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Préparons-nous à contrer les offensives de la bourgeoisie

Editorial de Partisan n° 213 - mai 2007

- La victoire de Sarkozy, la victoire des peurs et des divisions
Nicolas Sarkozy a été élu à la Présidence de la République. Ses premiers mots ont été de se déclarer le président de tous les Français, au-dessus des partis, comme d’ailleurs l’aurait fait Ségolène Royal si elle avait été élue. Lui, comme elle, a affirmé que ces élections ont été une victoire de la démocratie.
Dès le premier tour, la presse bourgeoise avait dit que le fort niveau de participation et la « marginalisation des extrêmes » constituaient un succès de la démocratie. Ces élections sont effectivement un succès pour la bourgeoisie, car les deux candidats présidentiables du second tour défendaient ses intérêts. Mais ils le faisaient avec assez de différences pour que l’issue du scrutin soit perçue comme un enjeu… « de société ? » et que les médias les montent en épingle pour détourner les travailleurs des véritables enjeux pour eux et les exploités.
Les convergences entre les deux anciens candidats se sont confirmées tout au long des débats de la campagne. Ségolène Royal courait vainement derrière les propositions réactionnaires de son concurrent. En 2005, les deux candidats ont défendu le « Oui » à une constitution européenne réactionnaire. Sarkozy a dit ne pas être pour l’abrogation des 35 heures, mais Royal a affirmé, comme lui, la nécessité de les aménager. Tous sont pour la « flexi-sécurité » ou la « sécurisation des parcours professionnels ». Ils étaient pour une régularisation au cas par cas des sans-papiers, et Ségolène Royal a évité par deux fois de se prononcer sur le droit au regroupement familial pour les travailleurs immigrés. Tous deux, sur des airs différents, ont chanté des louanges à la nation, au drapeau, à l’identité nationale.
Malgré cette similitude de programme, s’il y a eu mobilisation, c’est que Sarkozy avait affiché son mépris de la jeunesse des cités. Il est perçu par eux, avec raison, comme une menace. Et en tant que ministre de la politique du gouvernement précédent, défenseur de l’ordre, il sera le continuateur d’une politique répressive contre les travailleurs. Il a su, par ses appels à plus de d’autorité, capter les peurs et les inquiétudes de beaucoup de travailleurs désorientés par les bouleversements du monde capitaliste. Il a su exploiter les divisions : l’hostilité des actifs contre les chômeurs « assistés », des Français contre les sans-papiers africains, des précaires contre les fonctionnaires « privilégiés ».

- Contre la droite, ne comptons que sur nous-mêmes !
Nous comprenons le rejet qui a conduit à une grande mobilisation de la jeunesse pour faire barrage à Sarkozy. Nous avons néanmoins appelé à l’abstention.
Nous avons voulu signifier par là que l’un comme l’autre sont nos adversaires. Royal n’a-t-elle pas dit, pour illustrer sa politique, que celle-ci avait fait ses preuves en Suède où Erikson avait pu supprimer 10 000 emplois… sans grève.
Nous savons que, comme la jeunesse populaire, une majorité de travailleurs a voté contre Sarkozy, même si celui-ci a reçu beaucoup trop de voix ouvrières. Nous ne pensons pas que cela tient seulement aux illusions que les travailleurs auraient à l’égard de Ségolène Royal. S’il en est ainsi, c’est qu’ils se sentent faibles et désarmés face aux menaces. Cette situation illustre le profond désarroi des travailleurs, consécutif au recul de leurs organisations de résistance et de solidarité, à l’absence d’un parti – communiste – qui porte et organise leurs aspirations à une autre vie. Pour inverser cela, il ne suffit pas de voter périodiquement pour le ou la candidat(e) d’une gauche aux couleurs de la bourgeoisie.
Depuis des années, mesure après mesure, gouvernement de droite ou de gauche, les droits des travailleurs ont été grignotés. Et cela continuera si nous attendons qu’un président ou une présidente de « gauche » fasse barrage à cette dégradation.
A ceux qui ont voté contre Sarkozy, mais restent totalement insatisfaits de leur vote, nous n’allons pas apprendre que le seul recul imposé à cette dégradation continue a été la mobilisation contre le CPE, qui ne doit rien au PS.
Contre la politique que va poursuivre le nouveau Président, et son futur gouvernement, nous aurons à nous défendre pied à pied, pour la défense de nos conditions de vie, contre la répression. Pour cela nous devrons reconstruire nos capacités de résistance. Lutter pour que nos syndicats soient des organisations de classe et non de collaboration au nom du réalisme, ou du « gagnant gagnant » de Royal.

- 
Notre boussole, la lutte pour une autre société : le communisme

Pour lutter contre la désorientation des travailleurs, il faut plus que cela. Il faut des contre-feux idéologiques et politiques. Pour faire reculer les idées réactionnaires, y compris parmi les travailleurs, il ne suffit pas de lutter contre ce que l’on refuse, il faut des perspectives positives, un objectif. Le seul qu’on leur fixe à « gauche de la gauche » (Bové, Besancenot...), c’est de lutter contre le libéralisme, pour un Etat plus interventionniste, plus protecteur. Idée partagée aussi par Sarkozy et Royal, même si ceux-ci y mettent des contenus différents.
Nous disons qu’il faut nous fixer comme objectif de changer la société, et s’organiser pour cela. S’organiser pour que les travailleurs prennent dans leurs mains la richesse qu’ils créent par leur travail, pour l’exploiter pour le bien de tous, et non pour celui du capital. Cette société nous l’appelons socialisme.
S’organiser pour cela, ce n’est pas seulement travailler pour un but lointain, et incertain. Se fixer ce but, c’est avoir une boussole dans les combats de maintenant, une orientation, des « valeurs », donner un contenu vivant à cette alternative. C’est seulement si nous poursuivons un objectif de libération pour tous les hommes et toutes les femmes de la dictature du capital, qui s’approprie et saccage nos vies comme la planète, que nous serons en condition de résister aux idées réactionnaires qui déroutent les travailleurs.
Contre la concurrence et l’égoïsme national, contre la concurrence entre actifs et chômeurs, nous portons et organisons la fraternité de classe. Au chauvinisme et à la peur cultivée de la menace de l’étranger, nous opposons et organisons l’internationalisme. Contre l’individualisme, le fétichisme de la consommation, nous opposons le temps libre, pour vivre mieux, pour nous organiser collectivement, pour nous préparer à diriger la société. Contre le paternalisme de ceux qui entendent nous protéger, à droite ou à gauche, par un Etat répressif ou bienveillant, nous devons nous organiser parce que nous ne croyons pas aux « sauveurs suprêmes ».
Inverser le courant réactionnaire, nous organiser, cela exige durée et persévérance. Cela suppose de ne pas nous satisfaire des combats au coup par coup. S’engager oui, pour changer notre avenir et notre quotidien, en construisant une organisation qui porte ses aspirations et cette volonté, contre toutes les attaques de la bourgeoisie – mesures sociales, répressions, ou idées – voilà la nécessité du jour.

C’est l’ambition de VP, c’est ce à quoi nous appelons à venir travailler avec nous, pour sortir de l’impuissance qui nous conduit à reporter des espoirs sur le moins pire de nos ennemis, et nous préparer à construire un avenir différent, dans nos luttes et aujourd’hui !

« Travailleurs sauvons-nous nous-mêmes »

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