Vous êtes dans la rubrique > Archives > Grèce : les coupables, ce sont les impérialistes et leurs amis (...)

Grèce : les coupables, ce sont les impérialistes et leurs amis !

Article de Partisan N°252 - Décembre 2011

Les Grecs sont-ils tous des voleurs ? C’est à peu près ce qu’on nous dit. Si certains Grecs ont bien volé, ce n’est pas le cas de la majorité. On parle aujourd’hui beaucoup de l’absence de cadastre en Grèce, de la fraude fiscale massive qui y sévit, de la « mauvaise gestion » budgétaire, du fait que les armateurs ou l’Église orthodoxe y soient exemptés d’impôt malgré les fortunes qu’ils ont amassées.

 

Mais depuis 1981, date d’entrée de la Grèce dans la Communauté européenne, tout cela ne dérangeait pas beaucoup la France ou l’Allemagne. Les pays impérialistes européens ont accepté (et encouragé) la corruption massive qui pourrissait l’État grec, car, en échange, pendant des années, celui-ci leur a laissé la porte grande ouverte, et ils ont pu y exporter tranquillement capitaux et marchandises.
Avec l’entrée du pays dans la zone Euro en 2001, l’industrie grecque ne pouvait plus être protégée par les taux de change monétaire, et les importations d’Europe occidentale ont laminé la production grecque. C’est à partir de de moment que la dette grecque s’est énormément alourdie, afin de pouvoir financer ses importations ; jusqu’en 2008, pour 1 dollar américain de marchandise exportée, la Grèce en importait pour plus de 3 dollars. Ainsi, depuis des années, les pays impérialistes ont prêté de l’argent à la Grèce pour qu’elle achète leurs produits, en sachant très bien que cela menait le pays dans une impasse économique.

Un pays ruiné par l’impérialisme

Le tourisme et la construction (dont les investissements massifs pour les Jeux olympiques de 2004 à Athènes) ont offert de beaux profits aux investisseurs français, allemands ou autres. L’armement aussi a eu droit à de beaux débouchés. La Grèce est la pays de l’UE dont le budget militaire rapporté au PIB est le plus important : entre 3 et 5% par an depuis le début des années 2000, contre 2,5% en France et 2,9% aux USA. On estime que l’armée grecque achète près de 13% de la production d’armes allemande ! Entre 2001 et 2008, le pays a connu un taux de croissance économique relativement élevé, mais basée uniquement sur la crédit et la spéculation.
Aujourd’hui, les puissances européennes font semblant de découvrir que l’État grec est faible, incapable de lever correctement l’impôt, qu’il ne pourra finalement pas rembourser ses dettes. Alors que pendant des années, banquiers et industriels de chez nous en ont bien profité. Ce qui arrive en Grèce est donc de l’entière responsabilité de l’impérialisme et de ses alliés locaux : les mafias politiques grecques de droite comme de gauche, les spéculateurs de l’immobilier, les armateurs, l’Église orthodoxe et l’armée, entre autres. Mais d’après les « plans de sauvetage » de l’Union européenne ou du FMI, ce n’est pas ceux-là qui payeront la facture de la dette, mais, comme partout ailleurs, ceux qui ont toujours payé leurs impôts, ont toujours travaillé, et n’ont pas profité de la « croissance économique » des années 2000.

Une économie aux fondations pourries

Finalement, d’après les plans, l’Église orthodoxe ou les armateurs ne payeront pas beaucoup plus d’impôt qu’avant. Les industriels de l’armement ont obtenu que le plan de rigueur n’entame pas trop le budget militaire grec, pour garder un débouché lucratif ; de plus, si la Grèce achète moins d’armes, ils craignent que les Turcs fassent de même ! Par contre, les salaires des ouvriers, employés et petits fonctionnaires ont été très fortement diminués, et leurs impôts vont augmenter.
Quelles leçons tirer de tout cela ? Premièrement, contrairement à ce que nous répètent journalistes et ministres, le peuple grec n’a pas vécu « au dessus de ses moyens », ce sont les impérialistes qui l’ont forcé a acheter ce qu’il ne pouvait plus produire par lui-même par leur faute, avec la complicité de la bourgeoisie et des gouvernements grecs. Deuxièmement, le mythe de l’Union européenne décrite comme une communauté harmonieuse de pays frères s’effondre : on voit clairement qu’il y a d’un côté des pays impérialistes qui décident politiquement et économiquement (principalement la France et l’Allemagne), et de l’autre les pays dominés qui leur obéissent pour leur plus grand malheur, dont la Grèce. Les médias ont bien montré que le « plan de rigueur européen » imposé à la Grèce, avait été, en fait, concocté par la France et l’Allemagne sans trop demander leur avis aux autres pays... Troisièmement, on comprend que l’économie capitaliste mondiale a des fondations pourries, celles de l’exploitation des uns par les autres, de la concurrence entre les uns et les autres. Les capitalistes cherchent le profit à court terme, car ils savent qu’à long terme leur système économique court au désastre, quitte à sacrifier des pays, des peuples, et une classe, le prolétariat.

 

Axel

Soutenir par un don