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Les 3 % : au coin d’une table, grâce à la technique du doigt mouillé !

Pourquoi la « règle d’or » est de 3 % ? Pourquoi pas 1 ou 5 % ?
Bonne question, que les bourgeois qui nous gouvernent et leurs gouvernements qui se succèdent ne se posent pas, puisque c’est scientifique, et que c’est gravé dans le marbre du traité de Maastricht depuis 1992. Le journal Le Parisien (du 28 septembre) a interrogé un de ceux qui étaient à l’origine de ces 3 %. Sous Mitterrand, en 1981, Guy Abeille travaille au ministère des Finances. Il dit qu’il fallait à Mitterrand une règle facile pour répondre aux ministres qui se succédaient pour lui demander de l’argent. « On allait vers les 100 milliards de francs de déficit, ça représentait plus de 2 % de déficit. 1 % ? On a éliminé ce chiffre, impossible à atteindre. 2 % ? Cela nous mettait trop sous pression. 3 % ? C’est un bon chiffre qui a traversé les époques, cela fait penser à la Trinité. » Va donc pour les 3 % de déficit public. « Mitterrand voulait une norme, on la lui a donnée. On ne pensait pas que ça allait déborder au-delà de 1981. » « Plus tard, cette référence sera théorisée pas des économistes et reprise dans le traité de Maastricht devenant un des critères pour pouvoir intégrer la zone euro. »... « Trente ans après, ce 3 % rythme nos vies quotidiennes. De lui découle le choix de construire – ou non – des écoles, des hôpitaux, des crèches ou d’augmenter nos impôts », de fermer des entreprises, d’affamer des peuples...
La propagande bourgeoise marche, pourquoi ne pas continuer ?
« Après le 3 % maximum de déficit public imposé par le traité de Maastricht, voici venu le temps du « 0,5 % » de déficit structurel du nouveau traité budgétaire européen... Le hic, dans toute cette histoire, c’est que personne ne sait précisément ce qu’est un « déficit structurel ». Ou plutôt personne ne sait comment calculer cette nouvelle norme établie, en pleine nuit dans un sommet européen en fin d’année dernière. » Le PS a repris l’engagement de l’UMP auprès de la Commission européenne de 3% de déficit public dès 2013. La seule différence, l’UMP voulait 0% de déficit en 2016, François Hollande décale l’objectif à 2017. Baisse des dépenses publiques, gel des dotations aux collectivités locales, suppression de deux postes de fonctionnaires partant à la retraite sur trois dans les ministères « non prioritaires » (c’est-à-dire hors Éducation, Intérieur et Justice). Droite ou gauche, les 3 % seront respectés. Les gouvernements bourgeois qui nous gouvernent ne sont pas naïfs. Ils savent à quoi s’en tenir par rapport à des chiffres soit-disant « en or ». Les seuls chiffres qui les dirigent vraiment, ce sont ceux des taux de profit. Pour nous, ils deviennent ceux du chômage, de la précarité, de la misère. Leurs chiffres servent à camoufler l’exploitation sous des airs scientifiques « neutres ».

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