Vous êtes dans la rubrique > Archives > Première rafle du gouvernement de gauche

Première rafle du gouvernement de gauche

Communiqué de la CGT :
« Le 22 mai 2012, 300 policiers
et gendarmes, sous la
houlette du Comité opérationnel
départemental antifraude
(Codaf), ont investi le chantier du
fort d’Issy-les-Moulineaux (92) pour « traquer
le travail illégal ». Sous la responsabilité
des maîtres d’ouvrage, Bouygues immobilier
et BNP Paribas Immobilier, 1000
salariés travaillent sur ce chantier, embauchés
par près de 200 entreprises. Comme il
est habituel dans ce genre d’opération à
visée médiatique, ce sont les travailleurs qui
ont été obligés de justifier de leur présence
sur le site et de leur identité. Parmi 670
ouvriers contrôlés, une vingtaine ou une
trentaine d’entre eux (…) ont été de fait
licenciés sur le champ par la préfecture des
Hauts de Seine. Puis sous prétexte qu’ils n’avaient
pas de titres de séjour/travail valables,
cette préfecture a pris à leur encontre
des arrêtés de reconduite à la frontière et
des obligations de quitter le territoire. »

 

AINSI COMMENCE LE COMMUNIQUÉ DE LA
DIRECTION DE LA CGT.
Une opération d’une
telle ampleur demande des mois de préparation.
C’est donc sous Sarkozy qu’elle a
été mise au point. Le nouveau gouvernement
pouvait choisir de l’annuler. Il a
décidé d’appliquer, envoyant ainsi un
signe à tous les sans-papiers : désormais,
ce sera comme avant.

 

LE GOUVERNEMENT DE SARKO AURAIT FAIT
ÇA, ON AURAIT EU UNE LEVÉE DE BOUCLIERS
,
des appels à manifester. Là, le communiqué
confédéral ne montre que de la gêne.
Il aurait bien aimé que le gouvernement
se comporte différemment. Et il explique
même au gouvernement comment il
aurait dû faire. On aurait pu espérer, de la
part d’une confédération syndicale, qu’elle
appelle les travailleurs à réagir contre une
telle opération. Non, la Conf nous raconte
ses rêves. Elle rêve d’un Etat qui utiliserait
la force policière pour contrôler les
patrons, régulariser à chaque contrôle les
sans-papiers.
« L’objectif d’un tel contrôle devait être de
favoriser la régularisation administrative
de leur situation, plutôt que d’en faire des
victimes, voire de les traiter en délinquants.
Régulariser, au sens plein du terme, la
situation de travail de salariés, qui ne prennent
le travail de personne mais font le travail
que personne ne veut et ne peut faire
dans les conditions qui leur sont imposées,
c’est le contraire du laxisme. »

 

ET LE COMMUNIQUÉ IMAGINE LE NOUVEAU
GOUVERNEMENT SOUCIEUX DE LUTTER CONTRE
LE DUMPING SOCIAL.
« C’est le seul moyen
efficace pour lutter contre le dumping
social et la concurrence de tous contre
tous. » Le problème, c’est que les nouveaux
DRH de l’entreprise France sont
d’accord pour lutter contre le dumping
social. Mais celui des pays dits émergents.
Et ils luttent en faisant baisser le coût du
travail en France. Et pas simplement pour
les entreprises ouvertes à la concurrence
mondiale. Mais pour toutes les boîtes.
Alors ils ne vont sûrement pas reprocher
aux patrons du chantier d’Issy de donner
des salaires de misère. D’ailleurs, il n’y en
a aucun qui a fini en garde à vue pour non
respect du code du travail et des conventions
collectives.
Enfin, après la revendication, juste, de
libération et de régularisation, la direction
de la CGT propose une autre répartition
des tâches au sommet de l’Etat. « C’est au
Ministère du Travail que doit revenir le
contrôle de la situation des travailleurs
migrants et non plus au Ministère de
l’Intérieur ! »

Un tel communiqué, au lieu de renforcer
les travailleurs, n’affiche que de l’impuissance.
À aucun moment, il n’appelle
les sans-papiers à s’organiser et les autres
travailleurs à la solidarité. Il ne présente
comme perspective que l’espoir que le
gouvernement change d’attitude et agisse
conformément aux indications de la CGT.

Soutenir par un don