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La classe ouvrière est au centre de la vie politique

Editorial de Partisan n° 212 - avril 2007

La pêche aux voix. Nicolas Sarkozy marche sur les plates-bandes populaires de la Gauche, visitant les usines, serrant la main des ouvriers, vantant la "valeur travail", installant son QG de campagne dans le quartier populaire du Sentier, et préparant minutieusement son retour sur la dalle d’Argenteuil face à la "racaille". "Vous n’avez pas le monopole de la classe ouvrière", semble-t-il dire à la Gauche. On a vu aussi Bayrou à Mantes-la-Jolie. On voit même Le Pen élargissant sa cible aux immigrés "intégrés" en les opposant aux illégaux.
Ceux qui n’ont pas le droit de vote – c’est une fraction importante de la classe ouvrière – ne les intéressent pas, direz-vous. C’est faux. C’est du "potentiel" et de l’indirect. Pour flatter les "intégrés", le PS propose le droit de vote aux élections locales – il l’avait déjà promis... en 1981. Et il faut tenir compte de la vague de nouveaux inscrits.
C’est, bien sûr, la pêche aux voix tous azimuts, mais surtout là où se trouve la seule grande réserve, du côté des millions d’abstentionnistes, travailleurs déçus par la Gauche. Il y a plus, il y a le mécanisme fondamental des élections qui consiste à demander aux travailleurs de faire confiance à des bourgeois pour mener la politique du pays. Et de faire comme si c’était les hommes politiques qui mènent le pays, et non les grands groupes capitalistes.

Les rabatteurs. La manœuvre n’est évidemment pas très facile. Comment croire à la "rupture" promise par un ministre en exercice depuis des années ? Comment croire au changement avec un PS qu’on a connu au pouvoir pendant près de quinze ans, entre 1981 et 2002 ?
C’est là qu’apparaît tout-à-fait indispensable l’aide des réformistes. Leur base, ce ne sont pas les ouvriers, mais les travailleurs en général, c’est-à-dire en réalité ceux des couches intermédiaires. Ils jouent le rôle d’intermédiaires. Ils luttent avec nous pour mieux jouer le rôle de rabatteurs. Le slogan d’une "nouvelle Gauche" au premier tour devient "faire barrage à la droite" au deuxième.
On a vu de curieuses contradictions au sein du PS au sujet de la candidature de José Bové. Regrettable, disent la plupart, car c’est une dispersion des voix. Positif, disent les autres, car il est le seul à pouvoir mobiliser certains secteurs, c’est-à-dire à convaincre de voter PS au deuxième tour.
Le rôle des réformistes, c’est de maintenir et de ramener en permanence les luttes et les révoltes de la classe ouvrière dans le cadre du système capitaliste, en particulier de cantonner sa politique aux élections bourgeoises.


Notre programme.
La classe ouvrière n’a jamais été autant au centre de la vie politique. Mais comme client, comme cible publicitaire ! La seule manière d’échapper à cette tentative permanente de manipulation, c’est d’y opposer clairement une politique propre, indépendante. C’est d’avoir notre programme, notre parti, et d’entraîner sur nos positions l’ensemble des travailleurs.


Quelles sont nos revendications ?
Quel est notre programme ?

- La fin du chômage, des licenciements et de la précarité,

- Un salaire, des allocations, une retraite qui permettent de vivre,

- Un logement bon marché, une santé gratuite, une école pour tous,
- Des papiers pour tous, les mêmes droits, la libre circulation pour les travailleurs,

- Pas de guerres, ni d’interventions impérialistes.

La fin du chômage des licenciements et de la précarité ?! Vous rêvez ! Aucun "grand" candidat ne se hasarde à faire de telles promesses "irréalistes". Il faut tenir compte de la concurrence, du marché mondial, des grands équilibres économiques ! Des petites améliorations qui vont dans ce sens, peut-Ítre, mais ne demandez pas l’impossible tout de suite !
Nous devons voir cette vérité en face : nos revendications les plus simples, notre volonté de vivre décemment, remettent en cause tout un système économique. "L’équilibre", c’est que la balance doit continuer à pencher du côté des capitalistes, de ceux qui touchent des fortunes sans rien produire et qui exigent un minimum de 10% d’augmentation par an. Voilà la vérité : dès qu’elle veut vivre, la classe ouvrière est révolutionnaire, elle remet en cause le mode de production.

Nous voulons diriger ! Les "petits" candidats, Buffet, Bové, Besancenot..., dont le programme rejoint souvent le nôtre, parlent de le réaliser sans révolution, sans changer le mode de production. Par les élections ou par un mélange d’élections et de luttes, en prenant une partie seulement des profits, etc. Ce ne sont pas des revendications révolutionnaires, répète Arlette Laguiller, mais des mesures d’urgence, qui ne suppriment pas le capitalisme.
Non, les travailleurs ne peuvent pas vivre correctement sous le capitalisme. La classe ouvrière est révolutionnaire ou elle n’est pas ! Son programme est révolutionnaire, ou elle n’en a pas.
La moindre de nos luttes (comme à Sanofi-Aventis le mois dernier, Citroën Aulnay et le port de Marseille ce mois-ci) est déjà une tentative de changer les règles du jeu. C’est déjà la promesse qu’un jour nous prendrons le pouvoir économique et politique.


Vous voulez nos voix ? Voilà notre programme : il est révolutionnaire !
Nous voulons tout !
Nous voulons diriger partout !

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