Vous êtes dans la rubrique > Archives > Non à la fermeture de PSA Aulnay !
Non à la fermeture de PSA Aulnay !
Partisan N°259 - Octobre 2012
Mobilisation générale dans le 93 contre une fermeture qui s’ajoute à celles qui depuis plus de 30 ans ont fait disparaître la plupart des grandes usines du département. Nous ne sommes pas seuls à en dénoncer les conséquences dramatiques sur le vie des familles ouvrières et employées, avec le chômage des jeunes, la misère, la santé sacrifiée. Bref la destruction des hommes, des femmes et des relations sociales qui leur permettaient de vivre et de faire face, alors que les bourgeois s’enrichissent sans pudeur. Ce constat est partagé par le Front de gauche qui, dans notre département, se mobilise pour dénoncer la fermeture de PSA Aulnay. Il veut mener « bataille avec toutes celles et ceux qui ne se résignent pas à un sombre devenir pour notre département » (Hervé Bramy, secrétaire départemental du PCF).
Oui nous luttons contre les licenciements, les fermetures, et leurs conséquences avec « la gauche de la gauche ». Mais luttons-nous pour la même chose, pour la même alternative, pour les mêmes réponses aux drames qui frappent notre classe ? Comme en médecine, il n’y a pas de bon remède si le mal n’est pas bien identifié.
Quelle est la cause des licenciements ? Pour Bramy « la cupidité et l’égoïsme des actionnaires ». Pour le PCF, « le coût du capital » et l’économie « financiarisée », ou les « mauvais choix industriels » qui ne répondent pas aux besoins des clients. LO, dans son éditorial du 10 août, écrit que des « irresponsables dirigent l’économie ». Aucune de ces critiques ne met en cause le capitalisme, tout au plus sa « financiarisation ».
A Voie Prolétarienne, nous ne pensons pas que les actionnaires sont soucieux de l’humanité ou ne font pas d’erreurs. Mais en tant que marxistes nous disons que les licenciements n’ont pas pour cause la cupidité ou l’idiotie de dirigeants, mais qu’ils sont la conséquence d’un système social en crise. Celui-ci repose sur l’exploitation des ouvriers et sur la concurrence, aujourd’hui mondiale, qui impose à chaque capitaliste, indépendamment de « sa morale », de nous exploiter plus ou de périr.
Deux diagnostics, donc deux types de remèdes, et deux voies pour la lutte.
Si les licenciements sont dus à l’égoïsme, à des erreurs, ou au poids de la finance, il est logique de penser des solutions possibles dans le cadre du capitalisme. Le PCF propose par exemple de produire à Aulnay des voitures à bas coûts, écologiques ou hybrides, répondant aux besoins des clients. De quels clients, puisque la plupart des voitures neuves, même celles à bas coût comme les Loganes de Renault, ne sont pas achetées par des ouvriers ? Le Front de gauche propose une loi d’interdiction des « licenciements boursiers », ceux des entreprises faisant des profits confortables. Les autres, qui sont autant un drame pour les ouvriers, seraient acceptables ? LO et le NPA demandent l’interdiction de tous les licenciements. Mais les uns comme les autres se gardent bien de s’attaquer frontalement à la source de tous ces maux : le pouvoir économique (la propriété des moyens de production) et politique (l’Etat) de la classe capitaliste. Ils cherchent tous à le contrôler par la loi. Ils ne demandent même plus la nationalisation des monopoles capitalistes, mesure pourtant illusoire tant que l’Etat n’est pas ouvrier. Ils ne s’attaquent pas au capital, et donc le protègent en orientant la colère légitime dans des impasses politiques.
Les impérialistes ont les pouvoirs économique et politique. Ils peuvent organiser le chantage et la mise en concurrence des ouvriers, licencier ici, pour exploiter ailleurs, s’ils y ont intérêt. Aucune loi ne l’empêchera. La ré-industrialisation de la France capitaliste, dans un marché mondialisé, ne se fera qu’au prix d’une exploitation accrue des ouvriers. François Hollande à TF1 n’a pas dit autre chose, en poursuivant « une réforme » du marché du travail que Sarkozy n’a fait qu’entreprendre.
Avec le Front de gauche, nous disons que les licenciements ne sont pas une fatalité. Mais pour lui, il s’agit de confier le pouvoir aux experts réformistes. Pour nous, il faut que les ouvriers dirigent cette société en étant maîtres du pouvoir dans l’Etat et dans les entreprises. En exigeant zéro licenciements, nous construisons notre force collective, en dressant un barrage ouvrier contre les attaques de nos exploiteurs, mais surtout en construisant l’organisation et la voie qui nous permettront de ne plus être des marchandises, usées et jetées, selon les besoins du capital, mais des hommes et des femmes libres, collectivement maîtres de leur vie et de leur avenir.
