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Mondialisation et démondialisation : deux modalités du capitalisme

Partisan N°252 - Décembre 2011

L’actualité nous propose deux exemples (1) pour comprendre et éviter le piège des fausses solutions que certains nous proposent.
Premier exemple : Les « bouchers roumains pour abattoirs bretons ». C’est un exemple de dumping social à l’intérieur des frontières européennes. Nous pouvons comprendre le jeu du patronat pour mettre en concurrence des ouvriers dépendant de droits sociaux différents. Ces travailleurs européens mobiles sont dépourvus de toute autonomie : ni quittance de loyer, ni compte bancaire, ni papier officiel en France ! Comment alors être sûr qu’ils ont effectivement les mêmes salaires que leurs collègues bretons ? Des agences d’intérim fictives, gérent cette main-d’œuvre totalement captive. Leur patron en France ne paie pas les cotisations sociales, le droit social est celui de leur pays, au point qu’un syndicaliste n’a pas pu intervenir suite à un accident de travail.
Que retenir de cet exemple ? Cette Europe, dont on veut nous faire pleurer l’écroulement possible, est la pure jungle patronale dont les ouvriers de tous les pays sont les proies. L’union des gouvernements au sein de l’Europe protège et légitime tous les contournements de législation au titre du profit escompté. Les travailleurs se retrouvent piégés dans une concurrence féroce avec des collègues qui, souvent, ne parlent pas la même langue, et sont eux-mêmes sous le joug de trafiquants de main-d’œuvre à la façon des sans-papiers. D’ailleurs, nous dit -on, « ils remplacent les Africains ».

 

Deuxième exemple : Relocalisation probable de la production de Général Motors à Springhill, dans l’Etat du Tennessee, dont elle était partie dans le but de s’installer au Mexique.
Mais que s’est-il donc passé, et cette « relocalisation » est-elle une victoire pour les ouvriers américains ? Pas vraiment. En bref : en 2009, sauvée de la faillite par l’Etat (ça, on connaît aussi « chez nous » !), GM restructure, abandonne des modèles de véhicules, des salariés, tout ça c’est pareil, par milliers. La relocalisation s’annonce désormais possible car le coût de la main-d’œuvre à l’embauche a chuté vertigineusement. La plupart des salariés, nouveaux embauchés, gagneront 15 à 19 dollars, contre 29 pour leurs collègues du Michigan. D’ailleurs, alentour, tous les constructeurs automobiles proposent désormais des conditions d’embauche de 30 à 40% en-dessous des conventions collectives !
Qu’en dit le président des syndicats de l’automobile (UAW) ? « Pour réindustrialiser l’Amérique, on devra accepter des concessions. Mieux vaut travailler dans des conditions moins bonnes que pas du tout ».

 

Trois petites questions à partir de ces exemples :
- 1 : est-ce avec des relocalisations « low cost » que nous défendrons nos emplois ?
- 2 : est-ce en nous opposant à nos collègues européens de pays moins riches que le nôtre, et aux sans-papiers venus des anciennes colonies, que nous défendrons nos salaires et conditions de travail ?
- 3 : est-ce avec des syndicats qui raisonnent comme l’UAW que nous sortirons de l’impasse et de la guerre sociale où la bourgeoisie de tous les pays nous entraîne ?

 

Brigitte Clément

 

(1) voir Monde diplomatique et Le Monde, novembre 2011.

Montebourg, Mélenchon...

 

Montebourg a fait son succès aux primaires du PS avec l’idée de démondialisation. Mélenchon, du Front de Gauche, l’a rapidement rejoint, mais dès le premier tour des primaires socialistes, Montebourg appelait à voter Hollande. Démondialiser, c’est pour eux bloquer aux frontières les marchandises des pays qui pratiquent le dumping social. Une idée qui fait l’union de la Gauche ? Mais bloquer les frontières, c’est pas du Marine Le Pen, ça ?

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