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A bas la guerre impérialiste contre la Libye ! Soutien au peuple libyen !

Avec les mêmes justifications qu’en Irak, en Afghanistan ou au Kosovo (libération des peuples, « transition démocratique », « défendre les vies des civils »), les forces impérialistes et leurs instances internationales interviennent militairement contre le régime dictatorial libyen. Mais l’histoire ancienne, comme récente, montre que ce type d’intervention ne répond qu’à l’objectif de sauvegarder les intérêts économiques et politiques de l’impérialisme, en contribuant à créer un nouveau régime qui restera soumis à ses intérêts.

Pendant des décennies, les puissances impérialistes qui interviennent aujourd’hui se sont désintéressées du peuple libyen et de ses souffrances. De tous les régimes autocratiques arabes, celui de Kadhafi a été le moins docile. Fort de ses réserves pétrolières, largement inexploitées, il négociait durement l’accès à ses ressources. En 2005, il avait accordé des contrats d’exploitation à trois sociétés américaines. Mais en début 2009, les journaux gouvernementaux exigeaient leur nationalisation afin d’imposer par cette menace un prix de pétrole plus avantageux pour le régime. Mais, il a accepté contre l’aide des impérialistes européens de se faire le garde frontière de l’Union européenne, et de participer à la traque des migrants voulant rejoindre l’Europe. Europe qui participe au pillage de leur pays.
Aujourd’hui en pointe dans l’engagement militaire, la France a été un des principaux fournisseurs d’armes à la Libye. Elles permettent aujourd’hui à Kadhafi de massacrer les révoltés. De 1973 à 1989, les gouvernements français de droite et de gauche ont livré 153 Mirages Dassault et 60 batteries de missiles Sol-air de Thomson CSF. En 2007, lors de la réception de Kadhafi à Paris, Sarkozy a tenté de lui vendre 14 avions Rafales, 35 hélicoptères Tigres, 60 véhicules blindés Renault Truck, ainsi que des missiles. Contre qui ces armes auraient-elles servi, sinon contre le peuple libyen ? Par ailleurs, un accord préliminaire de coopération nucléaire civile avait été signé. Il y a quelques mois, Patrick Ollier était encore à Tripoli pour faire aboutir des contrats.

La puissance des mouvements populaires arabes a contraint l’impérialisme à changer de tactique pour maintenir son contrôle de la région. Il doit paraître soutenir la volonté des peuples à plus de démocratie et de justice sociale, en appuyant la mise en place de régimes bourgeois à leur solde. L’impérialisme français et son gouvernement Sarkozy s’étaient particulièrement discrédité en soutenant jusqu’au bout Ben Ali. Cela avait profité à son concurrent américain. Alors que la résistance populaire semblait avancer inexorablement vers Tripoli, Sarkozy lui a apporté son soutien, espérant reprendre l’initiative vis à vis des USA. Mais la situation militaire s’est inversée. Le 14 mars, Kadhafi a menacé d’annuler tous les contrats pétroliers des sociétés occidentales, pour les confier à des sociétés chinoises et indiennes. L’intervention militaire devenait donc impérative, non pour sauver le peuple du massacre, mais l’accès des impérialistes occidentaux au pétrole libyen.

Les vies humaines, les droits de l’Homme, ces puissances n’en ont cure. Les colonisateurs d’hier n’ont pas bougé un pouce face au massacre des enfants, femmes, vieux et civiles lors l’intervention militaire d’Israël à Gaza. Ils continuent d’afficher leur amitié avec des régimes dictatoriaux, tel l’Arabie Saoudite et les émirats du golfe qui soutiennent l’intervention militaire. Le régime yéménite, alliée des USA peut donc massacrer des manifestants pacifiques en toute tranquillité.

La révolte en Libye s’inscrit dans le mouvement qui soulève les peuples arabes contre les dictatures et les régimes à la solde de l’impérialisme. Ces révoltes ne menacent pas seulement des dictateurs, mais aussi les intérêts impérialistes car les peuples veulent bien plus qu’un ravalement de façade de leur oppression. Ils veulent la démocratie, mais aussi la justice sociale et la fin de la domination impérialiste. Les peuples arabes sont contre l’intervention militaire et ses objectifs.

Pour rétablir leur contrôle sur toute la région, les impérialistes ont besoin d’endiguer les soulèvements populaires qui pourraient menacer leurs intérêts. Ils ont besoin de se les soumettre en s’affirmant comme « leurs sauveurs ». Ils craignent moins les dictateurs que les peuples qui se libèrent par eux-mêmes. Aussi, jamais ils ne les armeront contre les dictateurs. L’intervention impérialiste en Libye est donc aussi une offensive contre le mouvement de libération qui naît dans les pays arabes. C’est enfin, un avertissement donné aux régimes qu’ils soutiennent à plus de docilité.
La révolte en Libye est une révolte qui vient du peuple, de la jeunesse, des masses laborieuses, contre un système d’exploitation et de dictature représenté par le régime de Kadhafi depuis plus de 40 ans. Mais beaucoup de membres du régime passés à l’opposition tentent d’en prendre la tête. C’est sur eux que l’impérialisme s’appuiera pour mettre en place un régime qui lui assure l’accès aux champs de pétrole et aux autres richesses de la Libye.

Les objectifs évidents de l’impérialisme sont emballés dans le discours sur les « Droits de l’Homme ». Le PS soutient la guerre. En France, de la droite à la gauche, triomphe encore l’union nationale autour des intérêts de l’impérialisme français, au nom de la démocratie et du soutien aux peuples.

Nous affirmons :
Notre solidarité avec la révolte juste et courageuse du peuple libyen contre le régime de Kadhafi.
Notre opposition résolue à toute intervention armée qui pourrait conduire la Libye à la même situation désastreuse que l’Irak et l’Afghanistan.
Nous appelons le peuple, les travailleurs, les organisations ouvrières, démocratiques et anti-impérialistes à se mobiliser pour le retrait immédiat du dispositif militaire français dans la région, et à combattre toute union nationale.
Par ailleurs, nous déplorons l’incapacité dans lesquelles nous sommes, et sont les travailleurs et les exploités, d’apporter un soutien matériel à ceux qui au sein des ces mouvements refusent à la fois la dictature bourgeoise et la domination impérialiste. L’absence d’organisations des exploités, d’organisations communistes fortes, ici et dans les pays dominés, permet aux impérialistes de manipuler la légitime indignation populaire face aux massacres et aux répressions. Cette absence ne nous permet pas de concrétiser largement notre soutien en positif aux peuples en lutte. Il faut une organisation communiste et un mouvement de classe puissant, pour que les exploités ne soient plus sommés de choisir entre la peste impérialiste, pour arrêter les massacres, et le choléra des dictatures, au nom du rejet de l’agression impérialiste. C’est à la construction de telles organisations que nous travaillons, afin que les exploités puissent concrétiser une politique internationaliste et prolétarienne dans la lutte commune de tous les peuples contre l’impérialisme et pour le socialisme.

Arrêt de la guerre impérialiste en Libye
Soutien au mouvement de révolte des peuples arabes, pour la démocratie, la Libération sociale, et contre la domination impérialiste.
Droit de séjour et de travail à tous les travailleurs arabes fuyant la répression et la guerre !

OCML VP, Le 22 mars 2011

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