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Le traité européen et nous

Le TSCG, c’est quoi ?

Appelé parfois « traité budgétaire européen », surnommé « traité Merkozy » (Merkel + Sarkozy), ce énième traité européen est en gestation depuis 2011. Il fixe à 0,5% du PIB le déficit maximum autorisé pour un Etat, avec sanctions à la clé. Face à la crise, c’est un engagement à obéir aux « marchés », quel qu’en soit le prix pour les « citoyens ». On ne peut évidemment qu’être contre, mais ce qui doit être surtout évident, c’est que derrière ce traité comme derrière les Etats européens, il y a la grosse machine du capitalisme.

Infléchi par Hollande ?

Le candidat s’était engagé à renégocier ce traité. Il a obtenu que quelques milliards soient consacrés à la « croissance ». La sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann résume bien la question à son niveau : « Le débat, c’est de savoir si oui ou non, avec un petit complément de croissance, on continue comme ça... » Un petit changement et on sauve l’essentiel : la manoeuvre était prévisible dès le printemps (voir Partisan 258).

Un référendum ?

Depuis le référendum de 2005 sur le traité constitutionnel, la bourgeoisie se méfie de cette procédure. Même Bernard Thibault était pour le Oui à l’époque, et c’est le Non qui l’a emporté. L’Etat a attendu quelques mois, modifié quelques phrases, et fait adopter la chose par le Parlement... Alors, se battre aujourd’hui pour un référendum, pour que « la population puisse véritablement s’exprimer », comme dit Philippe Poutou ? Non, l’expérience de 2005 a confirmé que ça n’a rien changé.

72% des Français...

Voilà que l’Huma publie, le 27 août, un sondage exclusif : « 72% des Français sont pour un référendum ». La notion de Français qui réclament un vote exclut pas mal de travailleurs, direz-vous. Mais elle inclut surtout pas mal de non-travailleurs. « A droite, ils sont 3 sur 4 à se prononcer dans le même sens », se réjouit l’Huma. Gauche et Droite, tous ensemble ! On pourrait même ajouter : et extrême-droite ! Voilà où mène le terrain électoral. Lénine disait : « le crétinisme parlementaire »...

Tous ensemble !

Le Front de Gauche (qui comprend le Parti de Gauche, le PCF, et six autres organisations), mais aussi l’association ATTAC, les syndicats CGT, SUD et FO, se sont inscrits dans ce mouvement contre le vote du traité. Dans la continuité du mouvement pour les retraites, de la candidature Mélenchon. Les travailleurs en France cherche leur politique. Normal. Cette politique, pour l’instant, ne sort pas du terrain du PS et de la bourgeoisie. Normal. Car c’est à nous, entre autres, de faire la démonstration qu’entre les licenciements, la précarité, les salaires de misère, les expulsions, etc, le tout dans la réalité du capitalisme, il y a autre chose : une politique ouvrière.
Manif du 30 septembre ? VP met l’accent sur celle du 9 octobre, et celle des victimes de l’amiante le 13.

VP et le référendum de 2005

 

« L’enjeu du rejet du traité (constitutionnel européen) est essentiellement idéologique et politique. Ceux qui en font la bataille décisive pour la défense des droits détournent les travailleurs des véritables batailles »...
« La bataille pour le Non doit être une bataille contre le consensus autour de la construction d’une Europe impérialiste ; mais aussi contre le consensus autour du renforcement de l’hégémonie française dans cette construction. Cette position interdit tout compromis avec les courants chauvins et réformistes qui voudraient défendre les acquis ouvriers en s’appuyant sur la défense de la France.
Nous disons Non au projet ; mais Oui à l’union avec les ouvriers polonais ou les ouvriers turcs. Nous disons Oui à la solidarité. Mais contrairement à LO qui salue l’abolition des frontières comme positive en soi, nous savons que les frontières entre les hommes sont d’abord politiques et idéologiques. Elles s’appellent chauvinismes, racismes ; la vraie abolition des frontières est l’internationalisme. »
« La lutte contre le traité doit donc être l’occasion de montrer quels sont les enjeux de la construction d’une Europe impérialiste forte. Pour les bourgeoisies : le laminage des droits des travailleurs. Pour les travailleurs et les ouvriers, la construction de solidarités et de rapports de force internationaux pour la défense de leurs intérêts de classe. »

 

Partisan n°193, mars 2005.

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