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Maquisards allemands contre Waffen SS français

Partisan n°91 - Juin/juillet 1994

Le 5 juin au Collet de Dèze, les maquisards tendirent une embuscade aux Waffen SS spécialisés dans la chasse aux résistants qui circulaient dans trois voitures. Sur 17 SS, seuls 3 en réchappèrent. Le lendemain un paysan put dire au chef du groupe "avec nos camarades allemands, nous avons battu les Boches". Ainsi fut liquidé un commando SS qui utilisait sa connaissance des lieux, se faisant passer pour maquisards, pour piéger les résistants, et ensuite leur faire dévoiler sous la torture caches, planques et lieux de rendez-vous. Ainsi quatre agents de liaison allemands du maquis dont 2 femmes furent arrêtés et torturés. Les femmes après leur torture furent avec 30 autres résistants, jetées dans un puits de mine.

 

La grande amitié franco-allemande, les conciliabules entre Mitterrand et Kohl, la coopération plus ou moins étroite entre les deux impérialismes aujourd’hui réconciliés, le prochain défilé de l’Eurocorp, n’ont que faire de la fraternité des anti-fascistes français et allemands. Le 14 juillet 1994 des soldats allemands vont défiler sur les Champs Elysées. Français ou Allemands, ils ne sons que les gardiens de l’ordre impérialiste.
Mais le 4 septembre 1944, la 104ème compagnie du Sème bataillon FFI, constituée pour l’essentiel de partisans allemands, défilait dans Nîmes libérée. Ce fut même un Sarrois qui décrocha du fronton de la caserne Montcalm, le drapeau à croix gammée.

 

Personne ne commémorera cette amitié et cette fraternité qui n’a pas attendu que les bourgeois allemands ou français trouvent le terrain d’une entente intéressée. Personne ne commémorera cette fraternité, car ni les bourgeois français, ni les Allemands n’aiment les traîtres, du moins ceux qui osent trahir leur État, Leur bourgeoisie, pour rester fidèles aux véritables intérêts des peuples.

 

Ces Allemands qui avaient quitté leur pays après l’incendie du Reichstag, organisé par Hitler qui en imputa la responsabilité aux communistes pour justifier l’interdiction de toutes les organisations de gauche, étaient à ta fin des années 30 aussi des indésirables en France. Pensez donc, beaucoup avaient aussi combattu le fascisme en Espagne. Et quand ils refluèrent après la dissolution des Brigades Internationales, le gouvernement français les parqua dans des camps pour mieux les contrôler.
Lors de la déclaration de guerre, ces anti-fascistes voulurent s’engager dans l’armée française pour combattre les nazis. Cela leur fut refusé, et il leur fut proposé de s’engager dans la Légion, ce qu’ils ne pouvaient accepter.

 

Après la défaite, ils furent regroupés en zone sud dite "libre" où, toujours dans des camps, ils servaient de main d’œuvre dans des entre-prises locales ou comme bûcherons. Lorsqu’en novembre 1942, l’année allemande occupa la zone sud, parqués et lichés sous leur véritable état-civil, ils devenaient une proie facile pour les nazis. La plupart s’évadèrent des camps et rejoignirent avec l’aide de la résistance les maquis où ils s’organisèrent, équipés par les paysans d’armes de la première guerre mondiale.

 

Regroupés sous la direction d’un ancien député communiste au Reichstag, Otto Kühne, ils rejoignirent dans les Cévennes la brigade Montaigne, dont bientôt Kühne prit la direction.
Ils participèrent dans les Cévennes et les Causses aux nombreux affrontements de la résistance, puis à la libération de Nîmes, en tant que FTPE (France Tireurs Partisans Étrangers). Ainsi comme le rapporte un témoin : "Il y avait toujours chez eux une triple préoccupation, à savoir qu’ils ne voulaient pas compromettre la population, qu’ils voulaient bien sûr préserver leur unité aussi,mais ils ne voulaient surtout pas se désolidariser des maquisards français, leur camarades de combat. Or, c’était très difficile de concilier les trois. Et ils l’ont toujours fait en sacrifiant leur propre intérêt. (...) Ils choisissaient au fond de se sacrifier quand le commandant français, moins expérimenté qu’eux-mêmes, prenait un peu des décisions à la légère, inconsidérées".

 

G.F.

 

(Tiré de « Hommes et Migration » n° 1148 nov. 1991, page 30).

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