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Retraites : quelques questions...

Partisan N°239 - Juin 2010

Nous subissons quotidiennement un bombardement médiatique intensif et permanent, visant à nous amener à accepter l’inacceptable. A savoir le recul de l’âge de la retraite et la baisse des pensions, car au final c’est bien à cela qu’on veut nous mener.
Dans un article précédent , nous avons exposé à quoi correspondait la retraite dans la société capitaliste, et quelles revendications générales nous voulions défendre :
- La retraite à 55 ans, pour tous, sans aucun critère de nombre de trimestres cotisés
- Un taux de pension à 75% du salaire complet

Essayons de répondre à quelques questions point par point.

1) Les chiffres du COR, la démographie etc.
Nous assistons via le Conseil d’Orientation sur les Retraites à une gigantesque manipulation de l’opinion. Sous couvert d’experts, on nous balance à la figure des colonnes de chiffres pour 2040 ou 2050, des sommes astronomiques à trouver, un descriptif véritablement apocalyptique qui bien entendu veut nous mener à accepter la réforme à venir. Or,
Comment le capitalisme peut-il faire des prévisions à 40 ou 50 ans, alors qu’il est aveugle à 6 mois ? Il n’a pas vu venir la crise, il est absolument incapable d’organiser l’avenir immédiat et on veut nous faire croire aujourd’hui qu’il peut voir au loin ? Le capital est aveugle sur l’avenir, par définition : contradiction entre intérêt privé, dans la concurrence et la mondialisation, et nécessaire vision d’ensemble à long terme. Chaque capitaliste individuel, chaque pays capitaliste est aveugle, car il ignore ce que font ou prévoient ses concurrents, tout simplement ! D’ici 2040 il peut y avoir d’autres crises, une guerre mondiale, une révolution, une catastrophe naturelle, ou quoi d’autre pourquoi pas ?

2) La productivité du travail et la prise en charge des retraites
Tout le monde, patronat et gouvernement en tête bien sûr, fait l’impasse sur les hausses de productivité. On nous chiffre les besoins de financement à la somme monstrueuse de 2600 milliards d’euros sur les prochaines 30 ans, alors que sur la même période, le Produit Intérieur Brut sera de l’ordre de 120 000 milliards d’euros. 2% en gros, les chiffres se dégonflent...
Bernard Friot, économiste des salaires et retraites fait une analogie amusante :
"Imaginons le ridicule de Mme Parisot prédisant, en 1900 : un Français sur trois travaille aujourd’hui pour l’agriculture ; or, il n’y en aura plus qu’un sur trente en 2000, donc la famine en France en 2000 est inévitable, ce n’est un constat ni de droite ni de gauche, mais arithmétique. En cinquante ans, la production double avec le même nombre d’actifs, et l’arithmétique de Mme Parisot relève du café du commerce…"

3) Aucun critère de trimestres, aucune référence au caractère "complet" d’une carrière
Le débat sur les 37,5 ans de cotisations a progressé. Nous avançons, nous, que la retraite doit être entière à 55 ans, sans aucun critère de trimestres. Car tout critère entraîne exclusion et problème.
Le cas le plus visible est bien sûr celui de nos camarades immigrés et sans-papiers.Il y a aujourd’hui des générations d’anciens immigrés dans la misère, en plus harcelés par la CRAM pour des remboursements astronomiques alors qu’avec leurs carrières souvent incomplètes ils vivent en foyer à la limite de la misère. Un collectif s’est d’ailleurs monté à partir de Toulouse, "Justice pour les Chibanis", pour organiser les anciens et refuser l’inacceptable. C’est dire s’il y a un enjeu avec nos camarades aujourd’hui sans-papiers, près de 400 000 travailleurs qui s’interrogent sur leur avenir comme sur leur présent.
Nous sommes responsables de l’avenir de tous les prolétaires, et nous exigeons que la retraite soit "sans aucune condition de trimestre", pour eux, comme pour les femmes qui ont arrêté de travailler, comme pour tous les accidents de la vie, comme pour celles et ceux qui ont pu travailler à l’étranger dans les méandres de la mondialisation...
A tous ceux qui jugent cela utopique, rappelons la mise en place du système des retraites par répartition en 1945. Immédiatement, sans aucune condition d’ancienneté, toute une génération est partie à la retraite avec une pension complète. Et cela a duré jusque dans les années 70... par simple arithmétique.
C’est cela que nous revendiquons. Nous n’avons pas à rentrer une nouvelle fois dans des "critères" de bonne ou mauvaise carrière. Nous avons à affirmer que dans le cadre de cette société de destruction, nous partirons à 55 ans, sans condition, simplement parce que c’est le capital qui nous a essorés et que maintenant nous voulons le repos - sans condition !

5) A connaître et à savoir
Deux sites militants sur la réforme des retraites, à connaître et consulter car ils fourmillent d’informations, d’argumentaires, de documents, parfois sur des positions différentes, mais assez intéressants :
Le site "Retraites - Enjeux - Débats" semble-t-il animé par des syndicalistes et les initiateurs de l’appel "Arrêtons la désinformation", déjà publié sur le blog ouvalacgt.
Le site "Faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites", animé par des proches de ATTAC et des Verts.

Blog OUVALACGT, Mercredi 21 avril 2010

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