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Un meeting qui a tapé dans le mille et donné la pêche !
Femmes
A la tribune, des femmes sans-papières de la coordination 93 ont témoigné de la dureté de leur vie sans cesse précaire et menacée, mais surtout de leur force : « On ne s’en sortirait pas seule, c’est dans le collectif que l’on avance, que l’on sort de l’ombre pour notre dignité ». Ces paroles de courage ont libéré d’autres prises de parole. Des témoignages forts sur la précarité, comme celui de cette femme du Mans qui dénonce les « missions » d’une demi-heure de travail pour aide à personne âgée, exigeant une heure de transport dans chaque sens. Pour conclure, « l’exploitation des femmes par le temps partiel n’a pas de limites si on ne résiste pas ensemble ! » .Un fort coup de gueule d’Africa dénonçant la stratégie pourrie de l’Etat dont les flics laissent dégénérer les conflits en rixes mortelles dans les cités où entrent des armes sans contrôle, car cette société n’offre aucun autre avenir à ces jeunes.
Turquie, Tunisie, Egypte.. les luttes des femmes dans le domaine international ont beaucoup à nous apprendre : dans des contextes politiques non démocratiques, les femmes résistent pourtant, créent des associations, s’imposent dans l’espace public, revendiquent de faire évoluer la société capitaliste et patriarcale. Conquérir une évolution du code du statut personnel en Tunisie, à l’heure où l’islam politique veut imposer l’inscription de la charia dans la Constitution, ce n’est pas rien ! Syndiquer les femmes dans le secteur du textile en Turquie, où la législation met des bâtons dans les roues pour avoir le droit de créer un syndicat, et dans un contexte où il faut souvent demander l’autorisation du mari, du père ou du frère, ce n’est pas rien ! Le combat des femmes palestiniennes aux côtés des résistants à l’Etat sioniste, pour le soutien, la libération, l’hommage aux prisonniers, ce n’est pas rien !
Cette rencontre publique, la deuxième après le meeting de 2011 autour du film « remue-ménage dans la sous-traitance », a constitué le véritable acte de naissance de notre collectif, épaulé dans cette initiative par l’association Africa, le collectif Palestine de Saint-Ouen, les femmes de la coordination sans papiers 93, Soad Bechara, et l’organisation Voie Prolétarienne. La préparation collective a permis de donner toute son envergure à l’initiative : tables de presse d’info militante, badges et tee-shirts Femmes En Lutte que toutes sont fières de porter. Un collectif de femmes vidéastes a filmé le meeting, ce qui nous permettra bientôt de disposer d’un support video pour faire connaître Femmes En Lutte. Nous avons en effet déjà beaucoup de retours. Des participantes à la rencontre disent vouloir s’engager pour plus d’autonomie, des associations nous contactent pour impulser des collectifs semblables au nôtre qui revendiquent un féminisme de classe. Demain, nous allons continuer à nous former sur des sujets essentiels pour articuler nos luttes : sur le syndicalisme, contre le racisme et contre l’impérialisme, sur les luttes des femmes dans le monde, avancer en construisant la solidarité et surtout, bien identifier qui sont nos amis et quels sont nos ennemis ! Si la non-mixité de nos réunions mensuelles permet à toute femme de s’exprimer, le débouché de nos réunions publiques est bien sûr mixte, car l’enjeu est la transformation des rapports entre hommes et femmes pour une société qui reste à construire sur des bases différentes.
B.C.