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Un bilan du NPA

À l’époque de la fondation du NPA, nous avions fait dans Partisan plusieurs articles assez critiques. Nous affirmions que le nouveau parti était basé sur des principes trop flous pour garantir son unité ; la porte était laissé ouverte aux révolutionnaires comme aux réformistes.
Aujourd’hui, où en est-il ? Depuis le début, le parti est tiraillé entre des courants « de gauche » (trotskistes « orthodoxes ») et des courants « de droite » (partisans de l’effacement de tout contenu de classe et d’alliance avec le Front de Gauche, à divers degrés). Voilà pourquoi l’unité au rabais n’a pu être maintenue bien longtemps. La majeure partie du courant de droite a déjà rejoint le Front de Gauche, ou s’apprête à le faire.
Résultat : même si les cartes ont été rebattues, le NPA n’a pas réussi l’ambition des anciens dirigeants de la LCR, qui souhaitaient un grand parti de lutte de masse. Alors que les plus opportunistes et réformistes ont fini par le quitter, le parti a été rejoint sur sa gauche par de petits groupes trotskistes radicaux. Au final, le NPA devrait se stabiliser à un nombre de militants actifs comparable à celui de la LCR.

 

L’échec politique vient principalement du fait que, au passage, de nombreux militants du mouvement ouvrier et populaire qui l’avaient rejoint ont fini par le quitter. D’abord, ils ont bien souvent été rebutés par le style de travail. Le NPA se voulait un parti ouvert, adapté aux disponibilités de chacun. Mais bien souvent, rien n’a été fait pour adapter le fonctionnement du parti aux exigences du militantisme ouvrier : réunions sans fin, plusieurs fois pas semaine, où la parole est monopolisée par les militants quasi-professionnels issus de la LCR ou des JCR... Dans beaucoup d’endroits, les prolétaires, fatigués, ont fini par s’en aller. Le NPA a gardé en partie la même base sociale que la LCR : beaucoup d’enseignants et de petits fonctionnaires, qui n’ont pas fait grand chose pour adapter leur style de travail.
Ensuite, la lutte entre les différents courants au sein du parti a parfois été une vraie foire d’empoigne, dans laquelle la démocratie, la liberté d’expression et l’autodiscipline ont été souvent méprisées. Les différents courants constitués ont été plus ou moins bien traités par la direction en fonction du rapport de force : alors que le courant « Convergence et alternative » (droite) a été le seul officiellement reconnu comme tel, avec le droit à une tribune réservée dans le journal du Parti, les petits courants à la gauche du parti ont été ignorés, voire combattus de façon scandaleuse ; au congrès de fondation, la direction a par exemple tenté de faire exclure, sans raison valable, les membres d’une d’entre elles. Dernièrement, on a vu des représentants de la droite du parti et membres de la direction (comme la porte-parole Myriam Martin) s’affranchir de tout souci d’autodiscipline et de correction en publiant dans Le Monde, tribune de la bourgeoisie française, un appel à rallier Mélenchon ! Et tout cela n’est sûrement pas fini ; la droite partie, de nouvelles oppositions devraient apparaître entre les membres de l’actuelle fragile majorité...
Enfin, pendant plusieurs mois, toute l’activité du parti a été orientée vers la campagne aux élections présidentielles. Les militants ont été mobilisés pour partir chercher des promesses de parrainages de maires. Beaucoup de militants pas vraiment emballés par la participation quasi exclusive aux élections se sont encore un peu plus éloignés du parti.
Tout cela a eu pour effet de faire fuir un certain nombre de nouveaux militants, certes peu formés et aux idées politiques parfois flous, mais qui auraient pu devenir des militants communistes si là avait été l’objectif du NPA. On entend beaucoup parler de ceux qui ont rejoint le Front de gauche, mais politiquement, tous ceux qui ont quitté le parti plus ou moins dégoûtés du militantisme politique, et qui s’étaient investis dans le NPA sur des bases justes, sont une perte bien plus grande encore.

 

Enfin, du point de vue de la stricte ligne politique, le problème du NPA, c’est qu’il reste un parti d’inspiration trotskiste, comme l’était la LCR, même si officiellement il ne l’est pas. Du coup, sa stratégie politique est inspiré du « Programme de transition », texte dont la logique reste le guide du mouvement trotskiste. D’après celui-ci, il faut partir des revendications réformistes et les radicaliser, en espérant qu’ainsi la contradiction entre les besoins des prolétaires et ce que la société capitaliste peut leur offrir s’aiguise, afin que les prolétaires s’en rendent compte mécaniquement et qu’ils accèdent ainsi à la conscience révolutionnaire. Ces revendications ne satisfont personne. Le niveau politique est maintenu au ras des pâquerettes, sans chercher à élever le niveau de conscience des prolétaires les moins avancés politiquement, et en freinant le développement de la conscience des plus avancés, avec qui il faut poser la question du pouvoir et du socialisme pour qu’ils forment le noyau d’un nouveau parti communiste. Au final, on se retrouve avec des revendications à la limite de l’absurde, puisqu’elles sont à la fois irréalistes dans la société actuelle, et que ceux qui les portent « oublient » de dire que seule la révolution prolétarienne permettra de les réaliser.
Les mots-d’ordre et revendications du NPA sont au final des revendications réformistes radicales ; au lieu de réclamer 1700 euros brut, on les veut net, et c’est avec ce type de distinction qu’on espère faire rompre les masses avec le réformisme. Ces revendications peuvent assurer le succès du parti qui les porte lorsque le paysage politique bourgeois est très à droite, mais lorsque les réformistes se radicalisent, il devient difficile, du point de vue des masses, de faire une différence entre les mots d’ordres du NPA et ceux de Mélenchon, comme c’est le cas aujourd’hui.
De notre point de vue de militants communistes, le NPA et le Front de gauche ne sont pas la même chose. Grosso modo, on peut dire que les premiers sont des amis qui se trompent, alors que les seconds sont des ennemis qui se cachent. Le NPA a le mérite d’être clair sur ce qu’il y a de plus insupportable dans le discours du Front de gauche, en critiquant son chauvinisme et ses alliances futures avec le PS, ou en dénonçant Mélenchon comme un vieux professionnel de la politique bourgeoise. Mais si nous n’avons pas appelé à voter pour Philippe Poutou (ou Nathalie Arthaud), c’est bien à cause de l’impasse politique à laquelle mène leur discours. A nous de tirer les leçons de cet échec et de développer une politique réellement communiste et révolutionnaire, ancrée dans le prolétariat. Rejetant le réformisme pour ce qu’il est : un serviteur du capitalisme.

 

Militants VP

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