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Place au peuple ? Oui, mais par la révolution !

Edito de Partisan n°254 - Mars 2012

La campagne est commencée. Après un « terrible suspens », entretenu par la presse, sur la candidature de Sarkozy, le voilà officiellement candidat. Lui qui a si fort attaqué nos droits et nos conditions de vie, en appelle au « peuple ». C’est-à-dire nous. Et de l’extrême droite à la gauche, presque tous disent « pouvoir au peuple ». Mais pouvons-nous nous reconnaître dans le « peuple » dont ils nous parlent ?

A chacun son peuple !

Sûrement pas dans le peuple « ouvrier » que Marine Le Pen dit défendre par l’exclusion du droit à une vie « normale » d’une partie d’entre-nous. La démagogie ouvrière du FN, c’est le peuple divisé. C’est le peuple appelé à chercher en son propre sein les responsables de ses malheurs, étrangers ou « assistés », plutôt que de s’en prendre aux patrons. Un peuple que l’on trompe d’adversaire.

 

A l’opposé, le peuple ouvrier de Jean-Luc Mélenchon est généreux, solidaire avec les travailleurs sans papiers. Mais ce peuple ouvrier est si large qu’il intègre les cadres et ceux qui gagnent 20 fois le SMIC. Si vaste que ses seuls ennemis sont la petite caste des financiers, des riches, que l’on pourra balayer par « une révolution citoyenne » pacifique et par le vote. Un peuple solidaire, oui, mais que l’on trompe encore sur le nature de l’ennemi : une classe entière qui nous réprime déjà et qui ne se laissera pas déposséder de son pouvoir.

 

Entre les deux, Sarkozy. Sa dernière trouvaille est de proposer deux référendums pour donner du « pouvoir au peuple ». S’il est élu. Un sur la révision du droit des étrangers, un autre sur la baisse de ceux des chômeurs. Il en appelle lui aussi au peuple pour exclure de ses droits une partie du peuple. Sarkozy dispute à Marine Le Pen son électorat et sa politique réactionnaire de division ouvrière.

 

Enfin, François Hollande. Assuré d’un vote « Tout sauf Sarkozy », il ne se soucie guère de flatter le « peuple ». Il est sûr qu’il votera, non pas pour son programme, mais contre Sarkozy. En tant que probable futur président, il veut surtout rassurer les financiers, les bourgeois, qui ont les vrais pouvoirs, en leur garantissant la poursuite du désendettement de la France par une politique d’austérité « de gauche ».

 

« Tout par le peuple, tout pour le peuple », Sarkozy et d’autres nous ressortent le recours au référendum. Ce serait dans la démocratie bourgeoise, la forme le plus achevée de pouvoir populaire. Sarkozy en promet deux, Jean Luc Mélenchon un sur le nucléaire, ce qui lui évite de prendre position maintenant.

Leurs référendums avec leurs questions

Sarkozy fait mine d’oublier qu’en 2005, par référendum, le traité constitutionnel européen avait été rejeté par ce « peuple ». Et que le gouvernement, dont il était, a fait passer, par la loi, ce qui avait été rejeté par le référendum. Mais la tromperie n’est pas que cela. Le référendum n’est pas le pouvoir du peuple que nous voulons en tant que communistes. Il donne au peuple le pouvoir de dire non aux questions que la bourgeoise a décidé de lui poser. Le but des référendums n’est pas notre pouvoir, mais le renforcement du leur.

 

La caricature en est donnée dans les entreprises. Maintenant, par souci démocratique on nous demande de choisir entre « travailler plus pour moins de salaire » ou « aller pointer à Pôle emploi ». Sans garantie d’ailleurs, comme l’ont vécu les Contis et beaucoup d’autres.

 

Ce sont toujours nos exploiteurs qui décident quelle est la question que « nous devons nous poser ». Pas nous. Ces « bonnes questions » ne sont que des diversions et des entreprises de division. Prévoir d’organiser un référendum sur l’immigration ou sur l’indemnisation du chômage, c’est dire tout à fait clairement que ce sont les étrangers ou les chômeurs qui parmi nous sont responsables des difficultés des autres. C’est détourner l’attention des causes et des responsables de la crise et du chômage : le capitalisme et les bourgeois.

 

Alors que tous ces candidats parlent du « peuple », voire de son pouvoir, ils tiennent tous à nous maintenir à leur remorque, comme s’ils étaient nos représentants parce qu’élus. Oui, ils sont élus. Mal élus si on comptabilise les abstentions, blancs, nuls et immigrés interdits de vote, mais légitimes selon les critères de la démocratie bourgeoise. Et cette légitimité, acquise sur des promesses, voire sur des mensonges, leur permet ensuite de nous imposer austérité, sacrifices… au nom de l’intérêt supérieur du pays dont nous leur aurions confier la charge. Intérêt supérieur qui est inévitablement contraire au nôtre, et tout à fait conforme à celui de la minorité : les bourgeois de toute nature et ceux qui les servent.

Notre peuple et notre démocratie

Oui ! Nous voulons le pouvoir des ouvriers et des exploités. Le pouvoir de décider ce qui est conforme à nos intérêts. Pouvoir des ouvriers, cela ne veut pas dire qu’il nous sera toujours facile de dégager notre intérêt collectif. Faire des choix, débattre de ceux-ci, trancher, ce ne sera pas toujours évident. Les habitudes anciennes, l’individualisme cultivé par l’idéologie bourgeoise ne disparaîtront pas par un coup de baguette magique.

 

Une chose est certaine. Le pouvoir des ouvriers imposera aux bourgeois beaucoup sans leur demander s’ils en sont d’accord : leur expropriation économique et leur exclusion du pouvoir politique. Ne pourront plus être élus, les dirigeants des groupes capitalistes expropriés, ou ceux qui servaient la bourgeoisie en tant que ministres. Plus question que les élus du peuple aient les privilèges de nos « représentants » actuels, qui ne nous ont jamais démocratiquement consultés sur ce qu’ils devaient toucher. Plus question de dire : un tel est Français, un tel est Étranger. Tous les exploités auront les mêmes droits et seront éligibles dans tous les domaines. Plus question non plus de dire : lui travaille, lui est chômeur. Nous travaillerons tous, moins et aussi autrement, car c’est possible dans la société d’aujourd’hui.

 

Notre « peuple ouvrier » est celui des révoltés de juin 1848 exigeant du travail pour tous, celui de la Commune de Paris de 1871, celui des FTP-Partisans de la Résistance. C’est aussi celui de ceux dont les parents ont subi l’exploitation et la domination impérialiste française, et qui, parfois, sont morts pour leur liberté. Notre « peuple ouvrier » est ouvert à tous ceux, hommes et femmes, quelle que soit leur origine nationale, qui sont prêts à construire une société nouvelle sans exploitation ni domination. Solidaires avec et ouverts à tous ceux qui sont pourchassés pour leur combat pour la liberté et contre l’exploitation.

C’est nous qui poserons les questions !

Dans cette société beaucoup sera encore à discuter. Mais, c’est nous qui poserons les questions que nous devrons résoudre. Débattre pour décider comment développer et transformer la société. Produire quoi ? Comment ? Supprimer le travail de nuit et le travail à la chaîne, et quelle organisation du travail ? Comment renforcer notre rôle dans la direction de l’économie et du pouvoir ? Comment imposer une réelle égalité entre les hommes et les femmes dans tous les domaines ? Et bien d’autres questions. Rien de cela n’ira facilement. Tout sera l’objet de luttes vives. Elles seront la poursuite de la lutte des classes sous des formes et des conditions nouvelles. Sans la poursuite de cette lutte, le pouvoir des ouvriers deviendrait vite un pouvoir sur les ouvriers, exercé par une bureaucratie d’où naîtrait une nouvelle classe dominante.

 

Oui, nous devons prendre le pouvoir ! Nous ne sommes pas de doux rêveurs. Pas de pouvoir sans nous organiser pour cela. Des exploités s’organisant dans un parti, un parti communiste, capable de faire l’unité de tous dans les moments cruciaux, voilà la condition d’un renversement du pouvoir de la bourgeoise, qu’aucun vote, le plus « citoyen » et le plus « révolutionnaire » qui soit, ne mettra jamais à bas.

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