque, progressiste, et anti-impérialistes véritables, mais nous n’en avons entendu parler nulle part. Nous ne pouvons donc pas soutenir l’ASL, dans laquelle l’influence des courants réactionnaires et pro-impérialistes semble principale.
Une autre structure est de plus en présentée par les médias bourgeois comme la représentante démocratique du peuple syrien, c’est le conseil national syrien (CNS). Cette structure fédère tout ce qu’il y a de plus détestable dans l’opposition syrienne, c’est-à-dire les Frères musulmans et les groupes libéraux pro-impérialistes. Il ne s’agit que d’une marionnette dans les mains des impérialistes, qui doivent se préparer à propulser ces gens au pouvoir après la chute de Bachar El-Assad.

L’opposition progressiste

On entend parfois parler du comité de Coordination nationale pour le changement démocratique (CNCD). Il regroupe les partis de l’opposition de gauche au régime. Le CNCD s’oppose aux ingérences impérialistes et aux courants religieux. Mais ses rapports avec le régime sont ambigus : un coup réprimé, un coup toléré. Il soutient l’idée d’une transition pacifique dans laquelle Bachar El-Assad et les membres de son régime quitteraient volontairement le pouvoir et accepteraient de laisser la place à un gouvernement choisi par le peuple. Mais vu la situation en Syrie, comment peut-on croire qu’un tel scénario soit réalisable ? Le CNCD refuse de soutenir toute insurrection armée, alors que le soulèvement populaire, y compris armé, est légitime. De ce fait, alors que les contradictions s’aggravent dans la guerre civile, le CNCD a tendance à se placer objectivement du côté du régime et non du côté du peuple.
Ne parlons même pas des deux prétendus « Parti communiste syrien » qui soutiennent à fond le régime. Par ailleurs, sur internet, on voit apparaître un « Courant révolutionnaire de la gauche syrienne » qui aurait rejoint les rangs de la rébellion. Mais il est difficile de savoir ce qui se cache sous cette étiquette.

Quels mots d’ordre et quel soutien ?

A nous lire, on pourrait penser que Partisan se réfugie dans une confortable position qui consiste à renvoyer tout le monde à dos pour ne prendre le risque de soutenir personne. C’est faux.
Il existe des militants syriens qui assument une position révolutionnaire, compromis ni avec le régime, ni avec l’impérialisme, ni avec les réactionnaires ; c’est le cas du communiste Salameh Kaileh, plusieurs fois emprisonné par le régime. Ce camarade et d’autre peuvent, et doivent, recevoir tout notre soutien, même si nous pouvons avoir des désaccords mineurs avec eux sur la situation en Syrie. Par ailleurs, même si nous ne soutenons pas l’ASL, le soulèvement populaire armé est légitime contre un régime anti-populaire dont la répression féroce doit être dénoncée. Mais à l’heure actuelle, la direction de l’insurrection reste aux mains de courants bourgeois réactionnaires, et nous ne devons pas semer d’illusion sur la nature politique actuelle de la rébellion. Nous ne pouvons qu’espérer que des forces réellement révolutionnaires et anti-impérialistes émergent de la lutte populaire et mènent le peuple syrien sur la voie d’une véritable révolution.

La Palestine aussi

Bien que la situation du peuple palestinien (une colonisation anachronique incroyable) soit clairement différente de celle des autres peuples dits arabes, l’extrait qui suit d’un texte envoyé par un lecteur illustre cependant certains parallèles politiques. Les Palestiniens ont eux aussi leur bourgeoisie et leur opposition islamique.

Le Hamas et le mouvement du Jihad islamique en Palestine, ont aussitôt réagi aux paroles de Mahmoud Abbas (le président de l’Autorité Palestinne) disant qu’il ne réclamait pas son droit au retour dans sa ville natale, Safad, et qu’il se contentait de vivre à Ramallah, et que pour lui, la Palestine n’était que les territoires occupés en 1967 (Cisjordanie, Gaza et la partie orientale de Al-Qods). Le dirigeant dans le mouvement du Jihad islamique, Daoud Shebab, a déclaré que son mouvement accordait autant d’importance, sinon plus, aux villes de Yafa, Safad, Akka et al-Majdal, que la Cisjordanie ou Gaza, et qu’il poursuivra son combat jusqu’à la libération de toute la terre de Palestine. Quant à Izzat Rashq, responsable au mouvement Hamas, il a refusé les déclarations de Mahmoud Abbas, affirmant que ce dernier ne représentait que lui-même, et que le peuple palestinien reste attaché à toute sa terre et qu’il poursuivra son combat jusqu’à la libération. Les deux dirigeants ont exprimé la volonté de leurs mouvements et du peuple palestinien de se battre pour le retour de tous les réfugiés dans leur patrie libérée.
Des paroles aussi insultantes que celles proférées par Mahmoud Abbas contre le peuple palestinien, son histoire et sa lutte actuelle, ne peuvent que l’entraîner vers le sort de Moubarak et Ben Ali. 
Fadwa Nassar, 3 novembre 2012.

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