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Contre les réformes de Sarkozy

Editorial de Partisan n°215 (octobre 2007)

- La cohérence d’ensemble
La tactique du salami (les attaques au compte-gouttes, les unes après les autres) semble avoir fait place à une tactique de la saturation (« réformes » tous azimuts), face à une opposition encore abasourdie par le résultat des élections présidentielles.
Cette vague de « réformes » frappe par sa cohérence d’ensemble. Contre le « coût du travail », ce sont les attaques visant le salaire indirect : retraites, Sécu, allégement fiscaux pour les entreprises ; accompagnées du leurre des heures supplémentaires. Contre l’emploi, c’est la levée des obstacles aux licenciements, par la « sécurisation des parcours professionnels », et l’obligation d’accepter n’importe quel boulot (avec le Revenu Social d’Activité). Contre les immigrés, c’est le principe des quotas, les restrictions au regroupement familial (là aussi une réduction des « charges »), et les expulsions... A l’extérieur, la « défense de la France » consiste à se repositionner au premier rang en Europe, à jouer de ses atouts de proximité en proposant aux bourgeoisies arabes une alliance euro-méditerranéenne pétrole contre nucléaire civil, à tenir compte de la montée en puissance de l’Asie (Chine, Inde, Russie), etc. Bref, c’est la lutte pour le redressement de l’impérialisme français en difficulté, redressement qui exige une meilleure compétitivité, c’est-à-dire une dose importante de sacrifices pour les travailleurs de France.
A cette cohérence d’ensemble d’une politique capitaliste et impérialiste, on ne peut opposer qu’une autre politique d’ensemble, celle de notre classe, internationaliste, rejetant clairement cette « défense de la France », la « compétitivité de nos entreprises » et autres notions qui conduisent à accepter suppressions d’emplois, baisses des salaires, sur-exploitation des travailleurs immigrés, voire guerre aux côtés des USA.
- La cohérence est aussi idéologique et politique
Le côté « riche sans complexes » de Nicolas Sarkozy a une signification politique. C’est la baisse d’une idéologie de l’égalité virtuelle et hypocrite entre tous les citoyens de la République, et la défense ouverte de l’individualisme, du mérite et de la récompense personnels. Notions familières au Medef, mais appliquées aux travailleurs : l’ouvrier courageux et ambitieux choisira de faire des heures supplémentaires ! Cette responsabilité individuelle est appelée à remplacer tous les droits collectifs (préavis de grève individuel, sécurité sociale individuelle, sécurisation des parcours professionnels individuels, etc). Elle divise et oppose les bons et les mauvais travailleurs (stigmatisant les paresseux, les imprévoyants, les profiteurs). Et elle les met tous à la merci du Capital.
Cette idéologie s’incarne dans une alliance de classes tout-à-fait classique, mais renouvelée : la recherche du soutien de la petite-bourgeoisie (les couches moyennes sont des travailleurs méritants !), alliance symbolisée par la neutralisation du PS, et alimentée, par exemple, par des mesures fiscales comme les exonérations sur les héritages. A cette cohérence idéologique et politique bourgeoise, de l’individualisme et de la concurrence, ou on n’oppose rien, ou on oppose l’idéologie et la politique ouvrières, la vision d’une humanité consciente et solidaire, une idéologie et une politique communistes, et une alliance des ouvriers et des employés unifiant tous les travailleurs.
- La lutte immédiate est nécessaire, mais pas suffisante

Dans l’immédiat, la bataille sera difficile, et les succès limités. Les luttes continueront, et devront se développer, contre les franchises médicales (29 septembre), pour la défense des victimes de l’amiante (13 octobre), les retraites (18 octobre), la liberté de circulation et l’égalité des droits pour les travailleurs immigrés... Mais les directions syndicales, engluées dans cinq ou six négociations au sommet simultanées, feront tout sauf organiser une lutte unie, massive, déterminée. C’est qu’au fond elles partagent l’acceptation des règles du « marché », la nécessité de la compétitivité de « nos » entreprises, de la flexibilité des emplois, etc. Ce qui les paralyse, c’est leur orientation politique réformiste, l’acceptation du capitalisme qu’il faudrait seulement réguler, avec leur aide bien sûr. La structuration d’une opposition syndicale de classe, de masse et de lutte, est donc incontournable. Cette opposition puisera, elle, sa force dans son orientation politique révolutionnaire, qui correspond aux intérêts de la classe ouvrière. L’heure est moins que jamais aux luttes dispersées.
Nous devons donc, d’abord et avant tout, travailler chacun, et collectivement, à la création d’un nouveau parti communiste ouvrier, qui oriente et qui unifie. Olivier Besancenot, au nom de la LCR, a exprimé cette nécessité d’un nouveau parti. Mais il en prend le chemin inverse quand il projette d’abandonner la référence au communisme révolutionnaire.
Notre cohérence d’ensemble, ce qui nous unifie, c’est la vision politique d’une autre société, possible et nécessaire, dirigée par la classe ouvrière. C’est la volonté que chaque lutte défensive, chaque résistance aux attaques, nous renforce politiquement et prépare nos luttes offensives, jusqu’à la prise du pouvoir. Car le puissant état-major de la bourgeoisie va droit dans le mur, et notre faible camp révolutionnaire a l’avenir pour lui ! Cette vérité apparaît avec une évidence peut-être « sans précédent depuis 1945 » !
Participons aux mobilisations en militants communistes, pour les renforcer, les unifier, mettre en lumière leur contenu politique révolutionnaire, et dénoncer les orientations réformistes. Travaillons ensemble à la construction d’un parti communiste ouvrier et révolutionnaire.

A lire dans partisan n°216

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