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La compétitivité

Partisan N°261 - Décembre 2012

La compétitivité, c’est le positionnement dans la compétition, c’est la guerre ! Le patronat et le gouvernement sont à l’offensive contre les travailleurs sur plusieurs fronts.

La flexisécurité

Les négociations nationales et de boites autour de la flexisécurité, pour la main d’œuvre la plus souple possible sur les contrats de travail. Après PSA/Sevelnord en juillet, Renault fait le chantage aux fermetures de site en Europe en échange de l’acceptation de flexibilité. L’accord espagnol acte une augmentation du temps de travail annuel de trois journées et la mise en place d’un roulement pour produire 7 jours sur 7 dans n’importe quel site espagnol du groupe. L’accord prévoit également la baisse de 10% des primes de nuit. Renault espère un accord similaire en France pour début 2013.

La remise en cause des 35h

Le Medef en fait un cheval de bataille idéologique, et veut supprimer la durée légale au profit d’accords d’entreprise. Cependant, le patronat reste divisé et s’accommode des 35h car il a obtenu l’annualisation du temps de travail. Celle-ci leur permet de réduire le volant des heures supplémentaires en modulant le temps de travail annuel, avec des pointes à 40 heures, voire 44, et des creux à 25, et une moyenne à 35 heures.
D’ailleurs, la durée hebdomadaire habituelle effective du travail était de 41 heures en 2011 pour un temps plein (source Insee). Le PS ne veut politiquement pas y toucher pour le moment, malgré une sortie de Manuel Valls proposait de remonter le temps de travail à 37 ou 39h.

Le rapport Gallois (ex-patron d’EADS)

22 propositions, dont les principales sont :
- Allégement de charges par crédit d’impôt et transfert vers la TVA et CSG pour compenser : 30 milliards proposés, 20 adoptés, Laurence Parisot applaudit.
Intégrer des représentants salariés aux Conseils d’Administration des grandes entreprises ; pour toujours plus de cogestion.
- Renforcement du chômage partiel
- Le soutien à l’innovation comme remède de compétitivité « socialement » neutre
- Les mesures favorables à l’exploitation du gaz de schiste

Le coût du travail

Le patronat martèle que le coût du travail est la source de tous les problèmes, même économiquement, c’est un faux argument. Le coût du travail en France baisse de 0,5 % par an de 1996 à 2008 (source Attac). Des pays où le coût du travail est beaucoup plus faible (Grèce, Portugal) traversent pourtant une crise profonde, et le coût du travail en Allemagne, pourtant citée en exemple, est similaire à la France pour
l’industrie.
« Le problème c’est le coût du capital » (FdG, Attac) : Les profits, disent-ils, vont de plus en plus aux actionnaires, en particulier ces 10 dernières années, c’est autant qui n’est pas investi dans l’innovation. Cela amène Attac d’un côté, à vouloir « en finir avec la compétitivité » par l’innovation technique, la « décroissance verte ». Attac dénonce la pression des grands groupes qui écrasent les PME par le biais de la sous-traitance. Au fond, Attac propose une alliance de classes avec les petits patrons qui porteraient la ré-industrialisation du pays contre les grands
groupes « vendus » à la finance.
D’un autre côté, le Parti de Gauche propose un contre-budget de « pour mieux répartir la fabuleuse richesse créée par le travail des salariés », reposant sur des nationalisations (énergie), la suppression de niches fiscales, l’investissement public pour les grands travaux écologiques et la relance par la hausse des salaires (smic à 1700 euros). En apparence c’est attractif mais la crise n’a pas l’air d’exister (simplement une mauvaise gestion), pas plus que l’impérialisme ni la guerre économique, rien sur l’exploitation et les conditions de travail dont est issue cette fabuleuse richesse. Ils oblitèrent également que le pouvoir est dans l’économie et pas à l’Assemblée Nationale.

ET NOUS ? QUE DISONS-NOUS ?
La crise existe bel et bien. Dans la guerre économique, l’impérialisme français résiste relativement à l’échelle mondiale mais moins à l’intérieur de la zone euro, où il perd du terrain au profit de l’Allemagne, et des nouveaux pays européens de l’Est. Dans ce contexte, accepter un pacte de compétitivité, c’est nous enchaîner aux patrons dans la guerre économique ! Et Gallois ne s’y trompe pas quand il dit : « Je crois que nous avons besoin d’une véritable mobilisation et, je ne crains pas de le dire, d’un véritable patriotisme. »
La lutte pour l’emploi pour qu’elle soit victorieuse est une lutte révolutionnaire de toute la classe. Le chômage n’est une fatalité que dans le système capitaliste. Notre horizon c’est la construction du parti pour la prise du pouvoir. Et dans l’immédiat et au quotidien, notre première arme est la solidarité populaire et prolétarienne, pour porter de façon indépendante nos intérêts de classe, contre les logiques de la nation et de l’entreprise. Cette solidarité c’est déjà beaucoup plus que ce que concède la bourgeoisie ou que les hypothétiques promesses des réformistes. Mais elle ne peut exister que dans la réalité de notre activité militante, et pas dans les discours.

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