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Notre enquête de 2010 : retour sur les points principaux

Nous notions l’importance de la question des conditions de travail dans la contestation du capitalisme. Ce n’est pas nouveau, mais avec la crise du capitalisme, les conditions de travail se dégradent, beaucoup n’en peuvent plus. La moitié des camarades enquêtés ont des horaires atypiques, la fatigue a aussi un poids sur la famille, ces horaires atypiques (nuit, demi-nuit, équipes, dimanche..) touchent beaucoup les femmes. C’est un point important dans notre critique du capitalisme.

 

La compréhension du capitalisme par les ouvriers combatifs et/ou avancés est pratiquement uniquement une compréhension politique, pas économique. Les sources de l’exploitation sont obscurcies par les médias (où d’ailleurs on n’en parle pas), le capitalisme devient quelque chose de lointain représenté par du personnel politique bourgeois. Il faut renforcer les explications sur les rapports bourgeoisie/prolétariat, l’exploitation, les conséquences pour notre classe, et aussi sur le gouvernement et l’opposition.

 

La critique du réformisme est bien limitée. On constate que le PS n’est pas complètement discrédité, comme il a pu l’être dans le passé. Par exemple en 1985, nous avions sorti une brochure « gauche = droite », ce qui semblait évident chez les ouvriers avancés à l’époque. Il y a recul à ce niveau. Pour séparer les éléments avancés d’avec le réformisme, il ne suffit pas de se contenter d’accumuler les critiques, mais de comprendre les aspirations réelles des masses combatives et/ou avancées à ce propos, il ne s’agit pas de faire un soutien critique à ces mêmes réformistes.

 

Les conditions de la révolution ne sont pas réunies. L’idée simple, qui fut populaire « il faut tout péter » ou « il faut le socialisme » n’a été portée que par quelques camarades durant l’enquête. Cette idée est en recul. Le « tous ensemble », la « lutte contre la division » sont, eux, très populaires. Il nous faut, pour arriver au socialisme, nous appuyer sur les aspirations (qui peuvent être réformistes, et d’ailleurs certains savent bien s’appuyer là-dessus) pour avancer une activité militante, c’est à dire à la fois porteuse d’un avenir communiste et en phase avec la période.
D’autres interrogations vont surgir de cette enquête, des certitudes ont été bousculées, nous pensons que les camarades enquêtés auront à cœur de poursuivre le débat avec nous.

Les « Français » sont en colère

 

Les médias bourgeois font aussi leur enquête. Le Monde du 21 décembre écrit « 2011 année des colères ». Nous voyons d’abord que l’enquête ne cible pas les exploités mais toutes les classes sociales sans distinction : « les Français ». Celles et ceux qui n’ont pas la nationalité sont ignorés. Malgré cela, est noté le fait qu’il a peu d’espoir dans les changements de gouvernement (comme nous le disions : pas d’alternative politique crédible). Les révoltes des peuples arabes, les « indignés » sont vus positivement.
Le journal poursuit : « Peur des délocalisations et des marchés mondiaux, tentation du local, repli identitaire et refus de payer pour les errements des autres, cette notion séduit désormais l’ensemble de l’échiquier politique. C’est un enseignement majeur de notre enquête. Avec Marine Le Pen, Arnaud Montebourg est l’autre grand gagnant de « l’année des colères » ». On peut noter que l’une a un parti à son service, l’autre n’est que le passe-plat de Hollande.
Que les puissants soient mis à mal, qu’ils paient plus de taxes, c’est l’avis de l’écrasante majorité. Mais en même temps, la peur des islamistes, du voile, est forte. La colère est grande contre les fermetures d’entreprises, les hausses (taxes, SNCF, essence...). On veut aussi un Smic plus élevé. C’est un terrain où le national-populisme peut servir de recours, « les gros contre les petits », « les immigrés qui ne s’assimilent pas ». A mettre en lien avec le retour du « fabriquons français ». C’est aussi un terrain où les idées communistes peuvent se développer, car « la colère » même juste n’est pas suffisante, il faut un débouché politique, une activité communiste importante dans les masses ouvrières et prolétaires.

 

Valentin

 

Voir aussi : Une enquête politique ça sert à quoi ?

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