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Merde à la banalisation du FN !

Partisan N°247 - Mai 2011

Un changement dans la continuité
Le FN s’adapte. Bien sûr, il ne lâche pas son fond de commerce, le racisme, toujours présent en permanence. Mais le passage de relais entre le père et la fille est l’occasion d’un ravalement de façade. En réalité, Marine Le Pen est plus dangereuse. Trois exemples
Le FN fait maintenant dans le social. Sans jamais attaquer les patrons et le capitalisme, il faut le faire. D’autre part, il prend le virage de George Bush avec dix ans de retard : l’ennemi n° 1 devient l’islamisme, ce ne sont plus les Juifs. Et cette lutte se fait au nom de la laïcité et de la République, c’est nouveau. Ceci dit, le fond n’est jamais loin, et Madame Le Pen déclarait encore, dans « Présent », le 22 décembre : « Quelle autre religion que la nôtre fait la promotion de la liberté individuelle ?... [il faut] rechristianiser en quelque sorte notre pays ».
Encore un exemple, dans le chapitre social : les retraites. « Remettre la France au travail », « abolir les 35 h » et « la retraite à 65 ans » ont été mis en sourdine en 2010. C’est devenu « le droit de partir à 60 ans » (le « droit », comme le PS !). Mais les retraites complémentaires par capitalisation sont restées.

Le fond de commerce
La vitrine change, mais le produit est le même. Et voici un moyen mnémo-technique pour le résumer : national, socialisme, et machisme.
Le nationalisme, on voit. C’est le racisme, « l’immigration massive » et la « mondialisation ». Avec un refus de l’Europe et la volonté d’un retour au franc. « Socialisme », c’est déjà plus étonnant, mais c’est cet affichage d’une prise en compte des problèmes des « Français (de souche...) ». Avec là encore, une autre contradiction entre la recherche d’un Etat fort, et la défense de « l’initiative et l’esprit de conquête économique ».
Et le machisme. Le Planning familial accusé d’être « une structure d’incitation à l’avortement », qu’il faut au contraire « dérembrouser » (réservé aux riches !) et « tenter de ramener jusqu’à zéro ». Une nostalgie de la femme au foyer s’exprime dans la revendication d’un SMIC pour celles (et pas ceux) qui élèvent leurs enfants.

Le contexte et la solution
Le contexte de crise économique et politique est favorable à la montée du national-socialisme comme à celle du communisme révolutionnaire. C’est l’aiguisement des contradictions. La recherche de solutions peut mener à une politique réactionnaire petite-bourgeoise comme à la politique ouvrière. C’est une lutte, d’abord idéologique, mais destinée à devenir une lutte pure et simple !
La démagogie « sociale » et le nationalisme sont une large constante bourgeoise. Le Pen aboie, mais le pouvoir Sarkozy mord ! La liste est longue des thèmes et des points de programme du FN repris par le pouvoir en place, et en quelque sorte légitimés. La banalisation du FN vient d’abord de cette banalisation en-dehors du FN.
Et la bourgeoisie ne s’arrête pas aux portes de l’UMP. Quand Martine Aubry dit : « J’ai honte pour la France », en parlant de Sarkozy, elle s’inscrit dans le nationalisme. Et ce n’est pas un hasard si des frontistes aiment se réclamer de Georges Marchais et du « Fabriquons français » du PCF.

Le FN est un parti qui attaquent les immigrés et pas les patrons. Mais quel parti ne défend pas « la France », s’attaque vraiment au capitalisme, et rassemble les travailleurs autour de la classe ouvrière multinationale ? Entre la préférence nationale et la solidarité ouvrière, il n’y a pas de troisième voie. Un « front républicain » ? Mais la « République » est devenue la vitrine du FN !
Marc Crespin

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