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Hollande : « Président de tous les Français » ? Non, de la bourgeoisie !

Edito de Partisan n°257 - JUIN 2012

François Hollande élu le 6 mai, sans trop de surprise, bien qu’avec un score plus resserré que prévu. Sarkozy battu. Satisfaction et soulagement parmi beaucoup de nos collègues de travail, de voisins, de jeunes, en particulier parmi ceux d‘entre nous d’origine étrangère.

Tous français, c’est : tous unis !

Au soir de l’élection, le ton des deux anciens candidats avait changé. Plus d’injures, plus de polémique. Mais la continuité de l’Etat affirmée. Comme ses prédécesseurs et comme l’avait dit Sarkozy en 2007, François Hollande a affirmé être, maintenant, le « Président de tous les Français »… Donc le président des PDG, des patrons, des boursicoteurs… comme celui des ouvriers, des chômeurs, des précaires… de ceux qui galèrent tous les jours ? Mission impossible ! Alors qui trompe-t-il ?

 

Le 11 mai, dans le journal économique Les Échos, Mme Parisot, présidente du MEDEF, a donné sa réponse. Elle est prête à travailler avec Hollande « de manière la plus étroite possible », car si elle a quelques critiques sur le programme de Hollande, son « approche du dialogue social correspond très largement à ce que [le MEDEF] préconise depuis longtemps ». En clair, pour le MEDEF, Hollande est le plus capable d’assurer, avec la coopération des directions syndicales, la paix sociale indispensable au redressement du capitalisme français.

 

Pour Hollande comme pour Mme Parisot, « gouvernement, syndicats, patronat » sont dans le même bateau. C’est l’union nationale contre la lutte de classe. C’est une entreprise idéologique et politique pour nous imposer des sacrifices, au nom d’aménagement de formes. Avec l’Union nationale, la collaboration des classes, les pilules anti-ouvrières seront encore bien amères, mais enrobées de sucre.

Le peuple, c’est qui ?

Beaucoup veulent penser qu’il sera maintenant plus facile de lutter. Ils veulent se convaincre qu’ils ont eu raison de voter Hollande contre Sarkozy. C’est une illusion. La difficulté sera seulement autre. Les directions syndicales qui avaient joué, au début du mandat de Sarkozy, la carte du dialogue social qu’il proposait – on se souvient des nombreuses entrevues de Thibault avec Sarko – vont maintenant s’engouffrer dans les négociations avec Hollande et le MEDEF… en nous disant de patienter… alors qu’il y a déjà une avalanche d’attaques de fermetures de entreprises, de licenciements.

 

Au soir des élections, les commentateurs et Hollande se sont félicités que cette élection ait été comme les autres une victoire de la « démocratie ». Mais si l’on prend le mot en son sens grec, la démocratie, c’est « le pouvoir du peuple ». Mais le peuple, c’est qui ? C’est une masse d’exploités, de travailleurs, actifs ou non, de Français anciens ou plus récents, et aussi (pour nous) des ouvriers de nationalité étrangère… Si le peuple avait gagné, s’il était au pouvoir, se prononcerait-il pour gouverner « pour tous les Français », c’est-à-dire pour toutes les classes ? Exploités, chômeurs, discriminés pour nos origines, vivant dans l’inquiétude constante de l’avenir pour nous-mêmes et nos enfants, serions-nous solidaires de ceux qui nous exploitent, qui nous licencient ? Non, évidemment !

 

Si le peuple avait le pouvoir, il mettrait les ressources créées par notre travail au service des intérêts de tous. Il ne dirait pas « patrons, gouvernement, syndicats » sont dans le même bateau. Non ! Si le peuple exploité avait le pouvoir, il virerait par-dessus bord les patrons, leur gouvernement et leurs hommes politiques, comme les dirigeants syndicaux à leur solde. Nous prendrions les commandes du bateau, de la société, aussi bien dans l’Etat que dans l’économie, les entreprises. Vider tous ces gens par-dessus bord, cela s’appelle une révolution. Et notre nouveau bateau, une nouvelle société socialiste allant vers le communisme.

Nous sommes la majorité, mais...

Sur ce chemin du communisme, nous avons encore à surmonter beaucoup d’obstacles. Le premier est notre inorganisation, qui est notre faiblesse. Nous sommes la majorité, nous sommes le nombre, mais nous ne pesons rien. Sauf le jour des élections où l’on nous enivre de promesses. Nous organiser seulement pour faire du nombre une force coordonnée ? Une armée en ordre de marche ? Non ! Car la plupart des armées sont formées de prolétaires qui marchent et combattent pour des intérêts qui ne sont pas les leurs. Non, il nous faut une organisation qui soit l’affirmation et la mise en œuvre par et dans la solidarité de nos intérêts de classe internationalistes. Une organisation, un parti, qui développe et fasse vivre, dans les combats de tous les jours, la perspective de la libération pour tous les exploités : le communisme.

 

Construire cette organisation, c’est rompre avec la facilité, avec les illusions du système politique bourgeois qui nous fait croire qu’en changeant un homme ou une femme à la tête l’Etat, on va changer notre avenir. C’est le piège de l’hyper-personnalisation du vote présidentiel, du « tous sauf Sarkozy ». C’est de penser que le pire a été évité parce qu’on l’a éliminé. Mais le pire ne réside pas dans la politique d’un homme, ou d’une femme, mais dans le capitalisme en crise. Le pire est encore à venir, pas seulement à cause de ce que fera ou pas Hollande, mais parce que le capitalisme ne peut se redresser, temporairement, qu’en nous écrasant un peu plus. Le renverser ou être laminé un peu plus par lui, voilà le véritable choix… qui va bien au-delà de l’enjeu présidentiel.

Il ne faut pas attendre

Il ne faut pas attendre que les travailleurs fassent leur expérience de l’impasse Hollande. Il ne faut pas attendre un troisième tour social, celui des luttes de résistance, contre les licenciements. S’il n’y a pas un travail communiste dans les usines, dans les quartiers, les exploités déçus de la politique de Hollande s’orienteront au mieux vers le réformisme du Front de Gauche ou au pire vers le FN. Sans organisation indépendante des exploités, sans une organisation communiste, dans cinq ans, le « tout sauf Marine » manifestera l’impuissance des exploités et des progressistes.
Pour changer notre avenir, virer la classe au pouvoir, il faut nous organiser !

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