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Crise ? Pas de lamentations ! En avant ! Organisons-nous !

Editorial de Partisan n° 222 novembre 2008

La crise ! Du président au politicien inconnu, de la droite à la gauche, il est difficile de trouver un libéral convaincu. Tous font surenchère dans la dénonciation des spéculateurs, des patrons incapables aux parachutes dorés. Tous dénoncent avec plus ou moins de conviction la faillite du système, en appellent à la responsabilité sociale des entreprises, et au rôle régulateur de l’Etat. Tous souhaitent voir l’économie « réelle » triompher de l’économie spéculative.

Le problème est qu’il n’y a pas une économie « réelle » et une autre qui ne le serait pas, un capitalisme respectable, parce qu’industriel, et un autre immoral, parce que spéculatif. Industrie et finance sont deux aspects indissociables, au stade actuel de son développement impérialiste, du capitalisme. Ce qu’a montré Lénine il y a un siècle. Les monopoles ont besoin de la finance, de la Bourse, pour mobiliser les capitaux nécessaires à leurs investissements. Sans la finance, le crédit et de l’endettement des consommateurs, ils ne pourraient pas produire et écouler leurs produits. Ces entreprises spéculent elles-mêmes sur les devises ou les placements boursiers… Et puis ce capitalisme industriel, celui qui investit dans la production, c’est celui qui dégage dans notre exploitation les profits que tous se partagent. Ce capitalisme « moral », c’est notre exploiteur direct.

La crise financière n’est pas un orage dans un ciel serein. Elle est là parce que depuis de nombreuses années, aux USA d’abord, mais aussi dans le reste des vieux pays capitalistes, les débouchés de l’industrie n’étaient soutenus que par l’endettement des Etats et des particuliers, par la mise sur le marché, grâce au crédit, d’une masse monétaire croissante. Masse qui alimentait la spéculation. Cela ne pouvait durer éternellement. La crise financière est révélatrice de la crise économique latente. Elle va l’aggraver. Pas besoin d’être grand économiste pour voir la suite du film. L’expérience des ouvriers est que, quand le capitalisme va bien, ils en tirent quelques miettes. Quand il va mal, c’est eux qui paient la facture.

La dénonciation des excès de la finance, des requins de la spéculation, des responsables de la crise financière, permet, en condamnant des individus, ou même des sociétés taxées de malhonnêtes, de protéger le système social qui les produit. De l’UMP au PS et même plus à gauche, nombreux sont ceux qui cherchent à nous faire croire qu’ils veulent et qu’ils peuvent contrôler les forces du capital. Mais aucun d’eux ne met en cause le capitalisme lui-même, les rapports sociaux sur lesquels il est fondé. Même si qui comme le PCF, ils en viennent à parler de sa faillite.

La crise financière va aggraver la crise « morale » de la société capitaliste. La défiance à l’égard « du système » va croissant. Celle aussi à l’égard des hommes de la bourgeoisie qui s’en faisaient les défenseurs et en sont devenus les censeurs hypocrites. Mais les critiques portent sur les excès, le scandale, les abus, les mensonges, la rapacité ou l’incompétence. Tous les qualificatifs sont bons pour dénoncer sans remettre en cause l’essentiel. Cette crise morale peut nourrir aussi bien la réaction populiste fascisante, qui ne craint pas d’être anti-capitaliste, que le réformisme, ou que la révolution. Le populisme parmi les couches petites bourgeoises touchées dans leur patrimoine qui en appellent à un Etat fort. Le réformisme de la petite bourgeoisie salariée qui cherche dans l’état, la nationalisation, les emplois publics la sortie de crise. Elle peut aussi nourrir la volonté d’en finir avec le capitalisme et son Etat… C’est à cela que travaille Voie Prolétarienne !


Car l’Etat bourgeois… voilà notre ennemi, le plus résolu !
Il n’est pas neutre. Voyons ce qui se passe ! Face aux banquiers défaillants, il assure son rôle de capitaliste collectif en les nationalisant. Comme en 1937, il avait sauvé les sociétés de chemin de fer en créant la SNCF, pour le bien de tous les capitalistes. La leçon de la crise, c’est que la bourgeoisie sait agir comme une classe solidaire lorsqu’elle est mise à mal par ses propres contradictions. Au niveau mondial comme national, grâce à l’Etat et aux institutions internationales (FMI, banque mondiale, OMC) qui sont les instruments de sa domination… Et nous, face à eux, ouvriers et travailleurs de France ou du monde, nous sommes divisés, non seulement parce qu’inorganisés, mais encore parce que nous ne sommes pas unis sur nos intérêts propres, ni assez solidaires.

Nationaliser les banques, renforcer le rôle de l’Etat, créer des emplois publics (mais lesquels et selon quels critères) n’empêchera pas que ce soit les travailleurs exploités, d’ici ou des pays dominés, qui paieront le prix du redressement du capitalisme. Cela n’en déplaisent à tous ceux qui croient que l’Etat est un arbitre au-dessus des classes. Soyons clairs ! La question n’est pas de savoir si les travailleurs payeront ou pas le prix de la crise. Les partis qui posent « naïvement » la question « enfument » les travailleurs. Ils savent déjà qui paiera ce redressement… même si par nos luttes, indispensables, nous réussissons à en atténuer les impacts les plus durs, en imposant des concessions à la bourgeoisie.

La vraie question est de savoir si les travailleurs sortiront de la crise plus forts et organisés. Non pas dans leur masse, car les périodes de crise poussent à la concurrence et à l’individualisme. Non ! La question est de savoir si ceux qui parmi nous sont les plus conscients prendront en main la construction d’une organisation révolutionnaire, d’un parti communiste qui sortira aguerri de cette crise. Et ce parti ne peut pas être seulement anti-capitaliste ! Dans cette période de crise, l’anti-libéralisme, l’anti-capitalisme (comme celui du NPA) n’est pas une délimitation suffisante. Il dénonce les excès du « système », pas sa nature, ni le rôle de l’Etat.

La délimitation est entre ceux qui veulent construire une organisation qui se donne pour but le renforcement du rôle de l’Etat bourgeois, et des illusions qui s’y rattachent, et ceux qui veulent une organisation qui œuvre à sa destruction révolutionnaire. Destruction qui est la condition d’un vrai pouvoir ouvrier, organisé dans un Etat de type nouveau, préalable à la marche au communisme.

C’est l’objectif qu’à Voie Prolétarienne nous nous fixons ! C’est-à-dire : regrouper des travailleurs, nous unir avec d’autres groupes militants sur des bases claires, nous former pour être à la hauteur des défis posés par la crise ! En avant !

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A retrouver dans Partisan n° 222 :

Crise
Le capitalisme est malade : aidons-le à crever.

Ce n’est même plus une nationalisation d’entreprise, mais un rachat par l’Etat de ce qui ne vaut plus rien. C’est 50 fois ce qu’avait fait l’Etat français pour le Crédit Lyonnais. A l’époque, les Guignols de l’Info nous avaient régalé en titrant : « Le casse du siècle ». Il est largement dépassé.

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