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Combattre le sexisme d’aujourd’hui !

La crise aggrave la domination des femmes : elles entrent et sortent du travail salarié en fonction des besoins du capital (tantôt réquisitionnées pendant les guerres, tantôt renvoyées au foyer pour repeupler le pays). Quand les patrons ont besoin des femmes à la production, leurs droits augmentent d’autant plus qu’elles peuvent mieux s’organiser pour les obtenir. Avec la crise actuelle, le chômage augmente, le travail précaire s’impose aussi aux hommes aggravant le sous-emploi féminin.

En France particulièrement, resurgit un schéma traditionnel du « salaire d’appoint » pour les femmes et du mi-temps au foyer.
Cela convient aux capitalistes, qui ne veulent plus payer pour l’éducation. La suppression programmée de l’école maternelle a pour conséquence directe de renvoyer les femmes chez elles s’occuper des enfants. Idem pour la santé, où le droit à l’avortement est compromis par les réformes de l’hôpital. Par ailleurs, en l’absence de mouvement pour arracher concrètement l’égalité des salaires, la bourgeoisie se limite à réduire les inégalités concernant les femmes de la bourgeoisie : femmes de ministres dans les conseils d’administration des grandes entreprises, accès de femmes à des postes de pouvoir : Parisot au Medef, Dati et Yade au gouvernement, Bougrab à la Halde (Autorité de Lutte contre les Discriminations)... censées être le modèle de toutes.
Pour le reste, la domination est renvoyée aux rapports individuels dans la sphère privée, occultant l’exploitation indirecte des femmes par le capitalisme qui profite du travail domestique sans le payer.

De nouvelles pressions idéologiques pour le retour des femmes au foyer !
Avec la crise, les bourgeois doivent légitimer ce retour des femmes au foyer, et redéfinir un féminisme plus adapté à la période. On voit ainsi se développer un courant réactionnaire, fondé sur la famille comme nouvelle « réussite sociale », aux valeurs naturalistes de la maternité et de l’allaitement obligatoire. Ce courant reprend de vieilles idées d’extrême-droite (épanouissement des femmes dans le foyer), en troquant la religion pour les nouvelles idées écolo-décroissantes (les couches lavables, etc…). Il se cache derrière une critique très light du capitalisme qui part d’une revendication légitime : ne pas passer sa vie au travail. Cette « libération des femmes » par le choix librement consenti du retour au foyer est la justification idéologique occultant les effets de la crise. Sa base sociale étant la petite-bourgeoisie altermondialiste, une caution « gauche » existe. Cela est renforcé par les discours médicaux favorisant la fusion entre la mère et l’enfant. Le féminisme bourgeois issu des années 70 est en crise,

Que veulent les femmes prolétaires ?

Le dépouillement de notre enquête ouvrière fait apparaître que si le sexisme révolte les femmes dans les boîtes, comme en témoignent nombre de luttes contre le harcèlement, les petits-chefs (très souvent hommes), il en va autrement dans la sphère privée. Combien de femmes font le choix du travail de nuit pour s’occuper des enfants, combien ne sollicitent pas leur conjoint pour garder les petits afin d’ aller à une réunion et préfèrent s’organiser avec les copines à l’usine ? Penser que les femmes sont forcément révoltées par leurs conditions de vie et par le sexisme, c’est idéaliser la classe ouvrière. Ce qui est clair et révoltant dans la taule, ne l’est pas nécessairement en dehors. L’aliénation ne s’arrête pas à la porte de l’usine, on ne la range pas au vestiaire comme sa tenue de travail...
Remettre en cause le non-partage des tâches domestiques n’a rien de spontané ou facile. Si l’éducation des enfants est mieux partagée, elle repose encore largement sur les femmes, la division sexuelle du travail est tenace. Accepter de lâcher prise en la matière, c’est se défaire d’une éducation et de dogmes idéologiques millénaires, ça ne se fait pas comme ça. On ne peut pas faire comme si cette conscience était acquise.

Ne laissons pas la bourgeoisie instrumentaliser la lutte des femmes à son profit !
Aujourd’hui plus que jamais, les bourgeois utilisent les droits des femmes pour légitimer leurs guerres impérialistes, pour stigmatiser la fraction immigrée du prolétariat et pour cacher la réalité ouvrière et de classe des luttes des femmes. Dans le monde, nous soutenons des mouvements de femmes comme RAWA en Afghanistan qui se battent sur un double front, contre les fondamentalistes et contre les impérialistes qui occupent leur pays. De même au Népal, nous soutenons le mouvement révolutionnaire où le rôle des femmes est prépondérant. Nous nous opposons à la surenchère raciste contre le prolétariat immigré. Qu’on soit française ou immigrée, l’éducation des filles reste principalement tournée vers la tenue du foyer. Néanmoins le prolétariat de France est multinational, et notre travail politique doit prendre en compte des inégalités inhérentes au développement inégal du capitalisme lui-même. La France est une démocratie bourgeoise et laïque depuis très longtemps, quand la plupart des pays qu’elle a colonisés ne voient le début de leur émancipation que depuis vingt ou trente ans. Cela implique de ne pas nier ces différences dans l’éducation des travailleurs tout en les remettant à leur juste place.

Nous voulons une politique féministe pour un prolétariat multinational et qui fasse le lien entre tous les aspects de l’exploitation. Nous ne posons pas comme principale la déconstruction des genres ou des rôles sociaux, car ce serait ne voir que l’aspect politique et idéologique de la domination (certes très violent !) et laisser croire qu’il pourrait y avoir une libération dans le cadre du système. De même, nous luttons contre le féminisme réformiste dont le seul projet est l’acceptation du système derrière une égalité formelle. Nous voulons donner les moyens politiques et collectifs aux femmes du peuple de s’affirmer, et parler des contradictions tous ensemble car les hommes eux aussi ont besoin de s’émanciper.

Lutter pour l’émancipation des femmes, ce n’est pas diviser mais au contraire construire l’unité de la classe. Pas de libération des femmes sans libération socialiste, pas de libération socialiste sans libération des femmes.
Militant-e-s VP

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