Vous êtes dans la rubrique > Archives > Afrique du Sud : massacre de 44 mineurs
Afrique du Sud : massacre de 44 mineurs
Partisan N°259 - Octobre 2012
La police a massacré 44 mineurs en grève à la mine de platine Marikana en Afrique du Sud. Ils ont été tués à l’arme automatique. Les mineurs étaient seulement armés de machettes et de gourdins. La police a arrêté de nombreux mineurs. Ce massacre rappelle la répression et les tueries du régime de l’apartheid, comme à Sharpeville en 1960 (69 personnes tuées) et à Soweto en 1976.
Cette fois, le massacre n’a pas été organisé par des blancs racistes mais par l’ANC (Congrès National Africain), qui avait lutté pour l’égalité raciale, et qui gouverne le pays depuis 1994.
L’apartheid juridique raciste a été aboli, mais l’inégalité économique continue. Maintenant, parmi l’élite se trouvent d’anciens dirigeants de l’ANC qui n’hésitent pas à participer à l’exploitation des travailleurs d’Afrique du Sud ainsi que des immigrés venant d’autres pays africains. Pour les prolétaires, le taux de chômage de 25% et les conditions de vie dans les banlieues ne sont guère différents.
Qui sont les grévistes ?
De nombreux mineurs sont des travailleurs migrants du Mozambique ou du Swaziland. Comme beaucoup d’immigrés de par le monde, ils envoient une partie de leur salaire chez eux pour soutenir leurs familles. Ils ont les postes de travail les plus durs. Ceux qui dirigeaient la grève avaient quitté le National Union of Mineworkers (NUM) lié à l’ANC pour créer un syndicat indépendant plus combatif, l’Association of Mineworkers and Construction Union, AMCU. Ce syndicat a vu de nombreux travailleurs le rejoindre du fait de la corruption du NUM, dont un des anciens dirigeants siège au directoire de la société minière à Londres. Pas étonnant que les grévistes aient refusé qu’un dirigeant du NUM prenne la parole le jour de la grève. D’ailleurs, qu’un délégué vienne protégé par la police est significatif.
Quelles leçons pour les prolétaires ?
Dès que la lutte de classe monte, l’État n’hésite pas à utiliser les fusils. L’assassinat de 44 mineurs dans un pays vanté comme exemple de réussite en Afrique est révélateur de ce que la bourgeoisie est prête à faire quand son pouvoir est contesté, surtout en période de crise où, concurrence oblige, elle ne veut rien céder. Elle est aidée pour cela par les réformiste, comme le Parti communiste d’Afrique du Sud, qui a défendu les policiers meurtriers et demande la détention des dirigeants du syndicat AMCU, les accusant de provoquer le chaos en se camouflant derrière des exigences salariales.
Dans un communiqué du 17 août, « le PCF réaffirme sa solidarité avec l’ensemble des forces politiques et syndicales d’Afrique du Sud dans leur lutte pour réduire les inégalités, pour le progrès et la justice sociale dans un véritable Etat de droit. » Le PCF est solidaire des mineurs assassinés... et de leurs assassins. Mais un commentaire adressé au site du PCF va dans notre sens : « On le voit bien, le capitalisme s’accommode parfaitement des massacres d’ouvriers grévistes, et d’ailleurs, les patrons de la mine en question ne cèdent rien aux grévistes ; ils sont prêts à licencier pour fait de grève ! Et là, bien entendu, le gouvernement d’Afrique du Sud, comme le gouvernement Ayrault en France face aux diktats de PSA ou d’Unilever, ne diront jamais rien, au nom de l’"État de droit" ! Il faudrait franchement revisiter les pensées de Lénine sur la nature d’un État ».
Sur le net, lire l’article de Chris Webb, du 21 août 2012, « Afrique du Sud : un massacre qui marque un tournant dans une histoire ».
