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Les mines d’uranium tuent
Partisan N°253 - Février 2012
Le carburant de toute l’industrie nucléaire, civile ou militaire, c’est l’uranium. Ce minerai est naturellement présent dans le sous-sol de nombreux pays (Australie, Amérique du Nord, Russie, Niger, Congo, etc). Depuis plus de 50 ans, la France extrait l’uranium du sous-sol du Niger qui se trouve du coup au 4e rang mondial des producteurs d’uranium, derrière le Canada, l’Australie et le Kazakhstan. Le Niger est également l’un des pays les plus pauvres d’Afrique. En 2010 il occupait la dernière place de l’indice de développement humain publié par la PNUD (programme de développement des Nations Unies). Si on ne connaissait pas la nature du capitalisme et de l’impérialisme, on pourrait parler de paradoxe… mais à la lumière du marxisme, on parle de prédation.
L’extraction d’uranium : une catastrophe écologique
Pour chaque tonne de minerai d’uranium exploitable, il faut compter jusqu’à 2000 tonnes de déblai radioactif rejetées dans l’environnement. Le radon, un gaz radioactif libéré lors de l’extraction du minerai d’uranium, rend malades les mineurs et les habitants autour du site. Areva, la société française qui exploite l’uranium et les travailleurs au Niger, a sciemment sous-informé les populations locales et les ouvriers nigériens des dangers du radon les exposant à des dégâts irréversibles sur leur santé. Plusieurs rapports de la CRIIRAD et d’autres organisations ont mis en lumière ces exactions qu’Areva n’a jamais reconnues.
Nous l’avons déjà évoqué dans Partisan n° 246 d’avril 2011 : l’extraction d’uranium au Niger est un véritable poison pour la population. En plus des émanations de radon, cette extraction pompe et pollue de façon durable les nappes phréatiques, causant des dégâts considérables sur la santé des habitants. Il est estimé que cette pollution est responsable, dans les régions minières, comme à Arlit, d’environ 80% des maladies et d’un tiers des décès.
La violence économique
Afin de préserver la sécurité des installations d’Areva, l’armée française dispose en permanence au Niger de troupes stationnées. Sous le prétexte de lutter contre les groupes armés come AQMI (Al Qaida au Maghreb Islamique), le gouvernement dispose sur place de forces armées pour protéger les sites d’extraction d’uranium. De fait, les bénéfices engendrés attirent la convoitise, et l’enlèvement de salariés d’Areva est une pratique courante pour obtenir des rançons. Cela pose évidemment la question de l’indépendance du Niger face à la puissance impérialiste française qui pille ses ressources, exploite ses salariés, souille son environnement, le tout sous protection de forces armées qui s’apparentent à de véritables troupes d’occupation.
Jusqu’en 2009, la rébellion Touareg a également mis son grain de sel dans ce tableau en dénonçant la corruption du régime nigérien aux ordres de Paris et les pratiques scandaleuses d’Areva dans les mines d’uranium, réclamant une meilleure répartition des richesses.
Malheureusement le mythe d’une meilleure répartition des richesses continue à se perpétrer, et en attendant c’est le peuple nigérien qui trinque. Irradiation au radon pour les travailleurs, empoisonnement de l’eau et assèchement des nappes phréatiques pour les populations environnantes, famine et désertification pour l’ensemble du peuple, qui, sans organisation de résistance, voit ses ressources pillées, son environnement détruit, ses fils et filles exploités et son avenir compromis.
Areva n’est pas une simple société d’exploitation de l’énergie nucléaire, c’est une véritable machine de guerre, l’un des piliers de l’impérialisme français à travers le monde et, dans ce cas précis, un fléau pour le peuple nigérien qui est pourtant assis sur une mine d’or.
L’impérialisme français et tous les gouvernements, de droite comme de gauche, ont toujours défendu la sacro-sainte indépendance énergétique de la France. En voilà le prix réel de cette indépendance dont la note est toujours assumée par les pays écrasés. L’indépendance énergétique révèle aussi une vraie dépendance au minerai, ressource non renouvelable par excellence, qui force la France à une fuite en avant sans fin et à l’escalade de la violence et de l’exploitation pour extraire et garder la mainmise sur le précieux minerai. Le nucléaire n’a aucune perspective d’avenir si ce n’est la perpétuation de la barbarie.
