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Sans-papiers à Vitry : le point sur la lutte
Le 3 janvier, une cinquantaine de travailleurs du Collectif des Travailleurs Sans Papiers de Vitry ont occupé, pendant une journée, le Centre des impôts de la ville d’Ivry, la commune voisine. La demande était simple : la régularisation de tous les sans papiers, à commencer par ceux du collectif, et la levée des OQTF (ordre de quitter le territoire). Comme l’an dernier à Vitry, le choix du Centre des impôts a été fait pour mettre au grand jour l’hypocrisie de l’Etat. Les Sans-Papiers travaillent, payent des cotisations, payent des impôts... L’Etat encaisse, et sème la terreur en arrêtant, emprisonnant et expulsant.
Partisan a interrogé un camarade de VP qui anime le collectif.
- Nous sortons d’une défaite sur la question des retraites. Toutes les organisations de sans-papiers connaissent des grosses difficultés. Pourquoi avez-vous décidé de faire une occupation malgré ce contexte défavorable ?
Le collectif déclinait depuis des mois. Des camarades se décourageaient. Certains se tournaient vers la CGT, grâce aux quelques résultats obtenus suite à l’occupation de la Cité de l’Immigration. Les nôtres de résultats étaient très faibles. Nous avons gagné seulement huit titres de séjour provisoire avec droit au travail sur 130 demandes. Pourtant le collectif et notre comité de soutien avaient mis une énergie énorme pour tenir tout un campement pendant trois mois l’an dernier, devant le Centre des impôts de Vitry. Et puis la préfecture a réussi à nous détourner sur du travail administratif pendant près d’un an. D’abord par la constitution des dossiers, puis par les actions en justice pour contrer les OQTF. A cela s’ajoutaient les alertes permanentes en cas d’arrestation.
Alors, bien sûr, nous restions un collectif militant. Nous avons participé à toutes sortes de mobilisations. Nous avons accueilli la marche Paris-Nice. Nous sommes allés très souvent dans Paris rejoindre d’autres collectifs ou pour les manifs sur les retraites. Grâce à cette attitude, nous avons pu réussir une belle manifestation dans le Val de Marne, le 1er décembre dernier, avec le renfort de la CSP75 et du collectif des Oubliés de Baudelique. Nous avons relié deux lieux symboliques : le centre de rétention de Choisy et la préfecture de Créteil. 400 manifestants collés au centre de rétention et criant « Libérez nos camarades ! », c’était quelque chose de fort.
Mais nous savions que manifester ne suffit plus. On l’a bien vu avec la lutte pour les retraites. C’est pourquoi nous avons décidé d’occuper ce Centre.
Avez-vous reçu des soutiens ? Comment la Mairie s’est-elle positionnée ?
La clé de la réussite de ces occupations, c’est la discrétion. Donc les soutiens potentiels ne sont pas forcément disponibles le moment venu. Quand même, quelques militants sont venus nous retrouver pendant l’occupation et un rassemblement s’est tenu le soir même devant le Centre, après notre sortie. Il y a eu une centaine de personnes en comptant 70 à 80 sans-papiers. Avec la Mairie, PCF, c’est compliqué. Officiellement elle nous soutient. Mais le maire s’est positionné de façon très hostile lors d’une réunion en Mairie. C’est classique. Elle s’affirme progressiste, tout en gardant un oeil sur l’électorat petit blanc raciste. Ce qui n’empêche pas certains militants PCF de nous soutenir plus franchement.
Finalement qu’avez-vous obtenu ?
En terme de régularisation, c’est un peu tôt pour le dire. Nous avons obtenu un rendez-vous avec le nouveau préfet et l’engagement de réexamen de l’ensemble de la liste. C’est ce qu’ils nous ont proposé pour obtenir notre départ. Nous saurons très vite si nous nous sommes faits berner.
Maintenant, cette occupation nous a redonné du courage. Des camarades sans-papiers qui s’étaient éloignés sont revenus. Des nouveaux arrivent. Nous étions déjà implantés dans un foyer d’Ivry, mais notre influence va s’élargir grâce à cette action. Nous avons retrouvé le goût du combat.

