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Toutes nos luttes sont politiques et internationales

Editorial de Partisan n°203 (mai 2006)

- LA VICTOIRE EST D’ABORD POLITIQUE.
Une bataille, même si elle reste très limitée, a été gagnée, et il est important, pour se préparer à celles qui ne manqueront pas de suivre, de nous mettre d’accord sur sa portée. D’un point de vue purement économique et syndical, le bilan est maigre. Un seul article, l’article 8, d’une seule loi, a été « remplacé ». Un seul type de contrat, sur 26 existants, a été supprimé. Mais d’un point de vue dynamique et politique, le bilan est considérable. Le pouvoir a reculé, sur une loi qu’on nous disait définitivement votée, approuvée par le Conseil constitutionnel ! Le projet de contrat unique – un CPE pour tous – est gelé. La démonstration est faite, ou refaite, qu’en luttant massivement, en s’organisant démocratiquement, sur des objectifs clairs et justes, le camp des travailleurs pouvait vaincre. Autrement dit, les vraies victoires, y compris pour nos intérêts économiques immédiats, sont les victoires politiques. C’est une des leçons de cette bataille.
C’est une victoire, limitée certes, contre la bourgeoisie et la précarité. Nous devrons encore batailler contre de nouvelles attaques. Une victoire de la gauche plurielle n’y changera rien. Il n’y aura de victoire complète contre la précarité qu’en liquidant l’exploitation capitaliste. C’est à dire quand les ouvriers, les travailleurs, auront le pouvoir économique et politique. Et cette question reste entière.

- FRANÇAIS, IMMIGRÉS, MÊME COMBAT !
Dans la colonne « Limites » du bilan, la question du Ceseda – code d’entrée et de séjour des étrangers et demandeurs d’asile – est à mettre en tête.
Pendant le mouvement contre le CPE et la précarité, la loi durcissant les conditions du Ceseda passait au Parlement. Beaucoup trop discrètement. Les directions réformistes avaient toutes les peines du monde à limiter la lutte au CPE, le lien avec le CNE et l’ensemble de la loi de « l’égalité des chances » était difficile à éviter. Quant aux travailleurs sans-papiers, même s’ils étaient présents dans les manifs, leur lutte ne l’était pas assez, ou pas du tout, dans l’ensemble des slogans. « Français, immigrés, mêmes patrons, même com- bat » ? Oui, mais pour les travailleurs et les jeunes immigrés, c’est la précarité-double-peine : licenciement et expulsion ! Retrait du Ceseda !
La mesure-phare, c’est la remise en cause du principe des dix ans de présence. Un sans-papier pouvant justifier de dix ans de travail et de séjour était en principe régularisable. Désormais, c’est le Préfet qui jugera, au cas par cas. Le principe de l’immigration choisie, ce n’est pas seulement celui d’une main-d’oeuvre adaptée au plus près des besoins du capitalisme. C’est surtout celui d’une immigration intérimaire. Précaire. Et le RESF, réseau éducation sans frontrières, mobilise et se mobilise contre une « chasse aux enfants » durant l’été, suite au premier recul de Sarkozy recommandant d’attendre la fin de l’année scolaire pour expulser les élèves sans-papiers.
L’internationalisme n’est pas un plus, c’est un fait. La solidarité internationale n’est pas une question de générosité, c’est une nécessité. A l’heure de la mondialisation, des délocalisations, de la directive Bolkestein, à l’heure de l’immigration choisie et jetable, si on ne sort pas d’un cadre français ou européen de « gauche », on est perdants à coup sûr.
Qu’est-ce que la précarité, sinon la pression du chômage sur ceux qui travaillent ? Il faut y ajouter la pression du niveau de vie des pays dominés, qui ont ce niveau de vie parce qu’ils sont dominés.
L’impérialisme est partout, jusque dans nos salaires, nos emplois, nos conditions de travail, notre précarité.

- ASSOCIATION INTERNATIONALE DES TRAVAILLEURS !
Karl Marx écrivait en 1864, pour l’Adresse inaugurale de l’Association Internationale des Travailleurs : « La conquête du pouvoir politique est devenue le premier devoir de la classe ouvrière. Elle semble l’avoir compris, car en Angleterre, en Allemagne, en Italie, en France, on a vu renaître en même temps ces aspirations communes, et en même temps aussi des efforts ont été faits pour réorganiser politiquement le parti des travailleurs. Il est un élément du succès que ce parti possède : il a le nombre ; mais le nombre ne pèse dans la balance que s’il est uni par l’association et guidé par le savoir. L’expérience du passé nous a appris comment l’oubli de ces liens fraternels qui doivent exister entre les travailleurs des différents pays et les exciter à se soutenir les uns les autres dans toutes les luttes pour l’affranchissement, sera puni par la défaite commune de leurs entreprises divisées. »
Toutes nos luttes, comme la lutte contre le CPE et la précarité, SONT — il faut simplement le reconnaître et le faire vivre — POLITIQUES et INTERNATIONALES. C’est une leçon à retenir pour les batailles à venir. Alors nous pourrons, sur des bases solides, être UNIS PAR L’ASSOCIATION ET GUIDES PAR LE SAVOIR. Alors nous pourrons gagner de grandes batailles, vaincre, et changer le monde.

A lire dans Partisan 203

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