Vous êtes dans la rubrique > Archives > Pour Terra Nova, la classe ouvrière vire à droite
Pour Terra Nova, la classe ouvrière vire à droite
Partisan N°252 - Décembre 2011
La Fondation Terra Nova, a publié un rapport « Gauche : quelle majorité électorale pour 2012 ». Cette fondation est proche du PS et lui apporte ses idées.
Selon elle, il y aurait un « clivage opposant les classes populaires intégrées, travaillées par la peur du déclassement, et celles subissant la précarité, le chômage ou l’exclusion : habitants des quartiers populaires, minorités, jeunes peu qualifiées, femmes en situation fragile... ». Les classes populaires sont diverses, donc, pour la fondation, seuls ceux qui sont « intégrés » sont dignes d’intérêt. Les autres, les « outsiders », partagent les valeurs du FN contre les « assistés », les immigrés. Le responsable serait, après 68,« le déclin de la classe ouvrière », la montée du chômage, la précarisation, la perte d’identité collective et de la fierté de classe. Les difficultés de vie dans certains quartiers « donnent lieu à des réactions de repli ». Est analysé l’exercice de la gauche au pouvoir en 81, la rigueur en 83 ; on pourrait ajouter la liquidation de la sidérurgie et de nombreuses entreprises sous la gauche.
Le FN premier parti ouvrier ?
Ce qui est dominant chez les ouvriers, c’est l’abstention aux élections. Le vote pour le Non au référendum a été un vote de classe ; les travailleurs ont massivement voté (mais ce vote n’a servi à rien). En 2007, les ouvriers et les employés ont voté majoritairement pour Ségolène Royal, pour ceux qui ont voté. Environ 17% ont voté Le Pen. Le vote à droite d’une fraction de la classe ouvrière n’est pas nouveau, c’est souvent l’aristocratie ouvrière, les ouvriers des petites entreprises, ou dans les entreprises en voie de fermeture si il n’y a pas de délégués sachant sortir du débat contre « l’étranger qui prend tout ». Comme la fondation ne sait pas parler en terme de classes, elle parle en terme de valeurs « mœurs, autorité.. ». Un ouvrier peu avancé sur la question des mœurs serait un électeur du FN. Les classes auraient disparu, ou seraient trop éclatées, alors les « valeurs » seraient le seul marqueur économique. Bref, comme pour nos bons religieux, c’est la morale qui guiderait le monde.
Alors, qui est le peuple ?
Le peuple, ce serait les classes moyennes, en vérité la petite bourgeoisie supérieure. Toutes ces fractions petites bourgeoises ont une vision du monde « libérée » et en profitent : libre échange économique, soutien à un capitalisme légèrement régulé, foi dans le marché, avec un espoir que leurs enfants pourront avoir un avenir meilleur. Surtout pas ces prolos, supposés nationalistes et racistes. On retrouve là toute la peur des bourgeois des centres villes pour les banlieues, fatalement dangereuses. Pourtant c’est bien dans ces banlieues et dans les classes populaires que se mélangent les populations issues des différentes immigrations, pas dans les ghettos des centres villes. Actuellement, les cadres supérieurs représentent 47% des actifs sur Paris, et les ouvriers et employés environ 35%.
La politique du PS
Le PS a réussi ses primaires, se remettant au centre du jeu politique en faisant voter les couches moyennes. Ce sont elles qui seront les principales victimes de la crise, les ouvriers ont déjà été pressurés depuis les années 80, que ce soit la gauche ou la droite au pouvoir. Une partie de ces couches petites bourgeoises ont cru au « travailler plus pour gagner plus » de Sarkozy. Elles avaient voté « non », avec les classes populaires, contre le traité constitutionnel en 2005. Leur angoisse, c’est de finir déclassées et de rejoindre la classe ouvrière. Avec l’aggravation de la crise, elles voient les impôts et les taxes augmenter, les salaires à l’embauche diminuer, leurs enfants déclassés.
La classe ouvrière réactionnaire ?
La classe ouvrière n’est pas réactionnaire, elle est parfois divisée, du fait du lâchage dont elle a été victime par les réformistes PS et PC qui ont accompagné tous les reculs sociaux dés qu’ils étaient au pouvoir. C’est l’abstention qui domine, pas le vote FN. Les idées qui circulent dans la classe ouvrière vont de la recherche du soutien de l’État, indispensable quand on est dans la misère, à la fermeture des frontières, voir pour certains à un rejet de l’immigré, vu comme un concurrent dans la vente de la force de travail. Le PS fait la coure aux couches moyennes, pas à la classe ouvrière. On prendra comme exemple les employées du magasin Dia d’Albertville, en grève depuis 2 ans tous les dimanches contres le travail ce jour-là. Elles n’ont vu aucun candidat socialiste. Comme le dit une des employées : « Regardez, le travail du dimanche, ce n’est pas leurs souci. »
Ce que nous voulons
Que ce soit la fondation Terra Nova ou le discours « privé » de Pascal Terrasse, on voit que, pour le PS, la classe ouvrière n’a pas d’avenir en tant que classe, sauf inféodée aux classes bourgeoises, petites et moyennes. Ce n’est pas l’avenir que nous voyons pour la classe ouvrière. Elle doit diriger le processus qui rendra la société libre de l’exploitation et de la misère capitaliste. C’est pour cela que Voie Prolétarienne fait un travail politique en priorité envers la classe ouvrière et les mouvements populaires. C’est la classe ouvrière qui n’a que ses chaînes à perdre. On ne peut pas se contenter de s’indigner, il faut construire quotidiennement pour renverser cette société basée sur la concurrence et l’exploitation.
Valentin
