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Filières pro : Agissons dans une logique révolutionnaire !

Depuis des années on assiste au démantèlement de l’enseignement professionnel. En 2009, le passage au Bac pro 3 ans (au lieu de 4) s’est traduit par des classes surchargées, des suppressions de postes, un baisse de 25% des enseignements alors que l’exigence de niveau est restée la même. L’enseignement se voit ainsi accéléré, dégradé, augmentant le taux d’échec et d’abandon des élèves. Les jeunes sont regroupés comme du bétail dans des cours communs qui ne tiennent pas compte de leur niveau et de leur cursus. Encore une fois, ce sont les élèves issus des classes populaires qui font les frais des réformes de l’éducation, et ceci dans l’indifférence générale. Ce sont déjà les mêmes qui depuis l’école primaire se retrouvent face à des enseignants non formés, dans des écoles vétustes et dans des classes surchargées qui ne tiennent pas compte des difficultés de certains élèves ! Arrivés au lycée, ils se retrouvent confrontés au manque de place dans certaines sections, à l’inscription sur des listes d’attente qui souvent débouche sur une réorientation vers une filière non choisie, voire sur un abandon et donc une sortie pure et simple du système scolaire !

Cette année, un nouveau cap est franchi : on nous parle de suppressions de filières au profit de l’alternance et de l’apprentissage. Cela signifie que les élèves n’ayant pas les moyens financiers de suivre une formation scolaire dans une autre ville n’auront pas d’autre solution qu’une "formation" chez un patron, avec tout ce que cela implique : entrée dans le monde du travail à 15 ans, en étant une main d’oeuvre bon marché et très malléable. Ces jeunes se retrouveront mis en concurrence pour trouver une entreprise, à la merci d’un patron qui ne leur enseignera pas le droit du travail et le savoir nécessaire pour pouvoir se réorienter. Ainsi, on impose l’ignorance aux classes populaires et on les maintient dans une précarité grandissante ! De plus, le niveau de formation professionnelle reçue variera d’une entreprise à l’autre, accentuant la concurrence et les disparités entre apprentis. Et n’oublions pas qu’un patron n’est pas un professeur : que peut-il enseigner concernant les matières fondamentales (français, maths...) ? Enfin, en cas d’abus de la part de l’entreprise ou de conflit avec le patron, quel recours aura l’apprenti s’il se voit menacé d’être mis à la porte, mettant ainsi fin à sa formation ?

La logique de l’Etat est claire : faire des économies en transférant l’enseignement professionnel au secteur privé. On verra alors fleurir des écoles de formation payantes assurant des débouchés, face à des écoles de formation bon marché conduisant les jeunes droit au chômage, via un enseignement "discount". Ainsi, les amis bourgeois des dirigeants se feront encore un peu plus d’argent sur l’avenir de la classe populaire, tout en accentuant son exploitation ! Nous devons refuser cette logique et revendiquer le droit à une formation gratuite et de bonne qualité !

On entend souvent des syndicats et partis politiques parler de "défense du service public" et de l’"école de l’égalité des chances"... N’est-ce pas ce même "service public", au nom de cette même "égalité des chances" qui depuis des décennies envoie constamment les jeunes issus des classes populaires vers des formations courtes et professionnalisantes alors que les classes prépa et les grandes écoles restent réservées aux bourgeois ? Et que penser du coût d’une année scolaire alors que l’école se veut "gratuite" ? Le service public de l’Etat bourgeois n’a qu’une fonction : reproduire les inégalités sociales face au savoir et faire en sorte qu’un enfant d’ouvrier deviennent ouvrier à son tour. En favorisant l’apprentissage et l’alternance, il ne fait que poursuivre cette même logique, tout en assurant des profits à ses amis financiers et une main d’oeuvre précaire à ses amis industriels. Une réelle école gratuite et égalitaire n’est pas possible dans un système capitaliste, dont l’oppression de classe est le moteur !

A Limoges, le lycée Saint-Exupéry a fait les frais de cette logique de privatisation, à travers l’annonce de la suppression du CAP peinture en carrosserie, section qui fait le plein chaque année, assure une bonne insertion professionnelle et qui est nécessaire à toute poursuite en BAC pro. _ Face à cette injustice, parents d’élèves, lycéens et personnels se sont mobilisés pendant des semaines, à travers des blocages, des piquets de grève, des manifestations, des pressions sur le rectorat... et ceci sans relâche jusqu’à l’obtention de la réouverture de la section ! Des victoires sont possibles, cette lutte nous l’a montré ! Et c’est en descendant dans la rue que nous vaincrons ! Face à la logique bourgeoise de privatisation de l’enseignement, défendons nos filières, défendons nos sections, défendons notre avenir et nos conditions de travail ! Et ce ne sont pas les élections de 2012 et les jeux de pouvoir qui amélioreront les intérêts des classes populaires ! Si nous ne réagissons pas nous-mêmes, dans une logique révolutionnaire et de façon solidaire, nous laissons se perpétuer un système qui aggrave sans cesse plus nos conditions de vie et notre oppression !

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