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Opportunisme

Partisan N°262 - Février 2013

Le marxisme, c’est pas sorcier

Origine du mot

Le mot opportun apparaît en français en 1355. Dérivé du latin « opportunus », composé de « ob », vers, et de « portus », le port. C’est un terme de marin, et bien sûr de marine à voile. Le vent opportun est celui qui pousse vers le port. En se généralisant (en étant utilisé à terre !), opportun signifie favorable, qui tombe à pic.
Opportuniste : celui qui saisit les occasions favorables, et, dans un sens péjoratif, celui qui n’est guidé que par son intérêt égoïste.

Signification

La dénonciation de ceux qui ne sont socialistes ou communistes que pour être portés par le vent du prolétariat, est présente chez Marx. Par exemple dansle chapitre III du Manifeste, sur le socialisme réactionnaire : « En guise de drapeau, ces messieurs arboraient la besace du prolétaire afin de rassembler le peuple derrière eux. »
Mais c’est à la fin du XIXe, avec Engels puis Rosa Luxembourg et Lénine, que le mot opportunisme devient courant, désignant une tendance du mouvement ouvrier lui-même, la tendance à s’en tenir aux luttes immédiates. « Cet oubli des grandes considérations essentielles devant les intérêts passagers du jour, cette course aux succès éphémères et la lutte qui se libre autour, sans se préoccuper des conséquences ultérieures, cet abandon de l’avenir du mouvement que l’on sacrifie au présent, tout cela a peut-être des mobiles honnêtes. Mais cela est et reste de l’opportunisme » (Engels, Critique du programme d’Erfurt, 1891).
Lénine y voit l’influence de l’opportunisme petit-bourgeois, puis celui de l’aristocratie et de la bureaucratie ouvrières. « Dans tous les pays capitalistes, le prolétariat est inévitablement relié à son voisin de droite, la petite-bourgeoisie, par des milliers de degrés transitoires. Dans tous les partis ouvriers, il ne peut manquer de se former une aile droite plus ou moins nettement dessinée qui, dans ses conceptions, dans sa tactique, dans sa « ligne » d’organisation, représente les tendances de l’opportunisme petit-bourgeois » (Lénine, tome 13, page 115). « Le social-chauvinisme [de 1914], c’est l’opportunisme mûri au point que cet abcès bourgeois ne peut plus continuer à subsister comme autrefois au sein des partis socialistes » (tome 21, page 250).

Les mots qui servent à camoufler

Camoufler une notion, c’est d’abord l’ignorer. Même l’usage, dans le mouvement marxiste-léniniste, du mot à peu près équivalent de « révisionnisme », est en partie regrettable, car il renvoie à des références plus théoriques que politiques. Chez les trotskistes, on connaît cette tradition qui consiste à légitimer l’existence d’une fraction constituée de droite. Enfin, la défense de l’opportunisme s’appuie sur le danger des déviations opposées, tout aussi petites-bourgeoises, que sont le gauchisme et l’anarchisme, la décision de faire la révolution tout de suite, le refus de se mêler des luttes pour les réformes, d’adhérer aux syndicats existants, le refus de faire des alliances et des compromis.

Pour en savoir plus

Lénine, La faillite de la IIe Internationale, tome 21.
Dictionnaire critique du marxisme, Labica-Bensussan.
Plate-forme politique de VP, cahier 1, §340, « La classe ouvrière est-elle
embourgeoisée ? » ; cahier 3, §533, « Les alliances autour de la classe ouvrière » ; §560, « Combats partiels et lutte pour la révolution » ; cahier 4, §731, « Contre la logique des combats partiels ».

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