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Ne pas attendre pour s’organiser !

Edito de Partisan n°258 - été 2012

Le PS obtient la majorité. Il pourra appliquer sa politique... enfin,
celle de la bourgeoise, avec la marge étroite que lui laisseront la
crise mondiale et celle de la zone euro qui menace de voler en
éclat. D’ailleurs, comme les autres partis, il se félicite que ce soit les
partisans de l’austérité qui l’aient emporté en Grève.Il continuera,
comme l’UMP, à défendre l’impérialisme français, à soutenir la colonisation sioniste
de la Palestine. Il interviendra (si l’ONU le décide) en Syrie, comme Sarkozy
l’avait fait en Libye. Le gouvernement vendra des armes, des avions « Rafale » et
des centrales nucléaires ici ou là… « pour défendre l’emploi ». Il a montré, sans
attendre, à Issy-les-Moulineaux, qu’il faisait la chasse aux sans-papiers avec bien
plus de fermeté que Sarko.
Le Front de gauche, qui espérait peser sur la politique du PS, est menacé d’éclatement.
Il a capté les voix de l’extrême-gauche, le voici lui-même marginalisé
par le vote PS aux législatives. Cet échec révèle sa nature. Sa composante principale,
le PCF, a fait souvent campagne sous son propre sigle. Il cherche maintenant
à sauver ce qu’il peut encore sauver… Les militants ouvriers, les syndicalistes,
et les travailleurs qui s’étaient mobilisés à l’appel de Mélenchon en espérant
changer de politique, doivent en tirer des leçons. Pas de l’échec électoral,
mais de l’illusion qu’il est possible de faire une « autre politique », aller vers des
« changements radicaux », avec des restes de partis réformistes bourgeois. Avec
des petits notables pour qui la politique n’a pas pour but de changer le monde,
mais d’assurer leurs places (en promettant quelques petits changements).

Faut-il attendre un peu avant de critiquer le nouveau gouvernement ?

La majorité des travailleurs sont attentistes, même si beaucoup se sont abstenus.
Ils n’espèrent pas de miracle, mais du « moins pire » sur les salaires et l’emploi, et
beaucoup d’autres choses. Ils nous disent « Attendez de voir ce que Hollande fera,
avant de le critiquer ». L’impuissance collective nourrit des espoirs au rabais. Rien
ne sert de rappeler 1981 et les pratiques passées des gouvernements socialistes à
ceux qui sont satisfaits d’avoir « dégagé Sarko », et attendent …
Cet attentisme est entretenu par les directions confédérales qui préparent la
Conférence sociale de juillet. Ces dernières veulent être considérées comme des partenaires
du gouvernement dans l’accompagnement des réformes. Elles vont faire
preuve de responsabilité et de sérieux dans la gestion du capitalisme et, pour quelques
miettes, défendre la « paix sociale », pour le plus grand bonheur de nos exploiteurs.

Eux, ils n’attendent pas pour nous attaquer !

L’attentisme ne tiendra pas longtemps. Les licenciements, les fermetures de boites,
l’austérité pour les salaires, ne vont pas s’arrêter par un miracle de Hollande.
Que ce soit le sauvetage de la zone Euro, à coups de centaines de milliards, on
son effondrement, dans les deux cas ce sont les travailleurs qui en seront victimes.
Hier les « ajustements structurels » touchaient les pays dominés, l’Afrique.
Aujourd’hui, ils frappent l’Europe. Le « redressement productif » du capitalisme
français ne peut se faire que dans la guerre économique. Et dans les guerres, économiques
ou militaires, pas de mystère, ce ne sont jamais les bourgeois qui restent
sur les champs de bataille.
Le gouvernement dit que la compétitivité n’est pas une question de salaire. Mais
il fait le contraire en maintenant les allègements de charges sociales sur certains
salaires. Ces dégrèvements font supporter par tous ce cadeau fait aux patrons.
Partout les capitalistes continuent d’attaquer. A Sevel Nord, PSA pousse des ouvriers
à démissionner, propose de négocier un blocage des salaires pendant
3 ans et un accord de flexibilité. A Aulnay, sur les chaînes, la maîtrise demande aux
ouvriers leur carte de séjour, pour accroître les menaces et la pression sur tous.
L’attentisme volera en éclat. Quand ? Nous ne savons pas, mais l’affrontement,
la révolte sont inévitables, quelles qu’en soient les formes. Contre la violence du
capitalisme se dressera la révolte des peuples, des exploités, comme en Grèce ou
au Canada…

Nous préparer oui ! Mais à quoi ?

A quoi faut-il nous préparer ? Les communistes doivent-ils appeler à cor et
à cri à un troisième tour social ? Espérer, comme beaucoup nous le disent, un
autre mai 68, une grève générale ? Oui ! Mais la grève de 68 et d’autres soulèvements
populaires, celui du peuple tunisien en 2011, montrent qu’ils peuvent
ébranler le pouvoir, mais ne débouchent que rarement sur un succès politique
des exploités. 1968 a été une victoire syndicale non négligeable, mais une
défaite politique pour la classe ouvrière.
Ce qui manque, ce n’est pas seulement un grand mouvement de lutte, c’est
surtout l’organisation communiste capable d’orienter la lutte des exploités
vers la destruction du pouvoir bourgeois. Et dès maintenant, dans les résistances
d’aujourd’hui, de construire les solidarités nationales et internationales
sans lesquelles nous resterons faibles face à l’impérialisme. Parce qui divisés.

Faire une nouvelle politique, c’est s’engager pour le communisme !

Le Front de gauche a pu mobiliser en relookant les anciens discours du PCF sur
la classe ouvrière, la révolution de 89, sur le programme du Conseil National de
la Résistance, agitant drapeaux rouges et tricolores, chantant Internationale et
Marseillaise. Son discours sur « la France » ne s’adressait pas au prolétariat multinational
et international. Faire une vraie politique ouvrière, c’est faire vivre dans
le quotidien des luttes les solidarités internationales, les rencontres entre les travailleurs
de tous pays et de toutes origines.
Beaucoup de militants syndicaux et associatifs se défoncent dans les nécessaires
combats d’aujourd’hui, mais attendent pour s’organiser politiquement. Certains
pensent « Cela en vaut-il la chandelle ? », tant que la majorité des travailleurs attendent,
que beaucoup s’abstiennent, votent sans illusion pour le PS, et une minorité
pour la droite et l’extrême-droite. Ceux qui rejettent cette société ne voient pas
comment la changer. Ils attendent que les communistes leur présentent un chemin
sûr, un moyen « sans échec » pour aller vers le socialisme et le communisme.
C’est vrai, les échecs passés pèsent lourd. Mais cet attentisme n’empêchera pas la
révolte des masses, et c’est elle qu’il s’agit de transformer en une force d’avenir.

 

Nous disons, à OCML-VP : Impossible de tracer le chemin sans s’organiser
avec la volonté d’aller du capitalisme au communisme. Il n’y aura jamais en
magasin de Garantie Pour le Socialisme (de GPS) ! D’ailleurs, même un GPS,
il faut l’acheter, l’installer, le programmer, et parfois s’en méfier ! Le chemin
ne se construit que dans les combats, dans le débat et la réflexion, au sein du
collectif qu’est une organisation communiste. Il s’éclaire en puisant dans les
bilans des échecs comme des succès des expériences révolutionnaires passées,
et dans la compréhension de toutes les transformations du monde dans
lesquels nous vivons.
Face à toutes les politiques bourgeoises, face aux catastrophes
du capitalisme, le communisme est encore la jeunesse du monde.

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