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Parlons-en, du vote FN

Partisan N°258 - été 2012

Au premier comme au second tour des élections présidentielles, ce sont les artisans, commerçants et chefs d’entreprise qui ont voté le plus massivement pour Sarkozy. Comme les retraités. Sarkozy n’était majoritaire que chez ceux gagnant plus de 3 500 euros par mois. François Hollande, lui, a séduit les cadres ainsi que les professions intermédiaires et intellectuelles supérieures. Il s’impose notamment dans le secteur public.

Et les ouvriers ?

Ils ont voté pour Marine Le Pen à 33% ou 35% d’entre eux selon les sondages. (Ils étaient 23% à avoir voté pour son père en 2002, et 16% en 2007). Mais, 37% des ouvriers et 25% des employés n’ont pas voté le 22 avril, contre 17% des cadres et 15% des professions intermédiaires. François Hollande vient derrière, avec environ 21% des suffrages ouvriers.
Les ouvriers ont généralement le plus fort taux d’abstention, et traditionnellement les taux de non-inscription sur les listes électorales les plus forts, contrairement aux commerçants par exemple. Chez les ouvriers, ceux qui votent FN sont souvent ceux des petites villes dans les régions périphériques.
En enlevant les abstentionnistes, on arrive à 21% des ouvriers (inscrits) qui ont voté Le Pen, et 12, 23% pour Hollande. On ne compte pas non plus, les ouvriers étrangers qui n’ont pas le droit de vote. Si cela relativise les votes ouvriers pour le FN, c’est quand même le vote exprimé majoritaire.

Ce sont ceux qui souffrent de la crise ?

Et les autres ne souffrent-ils pas de la crise ? Dans les banlieues populaires on voit beaucoup moins de vote FN, alors que la souffrance est palpable. Qui souffre des logements trop petits, du délit de sale gueule ? Les femmes des cités élevant seules leurs enfants ne souffrent-elles pas aussi ? Si certains, qui soufrent et sont dans la misère, retournent leur colère contre les immigrés et votent FN, il n’y a pas à « comprendre » leur racisme, mais à leur faire comprendre que les responsables sont les capitalistes, leur crise et leur concurrence.

Si le FN n’existait pas, il faudrait l’inventer.

La campagne électorale a été polluée par des débats sur « la viande halal », le drapeau français. Droite et gauche ont fait le concours du plus grand nombre de drapeaux français. Peu de fois les questions sociales ont été évoquées, ainsi que les conditions de travail, la réduction du temps de travail. Logique, ce sont des élections en système capitaliste, et il s’agit surtout de s’agiter pour que rien ne change. Le FN, avec la bourgeoisie complice, ont bien rempli leur rôle.

Que faire ?

Il faut expliquer à ceux qui votent FN, qu’il n’est en rien "anti-système". Que ce parti ne parle surtout pas de "lutte des classes". C’est normal quand la grande majorité des cadres et sa chef sont des bourgeois, alors pas touche à leur pognon.
Il faut dénoncer la responsabilité des partis de gauche, des syndicats qui ont laissé tomber la classe ouvrière. Aucun parti institutionnel n’a de réels liens avec la classe ouvrière. Alors, le vote devient le défouloir. On sait que le soutien au FN baisse quand il y a des luttes collectives. C’est un travail en direction des prolétaires qu’il faut faire, recréer des solidarités de classe. C’est ce que nous faisons dans les entreprises et les quartiers. Le rapport de forces sera déterminant.

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