Vous êtes dans la rubrique > Archives > « La situation des classes laborieuses en Angleterre »

« La situation des classes laborieuses en Angleterre »

Partisan N°248 - Juin 2011

Lorsqu’il écrit La Situation des classes laborieuses, Engels a 24 ans. Il est issu d’une famille de riches cotonniers de Barmen, en Rhénanie, région industrielle d’Allemagne. Il va à Manchester, un des plus grands centres textiles d’Angleterre. Il y voit des dizaines de milliers d’ouvriers vivant dans les quartiers périphériques de la ville. Comme l’écrit Lénine, « Engels ne devint socialiste qu’en Angleterre ». Après son travail, il se rendait dans les quartiers ouvriers où il menait l’enquête.
Quelle est cette classe ouvrière qui naît du capitalisme ? Quelles sont ses conditions de vie et quelles sont les attitudes individuelles ou collectives qui prennent racine dans ces conditions matérielles ? Il examine ces questions au regard de l’examen des effets de l’industrialisation et de la transformation urbaine capitalistes « avec l’invention de la machine à vapeur et des machines destinées au travail du coton. On sait que ces inventions déclencheront une révolution industrielle... ».
Engels assigne des causes technologiques. Il note une double tendance centralisatrice, la concentration de la population accompagne celle du capital : « C’est là que la concentration des biens atteint son plus haut degré révélé, que les mœurs et conditions de vie du bon vieux temps sont les plus radicalement détruites... ». Il utilise la méthode de Marx : éclairer le passé à partir de l’actuel.
Engels décrit la ville : « Ne doivent-elles (les personnes) pas finalement quêter ce bonheur par les mêmes moyens et procédés ? Et cependant, ces gens se croisent en courant, comme s’ils n’avaient rien de commun... ».
Foule solitaire, atomisation, aliénation, les rapports de production marquent cette ville de son emprunte. C’est « la guerre sociale, la guerre de tous contre tous est ici ouvertement déclarée ». Les plus forts, les capitalistes s’approprient tout. Ceux qui n’ont rien, « la police veillera à ce qu’ils meurent de faim d’une façon tranquille, nullement blessante pour la bourgeoisie ». Dans toutes les villes les travailleurs sont traités avec barbarie. Il explique que l’ordre capitaliste engendre le chaos urbain.
Mais la ville bourgeoise est ségréguée de façon rigoureuse, « construite d’une façon si particulière qu’on peut y habiter des années, en sortir et y entrer quotidiennement, sans jamais entrevoir un quartier ouvrier ni même rencontrer d’ouvriers... ». Dissimulés, l’exploitation et le résultat de l’exploitation.
Le processus mondial d’industrialisation-urbanisation a été généré depuis ce que Engels a vu et analysé. La société dissimule et rejette ses ouvriers, actifs ou usés, sa partie active, pollution, surpeuplement. Engels a cette phrase : « La façon dont est satisfait le besoin d’abri est un critère pour la façon dont le sont tous les autres besoins. »
La guerre de tous contre tous se concrétise pour ceux qui n’ont plus rien par le vol, le pillage, l’assassinat. Guerre pour la vie, l’existence. Pour Engels, il n’y a pas place pour le moralisme : « Les grandes villes sont les foyers du mouvement ouvrier ; c’est là que les ouvriers ont commencé à réfléchir d’abord à l’opposition entre prolétariat et bourgeoisie... », donc à la division sociale du travail.
L’abolition de l’opposition ville/campagne est seulement possible dans une société communiste. Il y a nécessité de nouveaux rapports de production, donc un autre mode de production, pas d’une simple volonté écologique ou autre.
La ville, c’est un lieu de rencontres, de concentrations, c’est là que s’ébauchera la nécessité de la suppression de la propriété privée, l’abolition de la famille, la fin des « loisirs ». Quand les prolétaires seront dégagés des contraintes du travail, le travail libre sera l’unité de temps.

Résumé par Valentin

Soutenir par un don