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1968 : Opération stades

Partisan N°247 - Mai 2011

En France, la bourgeoisie se prétend démocratique, mais quand son pouvoir est en danger, son vrai visage apparaît. En 1942, la police française parquait les juifs dans des stades. L’idée de parquer la population n’est pas nouvelle.
Ainsi, en mai 1968, les barbouzes gaullistes et anti-communistes du SAC (Service d’Action Civique) menèrent des opérations contre les militants progressistes par des agressions, des menaces de mort. Le SAC se constitue, avec l’aide de la police, des fichiers de renseignement sur les militants. A la fin du mois de mai, une grande rafle est programmée. Les armes sont distribuées aux barbouzes et autres extrémistes de droite, des cars sont réquisitionnés. 52 400 personnes, délégués syndicaux, militants communistes ou révolutionnaires, etc, dans 41 villes, sont sur le point d’être arrêtés en pleine nuit et internés... dans des stades. En 1974, le journal Libération a publié un document daté du 24 mai 1968, comportant une liste, fournie par la DST (Direction de la Sureté du Territoire), de noms et d’adresses de militants marseillais “à regrouper” dans le Stade de l’Huveaune et dans le Stade Vélodrome. Mais si De Gaulle était pour la manière forte, Pompidou, plus intelligent, misait sur les réformistes. Le premier ministre de De Gaulle organise des négociations avec la CGT et le PC (quelques augmentations de salaires et des élections anticipées). Le 31 mai, la droite réussit une grande manifestation contre la « chienlie » (les grévistes). L’opération d’internement n’est plus utile, place aux élections !
En 1982, suite de la “tuerie d’Auriol”, dans laquelle l’un des responsables du SAC, l’inspecteur Massié, sa femme, ses enfants et d’autres membres de sa famille ont été sauvagement massacrés par un commando, le SAC fut dissous. Mais les groupes fascistes ou paramilitaires peuvent être dissous, d’autres se reconstituent. Ces groupes sont toujours liés à l’appareil de l’État. Les communistes doivent se préparer à les affronter. Le pire ennemi, c’est de sous-estimer l’adversaire.

« B comme Barbouzes », de Patrick Chéroff, Ed. Alain Moreau, 1975

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