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Croissance et redressement productif

Michel Sapin, à peine nommé ministre
du Travail, a annoncé que le
sujet de la « flexibilité » serait bien à
l’ordre du jour du sommet social
de juillet. Il pourrait bien y avoir un
rapport étroit entre cette flexibilité et la « croissance ».
Il suffit de REGARDER DU CÔTÉ DE L’ESPAGNE ET DE L’ITALIE,
comme le fait le journal de LO du 11 mai. Les homologues
de Hollande, Mario Monti en Italie et Mariano Rajoy
en Espagne, sont à fond pour la croissance. Selon Monti,
« le principal obstacle à celle-ci est l’article 18 du Statut
des travailleurs les protégeant contre le licenciement. Et
d’engager, avec la complicité des directions syndicales, une
réforme du marché du travail censée inciter les entreprises
à embaucher... du moment qu’elles pourraient licencier
sans entrave. »

En Espagne, « Rajoy répète que, s’il multiplie les mesures
antisociales, c’est pour permettre à l’économie de retrouver
la croissance. La réforme de la législation du travail, qui
permet au patronat de licencier plus facilement et de
systématiser les contrats temporaires, devrait permettre
selon lui de relancer l’emploi. »

Le comble, c’est qu’en France, les directions syndicales
ont préparé le terrain de ce genre de politique ; en réclamant
une « sécurité sociale professionnelle » (la CGT) *,
une « sécurisation des parcours professionnels » (la
CFDT). Le gouvernement y ajoutera une réforme des
systèmes de formation, consacrée prioritairement aux
(futurs) licenciés, et une facilitation du chômage partiel.
Et serait ainsi réalisée, sous le drapeau de la « croissance
 », la grande revendication actuelle des « marchés » :
une libéralisation du marché du travail.
UNE VIDÉO a été visionnée 100 000 fois en trois jours, c’est
l’interview du « chief economist » d’une filiale du Crédit
Agricole, dans son bureau de La Défense. Interview réalisée
par une équipe de Fakir, publiée dans ce journal de
mai-juillet 2012, et en vidéo sur le site des Mutins de
Pangée. Voici le paragraphe essentiel du texte de 9 pages
qui a valu à ce « chief economist » d’être interviewé :
« François Hollande va avoir à naviguer… il serait politiquement
intelligent que ses pairs de l’Eurozone, ses partenaires
allemands, belges, italiens et ainsi de suite, permettent
à François Hollande de prétendre qu’il leur a arraché
quelques concessions, même si c’est faux en réalité. La
demande de renégociation du traité serait alors utilisée
pour tromper le public français, en lui faisant accepter des
réformes convenables, dont celle du marché du travail. »

L’interview, qui commente ce texte, est un vrai délice,
car c’est de l’écoute directe en territoire ennemi. Un ennemi
qui, en mars déjà, faisait confiance à Hollande pour
« tromper » les travailleurs !

 

MC

 

* Voir notre blog Ouvalacgt, 8 juin 2011

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