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« Haïti est un laboratoire expérimental… »
Partisan N°244 - Janvier 2011
Grâce au travail sans relâche de nos camarades du NPCH et de Sentinelle du peuple, Partisan peut proposer à ses lecteurs le point de vue de la Résistance qui se construit jour après jour en Haïti…
La mascarade électorale
Le 2ème tour des élections est annoncé pour mi-janvier 2011. Le premier tour s’est déroulé dans les conditions épouvantables (choléra, fraudes) que l’on connaît. Seuls 22,8% des électeurs se sont prononcés. Qu’en disent nos camarades ?
Le processus avait été organisé de manière à éliminer toute nouvelle force politique ou sociale sérieuse et à même de se lever et de se dresser face aux rapaces. En définitive, le 28 novembre, la population a été appelée à choisir entre une politicienne aristocrate et adversaire du peuple, un ingénieur assassin et criminel, un musicien dépravé, et un notaire expert en blanchiment ! La mascarade électorale a coûté plus de 200 millions de dollars, l’essentiel provenant du blanchiment de l’argent de la drogue. Les responsables de chaque camp ont distribué des armes à leurs partisans à travers le pays. C’est la première fois en Haïti que, dans une élection, les candidats du pouvoir utilisent autant les voitures et les carburants de l’Etat. C’est la première fois qu’autant d’argent de la drogue, du crime, de la corruption est dépensé.
Quelle reconstruction depuis le séïsme ?
Le tremblement de terre a servi de prétexte pour précipiter le pays sous le joug d’une tutelle bien amère : on divise le pays avec une élection mascarade, en lui faisant miroiter une prétendue reconstruction importée, avec l’objectif de le faire tomber dans une nouvelle forme de colonisation que la communauté internationale est en train d’établir.
Historiquement les impérialistes US, français et canadien se partagent le pays. Et en mars 2010, lors d’une réunion des bailleurs de fonds aux USA, les trois pays occupants ont planifié comment « l’aide » allait être répartie. Depuis cette date, tous les grands industriels haïtiens savent avec quels industriels étrangers ils doivent se mettre en relation pour exécuter les travaux de la soi-disant reconstruction. Mais en France, nous voyons tous les jours à la télé la population lutter contre le choléra sous les tentes, dans des conditions d’hygiène épouvantables !
Quand le choléra est apparu...
Quand le choléra est apparu, les USA ont demandé aux Canadiens et Français d’étouffer l’affaire, mais grâce à certains progressistes, la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre sur tout le territoire : la rivière infectée est sous la juridiction des membres de la Minustah [1] dans le département de l’Artibonite. Cette base est sous la direction de la France, et l’on sait maintenant que ce sont les soldats népalais de la Minustah qui ont infecté le fleuve.
La Résistance<br
La Résistance, pas à pas, et de façon souterraine, se construit néanmoins. « La Communauté Internationale croyait pouvoir nous bouffer, glot glot, mais comme nous l’avons dit, même sous les décombres, nous combattrons pour avoir gain de cause. Le chemin est long, pas de problème, nous avançons à petits pas. Le soleil du socialisme passe par les tentes, par le choléra… »
Mais la Minustah ne va pas partir seule. Le combat contre les deux adversaires, le pouvoir de l’oligarchie Préval et la domination de l’impérialisme doivent être menés à l’échelle nationale et internationale. Pour cela :
1. Le peuple doit désormais renforcer ses capacités d’organisation et de mobilisation en remettant sur pieds dans tous le pays des comités de quartier et des brigades de vigilance conséquentes.
2. Dans les quartiers populaires et dans les communautés rurales, le peuple doit identifier et placer sous contrôle toutes les chimères, tous les kidnappeurs et autres grands criminels que le pouvoir et la Minustah vont chercher à utiliser contre lui.
3. Les manifestations et grèves doivent être bien préparées et organisées : les revendications doivent être basées sur les intérêts fondamentaux du peuple et ces mouvements doivent se dérouler en même temps.
Nos perspectives pour demain : Seul un Etat national, démocratique et progressiste pourra retirer le pays des griffes de l’impérialisme, de l’oligarchie, et des politiciens serviles.
POEME d’un poète haïtien anonyme
ILS SONT LE CHOLERA DU MONDE
La nuit est mauve dans mon cœur
Les troncs noirs sur le soleil couchant
Il pleut dans mon âme
Les branches mortes gouttent
Sur la terre rouge
L’heure est tendre et triste
Mon corps gît au sol
Jeté par les soldats
Des forces internationales
Venues de partout
Pour nous sauver de la vie
Pour nous assassiner
Pas de sépulture
Pas de pitié
Pas de regrets
Ne m’oublie pas mon ami
Mon camarade
Prolétaire du monde
Mais surtout n’oublie pas
Que ces soldats sont là aussi
Pour préparer ta mort
Comme ils ont organisé la mienne
Pas de haine pas de regrets
Mais n’oublie rien
N’aie pas de pitié pour cet ordre inique
Qui opprime et qui tue…

