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Malgré les bombes, Palestine vivra, Palestine vaincra !

Partisan N°277 - Octobre 2014

La presse a présenté l’offensive israélienne selon le raisonnement colonialiste de la symétrie entre l’occupant et l’occupé, mais elle n’a pas pu dissimuler l’ampleur des massacres. Au 25 août 2014, le bilan provisoire des victimes palestiniennes de la guerre d’Israël contre Gaza, dite « bordure protectrice », dépassait déjà les 2000 morts…
En temps ordinaire, ce sont déjà 70% des Gazaouis - qui sont en majorité des réfugiés de 1948 et 1967 - qui vivent de l’aide humanitaire. Lors des bombardements, la plupart des infrastructures ont été touchées, comme les hôpitaux. Plusieurs écoles de l’UNRWA clairement identifiées comme refuges pour la population ont été bombardées. L’unique centrale électrique a été atteinte, avec des conséquences dramatiques sur l’alimentation en eau potable de la population…L’objectif de l’Etat sioniste est clairement de rendre impossible la vie à Gaza !

Les objectifs d’Israël : « Bruler la conscience palestinienne »

L’intervention militaire contre Gaza n’est pas une action défensive, mais offensive. Comme le dit Yehuda Shaul, ancien officier de l’armée israélienne rappelant les interventions précédentes : « Notre but était d’effrayer et de désorienter la population civile afin de lui faire comprendre qu’elle était sous notre contrôle. Nous remplissions cet objectif en patrouillant dans les rues, en pénétrant dans les maisons au hasard à toute heure du jour et de la nuit ». Il rappelle que l’ancien chef d’état-major Moshe Yallon, aujourd’hui ministre de la défense, exhortait les soldats à « brûler la conscience palestinienne ».

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La démoralisation des Palestiniens à Gaza passent par de multiples destructions. Destruction de la terre en la rendant stérile pour des années, car Gaza reste une terre agricole qui contribue à nourrir sa population. En particulier par l’arasement des terres cultivables par les engins de l’armée. Détruire tout espoir (le ciblage des écoles de l’UNRWA n’est pas une erreur de tir), rendre la situation invivable (anéantissement des infrastructures). Obstacles mis à la pêche. Détruire finalement tout avenir pour le peuple palestinien.

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Tous les 10 ans, Israël lance une guerre : 1947, 1956, 1967, 1973, 1978 (Liban), 1982 (Liban), 2000 (Liban)... En 2006, lors de l’invasion du Liban, pour libérer quelques soldats, les choses ont commencé à changer car les forces israéliennes ont rencontré la forte résistance du Hezbollah. En 2008-2009, l’opération « plomb durci » n’a pas atteint ses objectifs, parmi lesquels l’écrasement de la résistance palestinienne. Sans cesse l’Etat sioniste doit réaffirmer ses droits à l’occupation des territoires, à la colonisation, à la domination, par la force et l’intervention militaire. Voila ses objectifs de conquête, non pas défensifs, mais offensifs.

La tactique et les contradictions du Hamas

Au printemps, le Hamas était en position de faiblesse, après la perte du pouvoir des Frères musulmans en Egypte, son principal appui. Par ailleurs, il connait des divisions au sein de sa direction et surtout entre celle-ci et les militants de base.

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La direction du Hamas a fait un compromis avec l’Autorité Palestinienne, en se mettant sous le leadership de cette dernière et en acceptant la réconciliation. Elle a également fait des concessions à la Syrie et à l’Iran pour avoir des armes. Le Hamas qui avait fait entrer les islamistes dans le camp palestinien de Yarmouk au sud de Damas, n’attaque plus le régime syrien. Il reçoit donc à nouveau des armes de la Syrie et de l’Iran. Mais les militants de base du Hamas sont contre le compromis et des négociations sans rapport de force et engagent des actions autonomes (roquettes).

Les enjeux des négociations

L’histoire nous a appris qu’il n’y a pas d’acquis dans une négociation sans rapport de force. L’insécurité d’Israël est un élément de ce rapport de force. Dans un contexte de colonisation de peuplement, construire un rapport de force suppose de créer une insécurité perpétuelle chez l’occupant par des actions armées. Cela l’affaiblit par les effets négatifs sur les investissements venant en Israël, sur l’immigration qui tend alors à s’inverser, sur le tourisme. Pour autant, la guerre menée par le Hamas n’est pas une guerre populaire. Les tunnels sont uniquement destinés aux combattants et pas, comme pendant la guerre du Vietnam, pour protéger les populations.

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Au début des négociations, le 16 juillet, le Hamas et le Jihad islamique ont formulé une proposition de cessez-le-feu en 10 points. Demandes relatives à la levée du blocus, à la libération des prisonniers, à l’octroi d’une zone de pêche plus étendue, plusieurs points de cette proposition concernant notamment le contrôle des points de passage de manière collégiale avec le Qatar ou la Turquie. Ces propositions témoignent de la volonté d’établir une entité politique dans la bande de Gaza auto-administrée par le Hamas, qui resterait néanmoins sous domination israélienne. Hamas aurait l’ambition d’édifier à Gaza une autorité administrée séparément de la Cisjordanie.

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Officiellement, Israël conditionne la levée du siège à la démilitarisation de la bande de Gaza, mais, même en cas d’accord provisoire sur ces points, on resterait dans un statu quo qui ne remet en rien en cause l’occupation israélienne, et ne peut être durable, même s‘il permettrait aux Gazaouis « de souffler ». Bien que le Hamas n’ait pas obtenu de concessions importantes d’Israël, le fait même d’avoir imposé par sa résistance une négociation a été perçu par les Israéliens comme une défaite du gouvernement.

Le soutien des puissances impérialistes à Israël

Les puissances impérialistes ont économiquement, politiquement, stratégiquement, intérêt au maintien de la colonisation sioniste et à l’écrasement du mouvement national palestinien en dépit de leurs déclarations « pacifistes ».

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Par le passé, à 42 reprises, les USA ont mis leur veto à des projets de résolution jugés hostiles à leur allié israélien. La politique Obama n’a finalement rien changé. Et malgré ses appels à la « modération d’Israël », il s’est empressé de reconstituer les stocks d’armes que les attaques contre Gaza avaient fait baisser.

Mais l’aide militaire ne vient pas que des USA. Des navires français (depuis 2008), allemands et anglais, participent au blocus maritime de Gaza. L’Allemagne est le deuxième financeur d’Israël après les USA. Ce pays subventionne les navires de guerre ou sous-marins construits dans ses chantiers pour 1/3 de leur coût. En France, Thales vend des armes à Israël.

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L’UE a des rapports privilégiés avec Israël. Un responsable européen a déclaré récemment : « Israël est pratiquement membre de l’Union européenne, il en a tous les avantages sans en avoir les obligations ! » Alors qu’Israël bombardait Gaza tous les jours ou presque, l’UE signait un accord dans le domaine de la recherche scientifique.

Amplifier la solidarité avec la Palestine

La France est le seul pays qui ait interdit des manifestations de solidarité avec la Palestine, inculpé un militant (du NPA) qui avait déposé une demande de manifestation, et sanctionné des appels au boycott qui commencent à inquiéter Israël.

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Le boycott ne doit pas toucher que les produits importés, mais aussi les échanges de tous ordres, universitaires aussi, car, par exemple, les géographes israéliens sont des acteurs de la colonisation. Un boycott académique très important a eu lieu en Grande Bretagne, aux USA, mais pas en France.

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Si des UD, des syndicats et des militants de la CGT s’investissent dans le soutien au peuple palestinien, la direction confédérale CGT refuse catégoriquement de parler de boycott. Elle a de très bonnes relations avec la « Histadrout » qui n’est pas un syndicat seulement, mais un patron aussi. Elle possède sa propre banque, des actions dans les banques, et dans El-Al, la société d’aviation.

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Le boycott est donc un moyen de sensibilisation politique. Toute forme de boycott : politique, économique, culturel, académique. C’est aussi un moyen de sensibiliser les gens, de diffuser les informations.

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En Cisjordanie, le boycott des produits israéliens a été engagé par certains secteurs du Fatah et par des militants du FPLP. Mais rien de comparable au mouvement populaire de la première intifada qui avait vu se développer des organisations de base.

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Et la solidarité doit non seulement s’exprimer dans des actions comme le boycott qui affaiblissent Israël, mais aussi dans des initiatives de soutien au peuple palestinien lui-même. Le collectif Coup pour Coup 31 a lancé une collecte en réponse à un appel, relayé aussi par notre blog Ouvalacgt, pour l’hôpital Al-Awda de Gaza, en lien avec l’Union des Comités de Santé, ONG palestinienne fondée en 1985.

Malgré les bombes, Palestine vaincra !

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