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Travailleurs, pour avoir la parole, organisons-nous !

Edito de Partisan n°253 - février 2012

La campagne électorale est commencée. Mais qui parle de nos problèmes d’ouvriers, de travailleurs exploités ? Et ceux qui en parlent,
quelles perspectives nous donnent-ils ? Crise, chômage pour les uns, exploitation accrue pour les autres. « Réformes » qui vont toutes dans le sens de la restriction de nos droits : accès aux soins, à l’éducation, à la retraite. Tout cela est déjà bien attaqué depuis des décennies et ça continue de plus belle. Mais qui s’exprime sur ces questions ? Qui dénonce ces attaques, à la télé ou à la tribune des meetings ? Est-ce nous, les ouvriers ? Non, la plupart du temps, nous n’avons pas accès au micro.

Ils nous saoulent de promesses vagues…

Sarkozy et Hollande sont tous deux des champions du libéralisme. Tous deux essayent de rassurer les membres de leur classe dont leur pouvoir dépendra : les capitalistes. Nous sommes nombreux à rejeter Sarkozy et sa politique, et nous le verrons avec plaisir prendre une veste. Mais Hollande ? Il veut rassurer par son ton conciliant, ses propositions insignifiantes. Mais rassurer qui ? Il a peur de choquer aussi bien les grands bourgeois de la finance et de l’industrie que la petite bourgeoise qui se reconnaît en lui. Entre Sarkozy et Hollande, c’est à qui en dit le moins sur ce qu’il fera, en attendant le faux pas de l’autre.

 

Ce que nous sommes, ce que nous vivons, ouvriers ou ouvrières, français ou étrangers, employés, ou précaires, chômeurs en galère, est autant étranger à Sarkozy et Hollande que la vie des citoyens de Papouasie. Mais ce qui les sépare de nous, ce n’est pas des milliers de kilomètres, c’est une distance encore plus infranchissable : une distance de classe.

 

Alors qui parle de nous ? Qui parle du peuple ? Qui dit à notre place ce que nous voulons ? A gauche du PS, il y a Mélenchon du Front de Gauche. « Place au peuple » dit-il sur ses affiches. C’est un tribun. Comme Georges Marchais, ancien dirigeant du PCF des années 1970, en plus habile. Il sait moucher les journalistes, soulever l’auditoire de ses meetings. Ses paroles trouvent un écho parmi beaucoup de travailleurs combatifs. Il parle du social… et veut renforcer le rôle de l’État capitaliste. Il veut protéger l’économie nationale et sanctionner les patrons voyous de la finance. Bref, il veut que l’État des capitalistes contrôle… les capitalistes.

 

A droite de l’UMP, Marine Le Pen parle aussi du peuple. Le FN a abandonné son discours ultralibéral pour endosser celui de la « défense » des travailleurs et de leurs droits. Elle aussi par le recours renforcé à l’État : un État plus répressif et chauvin que Mélenchon. Un État qui instituerait la préférence nationale et une discrimination renforcée contre ceux qui, parmi nous, sont étrangers.

 

Étatiques ou libérales, ces politiques se plient sagement aux contraintes de l’économie capitaliste. Les plus hardies rêvent d’une finance sous contrôle étatique, et d’un capitalisme industriel « vertueux ». Les champions de l’impérialisme français, les groupes Bouygues, AREVA (étatique), Lagardère et EADS, Dassault, Renault et PSA et tous les autres, peuvent dormir tranquille, ou plutôt exploiter tranquillement des milliers de travailleurs de par le monde. Aucun de ces candidats ne les dénoncera. Aucun de ces candidats ne les menacera d’une mesure quelconque contraire à leurs intérêts. La preuve : la reculade de Hollande sur le nucléaire sous la pression d’Areva. Ou Sarkozy qui promet une taxe sur les transactions financières… qui a déjà été votée en 2001 sous Jospin, mais jamais appliquée.

Pas de vraie parole ouvrière, de classe et internationaliste, sans organisation communiste

Quel candidat « sérieux » de la bourgeoisie serait assez fou pour s’attaquer à Bouygues qui contrôle TF1, à Dassault qui contrôle Le Figaro, à Lagardère qui contrôle un immense empire dans la presse et l’audiovisuel. Si les campagnes se gagnent à la télé, lequel d’entre eux serait assez téméraire pour attaquer ceux qui leur offrent une tribune et manipulent l’opinion ?

 

Les candidats d’extrême-gauche, on ne les entend pas. Il n’y a pas de mystère à cela. Pourquoi les médias de la bourgeoisie, qui leur ont donné une tribune dans des temps plus calmes, les mettraient-ils en avant en période de crise aggravée ? A Partisan, nous jugeons qu’ils répandent eux aussi des illusions quant aux conditions d’un véritable changement pour les exploités. Mais pour les capitalistes, ils ne jouent pas assez le jeu de la politique bourgeoise, alors que le Front de Gauche après ses coups de gueule se ralliera au PS. L’expérience passée de leurs succès électoraux est une leçon. Construire sur l’audience qui nous est concédée par les médias bourgeois conduit à être en grande partie leurs prisonniers ou à accepter leur jeu.

 

Nous ne voulons plus nous rallier à des tribuns bourgeois parlant à notre place. Nous voulons construire nos solutions, notre issue révolutionnaire à la crise. Pour cela, il nous faut renoncer à penser que la solution est dans l’État bourgeois, ou le nationalisme, voire le rejet de l’étranger. Il faut nous organiser, non seulement pour dire tout ce que nous rejetons dans cette société inhumaine, pour résister aussi, mais encore pour imposer « notre vraie parole de classe » contre le réformisme et le nationalisme.

Nous organiser pour construire notre avenir : le communisme

Nous organiser, non seulement pour dénoncer, ce que fait notre journal Partisan, mais pour construire et agir, ce que fait notre organisation. Si nous savons ce que nous ne voulons plus, c’est autre chose de comprendre qu’existent, aujourd’hui, les conditions matérielles pour que les hommes et les femmes travaillent tous et toutes, moins et autrement. Qu’il est possible de vivre libérés de l’exploitation. Comprendre que les seuls obstacles à cela sont le capitalisme et notre manque d’organisation face à la bourgeoisie.

 

Cette société que nous voulons et appelons le socialisme, sans que cela n’ait aucun rapport avec le PS, elle ne viendra pas toute seule, comme un fruit mûr tombe de l’arbre. C’est nous qui la construirons. C’est nous qui en serons les bâtisseurs et les bâtisseuses, mais aussi les architectes et les organisatrices, parce que nous aurons le pouvoir. Pour cela, nous devons, dès aujourd’hui, prendre nos affaires en mains, sans nous en remettre à ceux qui disent « place au peuple », pour se placer eux-mêmes. Prendre nos affaires en mains aujourd’hui, c’est nous engager dans une organisation communiste, avec la volonté de construire un parti qui soit celui des exploités, celui de l’avenir communiste.

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