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Santé : le risque de « krach sanitaire »

L’aide médicale d’Etat (AME), seule structure d’accès aux soins pour les sans-papiers, subit de nouveaux reculs avec le décret du 17 Octobre 2011. Les trois dégradations sont les suivantes (1) :
1 : restriction du « panier de soins »,
2 : procédure d’agrément par les caisses d’Assurance-maladie pour les soins hospitaliers particulièrement coûteux,
3 : condition de stabilité et de résidence en France.
Médecins du Monde dénonce ces mesures qui s’ajoutent au droit d’entrée de 30 euros pour rendre l’accès aux soins quasiment impossible pour les sans-papiers.
Cette dégradation d’accès aux soins se poursuit en cascade : en juin 2011, c’est le droit au séjour des étrangers malades en France qui a été remis en cause par la loi Immigration intégration et nationalité. Dans les faits, depuis 2007 l’Observatoire du droit à la santé des étrangers a signalé l’expulsion de patients séropositifs vers l’Afrique sub-saharienne, au déni de tout respect du droit des personnes. Désormais, la pathologie grave ne protège plus le malade de l’expulsion si son pays affiche une « disponibilité de traitement », même si cette personne ne peut y accéder.
Or, nous le savons tous, la santé n’a pas de prix, mais elle a un coût. C’est ce coût que la bourgeoisie ne veut plus assumer, quitte à mettre en péril la santé du plus grand nombre. Aujourd’hui en effet, ce recul du droit des plus faibles - les travailleurs étrangers - constitue un signal d’alerte du recul de l’objectif de protection de la santé publique.
Avec les immigrés, les personnes les plus pauvres ou « citoyens de seconde zone » se trouvent de plus en plus écartés des soins, au point que l’on peut s’interroger sur les risques d’un « krach sanitaire ».

 

Danger : capitalisme !
Ce recul de la santé publique, qui s’accompagne de reculs semblables pour l’éducation des enfants de milieu populaire, porte un nom : c’est la paupérisation absolue. C’est « la loi de finances », une conception de la richesse qui est à l’opposé de la nôtre ; le privilège accordé aux critères des agences de notation pour estimer la qualité et la fiabilité de l’économie. Nous ne pouvons pas espérer qu’un sauvetage des « services publics » par la victoire de Hollande nous tire de ce mauvais pas. Une logique de l’économie s’applique ici, qu’il faut inverser : la vraie richesse est celle que nous produisons par notre travail. La vraie richesse c’est la protection de la santé, l’éducation, l’alimentation, le droit au logement et l’accès à la culture pour tous. Inverser la vapeur du capitalisme qui détruit tout cela s’impose. La première rupture doit aussi s’effectuer dans nos têtes. Ceux qui nous gouvernent prennent des responsabilités meurtrières, par exemple quand ils démantèlent les structures d’accueil et de soins aux plus démunis. Leur légitimité ? Tous les papiers en règle, pour trier, discriminer, éliminer, et finalement sacrifier la vie des prolétaires. Ne cédons pas à cette intimidation, construisons nos résistances, afin de pouvoir demain organiser la vie sociale selon d’autres valeurs.

 

Brigitte Clément

 

(1) Détail de ces mesures sur : gt.etrangers-immigres@ldh-france.org

Les jeunes
Quelques chiffres révélés par MdM dans son dossier sur le recul d’accès aux soins pour les plus démunis en 2011. Sur les 8.5 millions de pauvres que compte la France en 2011, 4 millions renoncent à se soigner, faute de moyens. Les situations de personnes en urgence sanitaire se multiplient, ce qui signifie qu’une personne sur 4 recourt trop tard aux soins. Et, fait alarmant, 30% de mineurs recourent aux services d’urgence associatifs, hors circuit Sécurité Sociale. Une crise humanitaire est annoncée par MdM qui nous informe du retour de maladies endémiques comme la rougeole et la tuberculose dont la propagation est souvent liée aux logements insalubres.

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