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PSA Aulnay : La grève, une rupture !
Partisan N°263 - Mars 2013
16 février. La grève se poursuit, portée par détermination de plusieurs centaines de grévistes. Elle est certes minoritaire, mais bénéficie de la sympathie d’une majorité de travailleurs, qui la soutiennent d’une façon ou d’une autre.
Notre organisation intervient sur PSA et nous avons discuté de la rupture que constituait cette grève : Elle rompt avec le fatalisme. En quoi ? Les banderoles affirment toujours « Non à la fermeture de PSA Aulnay », mais les grévistes le savent très bien : la fermeture ne peut pas être empêchée par la lutte d’une usine seule. Avec VP, nous avons toujours affirmé qu’il faudrait une lutte régionale, au niveau du groupe, une lutte politique – pas seulement pour s’opposer au plan de PSA.
Pour nous, le recul du fatalisme s’exprime alors essentiellement dans la volonté des travailleurs de s’opposer au mépris et aux mensonges de la direction. Il s’affirme dans la fierté ouvrière, le refus d’être des pions, dans la haine de la maîtrise chassée des ateliers, dans la paralysie de l’usine d’où ne sort plus de voiture. Le recul du fatalisme est l’expression politique par les travailleurs de leurs intérêts propres, de la perte de certaines illusions entretenues par la bourgeoisie. Parmi ces illusions perdues, il y a en premier leurs attentes passées vis-à-vis de Hollande et de son gouvernement. Les travailleurs n’en attendent plus rien, conscients qu’ils ne peuvent compter que sur leurs propres forces et celle de tous les travailleurs solidaires. Restent évidemment encore bien des illusions sur les solutions » et l’alternative. Illusions que cultivent les organisations du Front de gauche ou les trotskistes, qui attendent que l’Etat bourgeois mettent au pas les « licencieurs » par une loi.
Dans les mois qui ont précédé la grève, par le biais du bulletin « Plein Phare », rédigé avec des ouvriers de l’usine, nous sommes intervenus dans les débats qui agitaient les ateliers. Les prises de position du bulletin sur les enjeux de la lutte et sur ses objectifs, ont eu un bon écho. Nous avons contribué à y voir clair. Au cours de la grève nous avons organisé la solidarité, en la faisant connaître et en la soutenant moralement et financièrement. La solidarité financière, faite directement par VP, par exemple sur des marchés, ou impulsée par nos militants dans leurs syndicats, était un appui concret à la lutte, mais surtout un appui politique. Nous avons pu vérifier à ces occasions que s’exprimait fortement la conscience des intérêts communs entre tous les travailleurs-ses ou les chômeurs-ses : le chômage est un problème général ! De plus en plus, le capitalisme et ses politiciens sont accusés !
La forte tension autour des enjeux de la lutte, les sanctions de la direction, les difficultés pour les grévistes à concilier la consolidation de la grève à l’intérieur de l’usine et la participation à des actions communes avec d’autres travailleurs frappés par des licenciements, demande beaucoup de forces des ouvriers – c’est la guerre ! Mais les ouvriers font une multitude d’expériences : avec l’appareil d’Etat, les syndicats, la violence, la solidarité, etc, etc. Ces expériences sont une bonne base pour y voir plus clair sur les perspectives politiques à plus long terme dans la lutte contre le capitalisme, sur le pouvoir ouvrier et le socialisme, comme sur l’exigence de « Travailler tous, moins, autrement ». Pendant et surtout après la grève, il s’agit de tirer toutes ces conclusions et de renforcer et de s’organiser à VP.
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