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Bangladesh : Femmes en grève

Partisan N°242 - Novembre 2010

Cet article fait partie du dossier "ASIE : nouveau centre de gravité du capitalisme... et du communisme ?"

Les Canuts du XXIe siècle ! Au Bangladesh, 455 usines textiles occupent 4 millions de travailleurs, en majorité des femmes. Les femmes représentent 80% de la main-d’oeuvre de l’industrie textile, elles subissent des agressions, des harcèlements. Ces ouvriers (hommes et femmes) sont les plus mal payés du monde, environ 18 euros par mois (moins d’un euro par jour). Et durant ces 5 dernières années, les biens de première nécessité comme le riz, le blé et le logement ont augmenté de près de 43%. Les syndiqués dans le secteur sont environ 100 000, mais la revendication unitaire de 55 euros par mois a permis un rassemblement plus large et une unité dans la lutte. Ces usines produisent pour Wal-Mart, Marks and Spencer, Carrefour, Zara... Elles produisent NOS fringues !

Le patronat a « invité » les dirigeants syndicaux à une réunion en proposant un salaire de 33 euros. Si certains syndicats ont accepté, les syndicats les plus radicaux ont refusé, estimant que cette somme ridicule était insuffisante pour que les travailleurs puissent vivre.

Les travailleurs résistent, bloquent les routes, incendient des usines et du matériel, détruisent des machines. Depuis le début de l’année, les travailleurs n’en peuvent plus. Avec la crise, c’est encore plus la détérioration des conditions de travail et d’exploitation, dûe à l’aggravation de la concurrence entre pays. Voilà la base de cette explosion. Depuis des mois, les ouvriers se battent avec la police dans toutes les villes du pays. La police est renforcée par une section militaire spéciale (Rapid Action Battalion) et par une milice spéciale armée logée prés des usines (Ansars).
Les patrons du textile menacent... de délocaliser. A un syndicaliste anglais, le ministre du travail avoue son impuissance : « Le problème que le Bangladesh rencontre est que les multinationales de la grande distribution ne paieront pas cette augmentation de salaire. Chaque année, les multinationales cassent les prix qu’elles sont disposées à payer par pièce, ce qui pousse les salaires vers le bas. Vous devez contrôler vos multinationales, si vous voulez aider les travailleurs du textile. »

L’organisation

Le point faible du mouvement, c’est qu’il n’a pas de direction unifiée. Au Bangladesh, il y a 6 000 syndicats, en concurrence les uns avec les autres, avec peu de cotisations syndicales. L’argent provient surtout d’Europe ou des USA, et c’est la lutte pour recevoir ces fonds.

Le parti communiste anglais (journal Morning Star), plutôt réformiste, soutient la lutte des ouvriers du textile, mais ne soutient pas leurs actions les plus radicales. Les vrais communistes ne peuvent seulement se battre pour de bons salaires, ils donnent pour but au cours de la lutte la construction d’une autre société, et l’histoire a prouvé que cela ne se fera pas de façon légale et pacifique.

Des partis maoïstes, liés à la guerre populaire en Inde, participent à des actions armées, comme le PBSP MUG- Bangladesh, mais nous ignorons comment le lien entre la lutte des travailleurs du textile et la lutte armée est fait. Les travailleurs du textile du Bangladesh ont appris rapidement dans la lutte de classe, la légalité, l’illégalité, la résistance à l’Etat, comme on peut en apprendre tout une vie durant. On ne peut se contenter de dire qu’il faut lutter, il faut passer à une autre étape contre les multinationales mondialisées. Soutenons la lutte des ouvriers du textile au Bangladesh. Vive l’internationalisme prolétarien.
(d’aprés le journal Morning Star et « Echanges et mouvement »)

Salaire mensuel d’ouvriers du vêtement dans différents pays d’Asie (en dollars)
Chine 300
Inde 106
Vietnam 92
Pakistan 116
Sri Lanka 92
Bangladesh 25 (actuellement)

L’Institut d’étude du développement de Bangladesh observe :
Quand le prix du produit est de 100 taka, la plus-value due au travail est de 31 taka.
Le propriétaire emporte 24 taka et les ouvriers reçoivent 7 taka.
Et sur la moyenne d’un an entier, un ouvrier du textile par son travail rapporte 2500 dollars US.
L’ouvrier obtient seulement 700 dollars, 1800 dollars entrent dans la poche de propriétaire.
Le taux d’exploitation de l’ouvrier est de 257 %.

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