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Les sans-papiers et les réformistes

La question de la régularisation des sans-papiers a été marginale dans les débats électoraux du printemps. Hollande a déclaré qu’il ne régulariserait qu’au cas par cas (comme Sarkozy) et qu’il y aurait des expulsions. Seul bémol, il ne mettrait plus d’enfants en rétention, et il ajoutait aussi sec qu’on trouverait un autre moyen d’expulser familles et enfants.
Aujourd’hui, les déclarations de Manuel Valls confirment cette politique. Comme avec Sarkozy, pas plus de 30 000 régularisations par an, et toujours des expulsions à réaliser. Tout ça justifié par la situation économique et sociale qui ne permettrait pas de régulariser, ni d’accueillir les migrants ! Un discours que partagent avec des nuances Marine Le Pen, la droite, et le PS ! (Les positions de Mélenchon ont été plutôt correctes).
Pourtant, les travailleurs sans-papiers font partie de la classe ouvrière d’origine étrangère soumise non seulement à l’exploitation ordinaire dans des travaux durs, au même titre que leurs autres collègues, mais à la sur-exploitation de patrons féroces.
La direction de la CGT s’est gargarisé d’avoir mené la grande lutte des travailleurs sans-papiers. Ce mouvement de lutte, auquel nous avons participé, a été mené avec un courage et une détermination hors du commun par nos camarades sans-papiers dont beaucoup ont tout perdu (travail, logement...). Il n’a débouché que sur des résultats dérisoires, et le bilan est clair : c’est un échec, doublé d’une instrumentalisation assez honteuse des camarades en lutte au profit des tentatives désespérées et répétées de les amener à la table de négociation avec des exigences de plus en plus réduites au fil des mois. Le gouvernement Sarkozy a lâché des miettes. La classe ouvrière dans son ensemble n’a pas été mobilisée, elle n’a été que spectatrice de la lutte des travailleurs sans-papiers.
Les organisations qui avaient dirigé la lutte des sans-papiers ont toutes appelé à voter Hollande. Toujours l’espoir du moins pire. Début octobre, les 12, en gros ceux qui ont dirigé la lutte (CGT, FSU, UNEF, Autremonde, La Cimade, Collectif 31 mai, Femmes Égalité, JOC, LDH, MRAP, RESF, SOS Racisme) ont rencontré Valls. « À cet égard, une série d’urgences appelant des interventions immédiates a été pointée, en particulier l’indispensable régularisation de celles et ceux des grévistes sans papiers dont les dossiers restent actuellement bloqués, du fait du non-respect de la parole de l’Etat, en préfecture et au ministère. Elles ont bien pris note que le ministre de l’Intérieur reconnaissait que la continuité de l’action gouvernementale pouvait avoir été mise à mal par l’arbitraire de certains services, comme le révèle un bilan d’étape sur les résultats de la circulaire du 31 mai 2012 concernant les étudiants et jeunes diplômés étrangers. ».
Un document officiel du ministère en juillet dernier parle de 800 régularisations (sur plus de 6000 grévistes), et autant d’expulsions (OQTF). Cela ne serait dû qu’au simple « arbitraire de certains services ». A qui veut-on faire gober cela ? Il y aura continuité avec la politique de Sarkozy, à part quelques détails, voilà ce que dit Valls à ceux de la Plateforme des 12.
Mais, rassurez-vous, les associations « ont également insisté sur l’importance de rencontrer régulièrement les ministères en amont et en aval de la circulaire en préparation sur la régularisation, et débat parlementaire prévu en 2013 ». Le Ministre a répondu favorablement à cette demande.
Du vent pour les réformistes, on leur concède un petit bout d’existence, on vous consultera comme disent les DRH dans les entreprises, afin, au final, de servir les intérêts de la bourgeoisie.

 

Sans mobilisations, sans rapport de force, on n’obtiendra rien !
Abrogation du Ceseda !
Le cas par cas on n’en veut pas !
Liberté de circulation et d’installation !
Régularisation de tous les sans-papiers !

 

Sebastien

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